28 février 2009

Ranger sa bibliothèque

Vider sa bibliothèque pour cause de travaux, cela n'est rien. Mais la ranger lorsque les travaux sont finis, c 'est toute une affaire ! Un vrai casse-tête ...

Il faut d'abord "désherber". Eliminer, ne serait-ce que pour faire de la place aux nouveaux qui, empilés dans un coin, attendent impatiemment que je leur trouve une place sur les étagères.

Tiens, Dialogues de bêtes de Colette... je n'ai jamais beaucoup aimé Colette, trop sirupeux, et même un peu niaiseux. Pas d'hésitation, le voilà prêt à partir... mais, un scrupule soudain... j'ai bien quelque ami, ami des bêtes, que le livre, éventuellement, amuserait ... Donner plutôt qu'éliminer ? Cadeau empoisonné peut-être puisque le volume ira encombrer une autre bibliothèque. Et bien, on verra plus tard....
Garder un Jacques le fataliste en poche alors que j'ai, au fond d'un autre carton, un autre exemplaire broché, peut-être même relié ? ... oui mais, ce Jacques là est surligné et annoté, vestiges de lectures antérieures.... Et ce Balzac tout amoché ? ... oui mais avec une préface d'un universitaire côté. Bon, c'est décidé, les classiques je les garde sans me poser de question. Je serai plus sévère pour les modernes !
Cameron ? Tiens j'ai oublié. Un écrivain américain qui ne m'a pas vraiment marqué : je jette ! A moins que... je devrais peut-être le relire puisque je ne m'en souviens plus...
Ah ! Coccioli, Manuel le mexicain... je ne m'en souviens pas du tout non plus, mais je me rappelle que je l'ai lu en 1969 quand je suis partie au Mexique avec J. et A. Deux mois à faire du stop sur les routes du Mexique et du Guatemala avec un budget qui se réduisait au fur et à mesure des dévaluations du franc... J'avais adoré le roman de Coccioli ! Même si je ne le relis pas, il restera sur mes étagères, en souvenir de cet été là!
Décidément, il n'est pas si facile de se débarrasser de ses vieux livres.
Tant pis ! Si je serre encore un peu, j'arriverai bien à en glisser un ou deux de plus !

L'ordre alphabétique adopté pour ranger ma bibliothèque provoque parfois des rencontres surprenantes : Césaire et Chamoiseau sur le même étagère, cela va de soi; Dos Passos à côté de Dostoïevsky, pourquoi pas ? Américain ou Russe, peu importe du moment que ce sont de bons écrivains. Dostoïevsky il est vrai je ne l'ai pas beaucoup lu : l'exemplaire de L'Idiot est presque intact, trop gros sans doute, je me suis découragée à l'avance, mais l'essentiel est qu'il soit là, à ma disposition. Camus et Céline ? la proximité est presque gènante. Difficile d'imaginer la possibilité d'un dialogue entre celui qui incarne mieux que personne l'humanisme et, de l'autre côté, le raciste, antisémite, auteur des plus ignobles pamphlets publiés entre 36 et 38 ! Les textes lumineux de Noces à côté du très sombre Voyage au bout de la nuit ! Malaise.

Ainsi en va-t-il du rangement de ma bibliothèque, côté Poches. J'ai commencé avec Jorge Amado. Je suis arrivée à D comme Dubois. Avant d'arriver à Stephan Zweig, il y a encore du chemin à faire !

26 février 2009

Tony Hillerman

Quand la vie me paraît un peu amère, j'aime bien me tourner vers les romans policiers, des romans noirs et passablement désespérés. J'aime bien retrouver des auteurs dont l'univers m'est depuis longtemps familier si bien que j'ai l'impression d'évoluer en territoire connu auprès de personnages dont je connais déjà les fêlures.

Lire un roman de Tony Hillerman, c'est se retrouver immédiatement dans cette région des Etats-Unis que l'on appelle Four corners parce qu'elle est située à la jonction de quatre états : Nouveau Mexique, Colorado, Utah et Arizona; c'est se déplacer dans des paysages arides, faits de grands plateaux, de falaises, d'arroyos. Dans ces territoires indiens, meurtres et délits relèvent de la police tribale et pour Joe Leaphorn comme pour son assistant Jim Chee leur connaissance des cultures hopi ou navajo est un atout indispensable pour résoudre les très complexes affaires qui leur sont soumises.
Intrigues policières bien menées, personnages bien typés, paysages grandioses, Tony Hillerman est depuis longtemps passé maître dans le dosage du polar ethnique et jamais je n'ai été déçue.
Il est mort hélas l'an passé; il avait eu le temps de mettre Joe Leaphorn à la retraite sans pour autant le retirer des enquêtes, de marier Jim et Bernie et de les installer dans la vieille caravane de Jim...

