30 octobre 2010

Route, rougeoyant, rougissant ...

Hier, tout n'était que brume et grisaille.
Paysage verlainien.
Aujourd'hui le ciel rougeoie, les nuages se colorent de rose.
Paysage holywoodien ?
Lequel a ma préférence ?



29 octobre 2010

Paysage fantomatique

Etranges effets de brume et de lumière derrière ma vitre. On se croirait presque dans une peinture chinoise...


28 octobre 2010

Truth or consequences, Chloride and Winston

Invraisemblable. Inconcevable. Imprononçable .
Et pourtant c'est la vérité. Il y a bien, sur la I 25, à trois heures de route au Sud de Santa Fe, une petite ville qui s'appelle Truth or Consequences ! Un nom qu'elle a emprunté en 1950 à une émission de radio alors très populaire. Son nom d'origine ? Hot Springs , nettement plus commun ! Et, heureusement, il n'est pas nécessaire de prononcer le nom complet : "T or C" suffit !

De T or C je retiendrai sa Sierra Grande Lodge and Spa, un hôtel à l'ancienne et un personnel aux petits soins pour ses clients. Notre chambre donnait sur un "rock garden", ravissant, mais qui ne donnait pas franchement envie de passer par la fenêtre.
Le deuxième atout de T or C est le peintre et graveur Joe H. Waldrum dont les oeuvres sont exposées à l'hôtel ainsi qu'à la galerie Rio Bravo dont le seul nom suffit a réveiller la mémoire de tout amateur de westerns.



Avant d'arriver à T or C, un détour nous a permis de découvrir Winston et Chloride (!), deux petite villes minières, qui ont connu à la fin du XIXe siècle une décennie de prospérité avant d'être peu à peu abandonnées : le plus étonnant est qu'il subsiste encore quelques bâtiments et que tous les habitants n'aient pas déserté.
Chloride est officiellement classée "ghost town"; à vrai dire il ne reste pas grand chose, quelques baraques plus ou moins retapées pour attirer les touristes. Pour le reste, c'est à l'imagination d'y suppléer ...

Un panneau toutefois attire notre attention : St Cloud mine ! Le nom est suffisamment prometteur pour que nous nous engagions sans hésiter sur une route non pavée, espérant trouver monts et merveilles. Ni or ni argent, mais de la zéolite, dont j'ai surtout retenu qu'elle servait à faire de la litière pour les chats et du substrat pour les bonzaïs !

Winston n'est pas tout à fait une ville fantôme et les habitants réunis autour d'un BBQ, à côté du "General store" étaient de vrais ranchers d'aujourd'hui, plus souvent au volant d'un pick up ou d'un gros camion de transport de bétail que sur le dos d'un cheval. Quelques maisons éparpillées le long de la route, quelques mobile homes pour compléter, une école et ... un vieux bus abandonné au milieu des herbes. Image même de la déliquescence.


Cette Amérique-là n'est pas une Amérique fantôme, loin de là. Ce n'est pas non plus l'Amérique mythique qui a fait rêver tant de générations. C'est une Amérique très ordinaire, pauvre sans doute, pas très éduquée, qui fait 300 ou 400 km dans la journée au volant d'un gros camion pour aller vendre quelques têtes de bétail et autant de km au retour. Trop tard pour acheter du pain au General store qui vient de fermer parce qu'il est 6 heures tout juste. Elle porte Santiags et Stetson, non par coquetterie mais parce que c'est pratique. Ou un vieux T-shirt aux couleurs du drapeau, pas par nationalisme, mais parce que c'est amusant.









Ce n'est ni l'Amérique d'Obama, ni celle des Tea parties, juste une Amérique ordinaire. Ce n'est pas une Amérique urbaine, intellectuelle et sophistiquée, juste une Amérique ordinaire.
Une Amérique qui salue son voisin aussi bien que l'étranger de passage, qui s'arrête au bord de la route pour proposer son aide.
Non, non, vous étiez juste sorti pour prendre une photo !
C'est une Amérique que j'aime bien.

