17 février 2010

Le Tigre blanc

Voici un autre roman indien terriblement pessimiste. Aussi passionnant, et certainement aussi instructif que le précédent.

Le Tigre blanc est un récit à la première personne sous forme de lettres à M. Hu Jintao dont la visite officielle en Inde a été annoncée. Balram Halwai entend lui expliquer ce qu'est dans son pays le véritable esprit d'entreprise dont il est un représentant notoire. Parti de rien - c'est à dire de la misère - Balram, le fils d'un conducteur de rickshaw, à force de volonté, d'habileté et surtout d'obstination est devenu chauffeur pour une riche famille de propriétaires. Comme la voiture qu'il conduit, il appartient à ses maîtres qui ne font guère de différence entre le véhicule et son chauffeur. Que celui-ci éprouve des sentiments ne les effleure même pas ! Mais Balram est trop intelligent pour ne pas saisir sa chance quand elle survient, fût-ce au prix d'un meurtre !

Immoral dans sa conclusion, le roman laisse entendre que le meurtre d'un seul homme - pas le plus mauvais bougre au demeurant - n'est pas pire que l'indifférence des riches, des gens éduqués, des castes supérieurs, pour ceux qui se débattent dans la misère et qui s'en accommoderaient peut-être si on les traitait, au moins, en êtres humains.

Le Tigre blanc est le premier roman, caustique parfois jusqu'au cynisme, d'Arravind Adiga, un jeune romancier originaire de Madras. L'humour (noir) du récit n'est là que pour masquer l'indignation de l'auteur qui n'entend pas apitoyer son lecteur sur le sort de ses personnages. Pas de commisération, de la colère plutôt.

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