Que deviendront ces personnages maintenant que leur auteur les a lâchés ?
Que deviendrai-je sans un nouveau Hillerman à lire un jour de cafard ?
Et bien je relirai les anciens ! Il doit bien y en avoir une douzaine sur mes étagères !
Par lequel commencer ? Difficile à dire puisqu'ils sont tous bons.
La voie de l'ennemi, Le Vent qui gémit, Le Peuple de l'ombre, Le Voleur de temps, Porteurs-de-peau, Coyotte attend, Femme qui écoute ....

20 février 2009

Empruntés à Apollinaire ...

... ces quelques vers :

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

12 février 2009

Dimitri

Dimitri est mort sur une route du Kansas, renversé par un chauffard. Il poussait une voiture en panne. Il faisait nuit. Il avait 23 ans.
Dimitri est mort et c'est insupportable.
Il venait de m'envoyer un mail. Il préparait un MBA à KU et avait décidé de rester aux Etats-Unis, le temps de trouver un premier boulot. Il se posait beaucoup de questions sur ses capacités à faire sa place dans ce milieu du business.
Il ne s'en posera plus et c'est intolérable.

Dimitri était l'un de mes étudiants préférés. Ce n'était ni le plus brillant, ni le plus ambitieux, ni le plus travailleur, mais c'était le plus attachant. Pas vraiment rebelle, mais inquiet du sens qu'il allait donner à sa vie. Impertinent sans jamais être insolent.
J'aimais le regard ironique qu'il portait sur toute chose, la distance qu'il gardait entre lui et le monde et qui lui permettait de n'être dupe de rien. J'aimais son esprit critique. J'aimais nos échanges informelles, et la chronique qu'il tenait de ses "aventures " à Vienne, à Paris ou à Lawrence...

Je ne les lirai plus; je ne l'entendrai plus.
Dimitri est mort et ma peine est immense.

05 février 2009

Sylvie Germain

C'est étrange que je n'aie pas encore parlé de Sylvie Germain dans ce blog.

Il est vrai qu'en général je n'aime pas beaucoup la littérature française contemporaine, à la fois trop narcissique et trop maniérée. Moi, moi, moi ! Il n'y est souvent question que de soi (avec toutes les variantes familiales et amoureuses possibles) alors que j'aimerais qu'on me parle du monde, de ce que je ne connais pas.

Sylvie Germain fait exception à la règle. Elle est suffisamment discrète et modeste pour ne pas s'afficher en permanence dans les médias et elle a suffisamment de talent pour trouver ses lecteurs même sans campagne de promotion.
Ouvrir l'un de ses livres c'est partir pour un ailleurs que l'on ne connaît pas, un ailleurs qui n'a rien d'exotique mais qui est, tout simplement, celui de l'âme humaine, celui d'individus en souffrance qui tentent de vivre malgré tout et s'acheminent lentement vers la résilience.

Le dernier roman de Sylvie Germain que j'ai lu, Magnus, raconte l'histoire d'un enfant qui ne garde de son passé aucun souvenir, pas même celui d'un langage, et qui doit pourtant tenter de se reconstruire, de retrouver les traces de ce passé que d'autres ont essayé d'effacer. Qui suis-je ? D'où est ce que je viens ? Comment suis-je devenu ce que je suis ?
Les questions que se pose Magnus, le personnage principal de ce roman, sont celles que chacun se pose et c'est parce que Sylvie Germain, atteint l'universel que ses écrits nous touchent.

Jours de colère, L'Enfant méduse, Tobie des Marais, Le Livre des nuits, La Pleurante des rues de Prague ... et beaucoup d' autres titres.
Les romans de Sylvie Germain sont toujours un peu mystérieux, parfois même un peu mystiques. Ils sont forts, audacieux, sans concession. Je ne les ai pas tous lus, et c'est tant mieux parce , comme cela, qu'il m'en reste encore quelques-uns à découvrir.

