29 septembre 2009

Les Démineurs

Aller voir les Démineurs ...oui ? peut-être... peut-être pas...

Pas vraiment drôle le film. Plutôt brutal en fait.
Mais comment un film qui prend pour sujet la guerre d'Irak ne le serait-il pas ? Comment un film qui suit jour après jour une équipe de démineur dans les rues de Bagdad pourrait-il faire l'impasse sur les attentats, les explosions, le sang, les morts, les cadavres déchiquetés. La tension est à son comble dès les premières minutes et ne faiblit pas un instant.

Mais le principal intérêt du film est ailleurs. Il est dans cette façon de montrer la toute puissance de l'armée américaine se heurtant aux bricolages non moins meurtriers de leurs adversaires; dans cette façon de montrer comment les barrières linguistiques, culturelles provoquent malentendus, incompréhension et ressentiments. De part et d'autre.

Et puis il y a cette petite phrase, reprise sur l'affriche : "War is a drug." qui donne son véritable sens au film. Le personnage principal, présenté comme un démineur particulièrement audacieux bien que ses méthodes soient tout sauf orthodoxes et le mettent constamment en danger ainsi que son équipe, ne semble pas connaître la peur. Alors que ses compagnons vivent dans l'angoisse, le stress permanent, et comptent les jours qui les séparent de la fin de leur mission, lui prend des risques toujours plus insensés, shooté à l'adrénaline comme d'autres le sont à l'héroïne. Accro à sa drogue et incapable de s'en passer ! Si bien qu'à peine rentré et confronté aux rangées de céréales dans les travées d'un supermarché, superbe image de la vanité, il choisit de repartir vers le seul univers qui pour lui a du sens.

Le thème du soldat si bien adapté à la guerre qu'il est incapable de retourner à la vie "normale" n'est pas nouveau. Je me souviens du film de Tavernier, Capitaine Conan, héros sur les champs de bataille, alcoolique, déclassé social et meurtrier en dehors.
J'avoue néanmoins que l'image finale du film de Kathryn Bigelow m'a tout d'abord laissée perplexe. Le démineur, filmé de dos, Lonesome cowboy s'éloigant sur un ciel rougeoyant, petite musique héroïque à l'appui, c'était trop ! Comme un hymne à l'Amérique triomphante !
Oui, mais voilà : la musique est trop guillerette pour être honnête et mise en parallèle avec une autre scène, celle où un militaire s'émerveille naïvement et stupidement devant les prouesses du démineur, elle prend un autre sens et le propos de la réalisatrice paraît soudain plus ironique qu'il n' en a l'air. Non, cet homme, ce démineur qui affronte sans sourciller les pires dangers, n'est pas un héros : juste un drogué. Drogué à la guerre. Terrifiant constat !

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