16 juillet 2007

Professeur Leroux

Michel Leroux - Professeur Leroux comme il aime à se faire appeler - vient de publier un livre, un recueil de pamphlets souvent vénimeux, mais toujours très intelligents contre les dérives de l'éducation nationale en général et de l'enseignement des lettres en particulier.

Humaniste, démocrate, rationaliste, Michel est tout cela. Il est surtout, comme je le suis moi-même, convaincu que la littérature est une école de vie et que son enseignement contribue à l'humanisation des individus. Très attentif à tout ce qui peut se publier sur le sujet et lecteur attentif des instructions officielles, il est très inquiet du devenir des lettres et, par conséquent, extrêmement vindicatif à l'encontre de ceux qu'il considère comme responsables de la dégradation de cet enseignement.
Vous aurez sans doute bien du mal à ne pas vous laisser convaincre par ce fin débatteur. Cela fait des années que j'essaye de lui résister et d'opposer à son pessimisme, ma confiance dans le bon sens de la plupart des enseignants qui ne jettent sur les instructions officielles qu'un regard distrait et n'accordent pas grand crédit aux propos des inspecteurs et autres rédacteurs de manuels qui ont depuis longtemps déserté les salles de classes (et quitté le front dirait Michel ! ). C'est de toute façon dans les classes, au jour le jour, que s'invente la pédagogie.

Et s'il ne tenait qu'à moi... il est certain que j'augmenterais le nombre d'heures consacrées à l'enseignement du français à l'école, au collège comme au lycée car la littérature, plus qu'une autre discipline a besoin de temps. Il faut parfois pas mal de tours et de détours pour amener un adolescent à la lecture, mais la tâche n'est pas impossible. Et pour gagner du temps et des heures, je n'hésiterai pas à ... supprimer les cours de latin et de grec. Oooops, c'est dit. Et j'en connais qui s'étranglent.
Pas de quoi pourtant ! Il est vrai que dans l'emploi du temps d'un professeur de lettres, les heures de latin ou de grec avec une poignée d'élèves (une quinzaine ? une demi-douzaine ? parfois encore moins ? ) et très peu de corrections, sont des heures faciles. Mais pendant ce temps le cours, le vrai, celui qui n'est pas optionnel, à 25, 30, 39 élèves ? Et les 39 dissertations à corriger contre 5 ou 6 micro versions ? Sans compter que la vraie démocratie à mes yeux c'est du grec et du latin pour tout le monde ou pour personne. Voilà, le pavé est dans la marre et je ne suis pas ministre. Tant pis ? Tant mieux ! Parce qu'avec une proposition pareille, je suis sûre d'avoir un préavis de grève dans les 24 heures. Parents et professeurs tous d'accord pour une fois !
Assez de provoc ! Et, au lieu de m'envoyer une volée de bois vert, allez chercher le livre de Michel (il est publié aux éditions de Fallois ) et on en reparlera.

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