04 février 2009

Beijing coma

C'est vraiment un gros pavé, un très gros pavé : 632 pages ! mais pas de ceux que l'on utilise pour tenir sa serviette sur la plage !

Pour se lancer dans la lecture de Beijing Coma, le quatrième roman de Ma Jian publié en France, il faut avoir du temps et puis l'envie de mieux comprendre ce qui s'est exactement passé à Tiananmen en 1989. Car c'est de cela qu'il s'agit.


Le parti pris de faire raconter les événements à la première personne par un des membres actifs du mouvement dans le coma depuis 10 ans est saugrenu, un peu morbide mais efficace.
Dai Wei n'avait guère plus de 17 ans quand il a reçu une balle dans la tête pourtant il garde une mémoire précise de tout ce qu'il a vécu ce printemps-là; il se souvient aussi des années qui ont précédé Tiananmen : il sait ce que son père a vécu d'humiliations et de souffrances pendant la révolution culturelle; il sait la misère et l'opprobre qui ont plombé l'existence de sa famille, même après le retour du père; il sait la honte de grandir dans la Chine des années 80 quand on est étiqueté " fils d'un ennemi du peuple..."; il sait enfin l'indigence matérielle, intellectuelle et sexuelle des étudiants mais aussi leurs rêves et leurs aspirations.

Bien que dans le coma - c'est le postulat qu'il faut admettre - Dai Wei a gardé toute sa conscience. Il est le témoin immobile de l'évolution de la Chine et d'une certaine façon de sa permanence. Vénalité, cupidité, oui mais comment faire autrement dans une Chine où les illusions maoïstes ont laissé ses habitants plus démunis que jamais, où chacun se bat pour sa propre survie. Le personnage de la mère est un condensé de toutes les ambiguïtés d'une population qui après avoir dû renoncer à ses rêves, est réduite à la précarité et soumise aux aléas idéologiques d'un gouvernement paranoïaque. Car le roman montre aussi quelle a été et quelle est toujours (?) l'ampleur de la répression après Tiananmen.

On ne lit pas ce roman pour se distraire, mais pour savoir, pour comprendre.
Ce que j'ai retenu c'est l'effervescence estudiantine, l'improvisation, le manque de préparation et surtout l'absence de réflexion idéologique. Il est vrai que le propre de toutes les révoltes est peut-être de s'enflammer comme amadou, parfois sur des prétextes futiles en apparence mais révélateurs d'un mal-être infiniment profond. Tiananmen, tel que l'histoire est racontée dans le roman, ressemble par certains côtés au mouvement du 22 Mars en France lorsque la frustration sexuelle amenait les étudiants de Nanterre à faire grève pour obtenir la mixité des dortoirs !

Ce que j'ai retenu aussi c'est l'évocation du massacre, le sang, les blessés poursuivis jusque dans les hôpitaux, à qui le régime dénie tout droit aux soins puisqu'ils ont osé le défier. J'ai retenu enfin le souci permanent des autorités d'effacer la tache, de faire comme si rien ne s'était jamais passé.

La presse occidentale a beaucoup parlé de Tiananmen, mais en Chine le sujet est tabou. De toute façon, le roman a sur la fiction l'avantage de jouer sur nos capacités d'identification, sur notre empathie et la possibilité incomparable de nous faire vivre, de l'intérieur, ce qui s'est réellement passé.
Réellement ? peut-être pas ! Car il existe toujours un écart entre la réalité et la fiction.
Mais à la façon d'un Zola évoquant les conditions de vie des mineurs dans Germinal ou à la façon de Jia Zhang Ke évoquant dans Still Life les répercussions du barrage des Trois Gorges sur la population.

Beijing Coma est un gros roman; c'est surtout un grand roman !

02 février 2009

01 février 2009

Boutons de porte et heurtoirs

Une spécialité de Malte ? Pas vraiment ! Mais on en trouve de toutes sortes.

Des très très simples sur des portes ordinaires ....

Des tout aussi simples sur des portes plus élaborées, d'un vert amande très doux ...


Parfois le heurtoir prend la forme d'un visage, une divinité peut-être...

Ou d'un animal marin, un dauphin le plus souvent, plus rarement un hippocampe ...


Il peut même arriver qu'un de ces boutons de porte serve d'autoportrait !