17 mai 2008

Château d'Aubiry

Le plus grand plaisir du voyage ce n'est pas de se trouver devant un monument répertorié depuis l'éternité dans tous les guides, ni la Pyramide de Kheops, ni même le Taj Mahal - bien que ces deux là, à vrai dire, je ne les ai pas encore vus ! - mais c'est de se trouver par hasard devant un lieu inconnu qui pour des raisons sans doute très personnelles mais pas très claires, vous émerveille.

J'aime, il aime, nous aimons les bâtiments désaffecté. Pas les vraie ruines, les sites archéologiques. Non, plutôt les vieilles maisons abandonnées à l'architecture parfois très banale, les bâtiments industriels délaissés pour cause de vétusté, les constructions à l'affectation incertaine, à demi dissimulées par la végétation qui s'est emparée de leurs murs; le vent, la pluie les a délavées, le temps les a rongées.

La raison de cette fascination ? je n'en sais trop rien et ne me suis pas vraiment posé la question.
Un plaisir esthétique d'abord.
Peut-être aussi une réminiscence, quelques vers du grand poème de Villon

[...]
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.

Desséchés et noircis, mais de beaux restes quand même !

Mais je crois surtout que ces vieux bâtiments qui, malgré leur abandon gardent quelque chose de leur grandeur passée, mettent en branle mon imagination. Comme le flic sur le lieu d'un crime, comme l'archéogue dans la poussière des siècles, je tourne autour, observe, photographie, rétablit, reconstitue, et surtout, surtout INVENTE, IMAGINE ! J'ai le décor, reste à tourner le film.

Sur la route entre Ceret et Amélie les Bains, mon regard soudain se pose sur la silhouette d'un château, un peu biscornu.
C'est d'abord un clocheton, dans le bleu du ciel; ce pourrait être un minaret...


Mais l'ensemble est vaguement Renaissant, italianisant, avec de toit en toit, d'aériennes passerelles métalliques et cette étrange batterie de cheminées comme les tuyaux d'un orgue...
Trop d'ornementation, trop de métal, les volets ... un pare-soleil très art-nouveau ... cela sent son XIXe plutôt.


Pierre blanche, toit d'ardoise ... et au premier plan, on devine le toit d'une autre construction toute de métal et de verre : une serre.


En fait, il y en a trois à l'arrière du château. Toutes dans le même état. Métal rouillé, échelles tordues, vitrage éclaté. Mais quelles splendeurs !




Comme le château est sévérement gardé : grillages, barbelés, chiens... il est difficile d'approcher et nous tournons autour, à la recherche de la meilleure perspective, du meilleur angle.
Le téléobjectif fait son travail, nous montre ce que l'oeil discerne à peine.




Il parvient même à se glisser - virtuellement - à l'intérieur des bâtiments ...


Rotondes, arondis, volutes, rosaces : cette architecture n'est que courbes, transparences et reflets.


Une palme par dessu le toit ...

Quand tout est poésie comme voulez-vous que le coeur n'exulte pas.

1 commentaire:

A. N. O'nyme a dit…

Et pour voir l'intérieur du château avant démantèlement :
http://gerardbarray.fr/filmo/DoniolV59/index.htm

On note la présence d'un VRAI orgue en ces temps là...