19 août 2010

Les Moissons du ciel

L'été est la saison pauvre du cinéma; il faut apprendre à se contenter de peu ou se consoler avec des DVD, ce qui vous l'avouerez, n'est pas tout à fait la même chose !
Mais il y a les reprises ! Et parmi elles Les Saisons du ciel de Terence Malick. Un vrai bonheur ! Bien qu'à vrai dire, je ne sois pas tout à fait convaincue que cela soit un chef d'oeuvre, mais a-t-on toujours besoin d'un chef d'oeuvre pour se faire plaisir au cinéma ?

Avec Richard Gere, Sam Shepard et Brook Adams à l'affiche, il serait de toute façon malvenu de se plaindre. Et le sujet, une histoire un peu sordide (une jeune femme est poussée par son amant dans les bras d'un jeune, riche et beau fermier) est par certains aspects très romantique (la jeune femme ne tombe-t-elle pas amoureuse du beau et riche fermier ? à moins que son coeur ne balance entre le voyou sans scrupules - un pléonasme - et celui qui est tombé fou amoureux d'elle ? ) Bref, un joli mélo sur ciel rougeoyant.

Ciel rougeoyant ? Coucher de soleil romantique ? Non, non ! Le rouge est celui de l'incendie qui ravage les champs après le passage d'un nuage de sauterelle qui n'a de tout façon rien laissé derrière lui. En effet, la dimension sociale du film n'est pas son moindre intérêt. Car la fortune du fermier dépend en grande partie des "hoboes", ces travailleurs manuels, libres et itinérants qui, bien avant la grande dépression voyageait clandestinement sur les trains de marchandises pour se faire embaucher au moment des récoltes et des moissons. Précaires, mais libres ! Enfin, jusqu'à un certain point...

Le film de Malick met en scène un Amérique qui n'existe plus, une Amérique rurale, celle des grands espaces marqués par la succession des travaux agricole plus encore que par l'alternance des saisons. Ah, les immenses champs de blés ondulant au gré du vent, les ciels infinis où courent les nuages, les changements incessants de lumière.... sur lesquels la caméra s'attarde avec une certaine complaisance. C'est en effet à Nestor Almendros et son assistant Haskell Wexler que l'on doit la qualité de la photo qui fait oublier le montage un peu chaotique, les ellipses pas toujours compréhensibles, les raccords inattendus.

Beauté de la photo, des couleurs; beauté des paysages, des visages. Est-ce l'objet photographié ou la qualité de la photo qui en fait une oeuvre d'art ? Je ne sais pas, mais je me suis régalée.

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