Pour en savoir plus sur Chloride et Winston, deux sites parmi beaucoup d'autres consacrés aux villes fantômes.
http://www.ghosttowns.com/states/nm/chloride.html
http://www.rozylowicz.com/retirement/chloride/chloride.html

27 octobre 2010

Barbara Bowles

Jusqu'à n'être plus que formes, couleurs, matières dans l'objectif de la caméra ....

Je ne suis pas la seule à être fascinés par ces vieilles carrosserie et à Santa Fe nous avons même rencontré une photographe qui a ouvert galerie à deux pas de la cathédrale et prépare la publication d'un livre sur le sujet.
En attendant, et si votre chemin ne passe pas par Santa Fe, allez voir son site : elle s'appelle Barabara Bowles. J'aime beaucoup ce qu'elle fait.

La vieille Packard, le beau Studebaker

Laquelle ou lequel préférez vous ?
La vieille Packard d'hier ?


Ou le beau Studebaker d'aujourd'hui, photographié sous toutes ses coutures ?




Pour ma part je n'ai pas de préférence; je les aime toutes ces vieilles chignoles, en gros et en détail !


Elles peuvent à l'occasion prendre un aspect menaçant, un air presque carnassier... Mais le plus souvent elles paraissent si démunies !


Jusqu'à n'être plus que formes, couleurs, matières... dans l'objectif de la caméra.

26 octobre 2010

Gaz museum


Voilà certainement le musée le plus inattendu que l'on puisse imaginer. Enfin, quand on dit musée, c'est peut-être aller vite en besogne. Le musée de l'essence (Gaz museum) sur lequel on est tombé aux abords d'Embudo est un invraisemblable amas d'objets hétéroclites, abandonnés là dans le plus grand désordre, mais tous liés d'une façon ou d'une autre .... à l'essence.


















On y trouve aussi bien des panneaux routiers, des plaques émaillées, des néons, de vieux bidons, autant de publicités pour les marques pétrolières.

Au milieu de ce capharnaüm quelques belles carcasses de voiture.... de celles qui fascinent parce qu'on leur imagine un passé de gloire et de splendeur, alors même que la rouille les ronge depuis longtemps?













De quand date ce vieux pick-up ? Est-il assez vieux pour avoir accompagé le long voyage des Okies vers le vert paradis californien ? N'a-t-il pas plutôt servi à transporter le whisky frelaté de quelque bootlegger ? A moins encore qu'il n'ai été utilisé pour le braquage d'une banque, par ... Bonny et Clyde ?
Il suffit de quelques bouts de tôles pour réveiller toute la mythologie américaine, mythologie essentiellement cinématographique.


Le soir tombait quand nous sommes passés. La lumière était glauque, en parfait accord avec la vieille Packard qui trônait devant la vieille baraque.


Ce "gaz museum" tient en réalité plus du junk yard ou de la casse. Les objets ne sont ni restaurés, ni même entretenus et leur disposition ne correspond à aucun impératif ni chronologique, ni esthétique et certainement pas museologique ! D'ailleurs le propriétaire des lieux aux allures de vieil hippy ne se soucie même pas de faire payer un droit d'entrée. Il ouvre son portail quand ça lui chante, répond aux questions d'un air bougon... mais nous a gentiment invités a entrer dans son antre, où les néons brûlaient de tous leurs feux !

25 octobre 2010

Taos Pueblo

Taos Pueblo est un village Hopi, à quelques miles seulement de Taos. Mais n'y entre pas qui veut. C'est un territoire à part, qui obéit à d'autres lois que les lois américaines. Les Réserves indiennes sont des lieux où s'exerce la souveraineté tribale et si décision a été prise de ne pas ouvrir le territoire aux touristes ce jour-là, le touriste n'a besoin de savoir qu'une chose, c'est que, quel que soit son désir de revoir un lieu si particulier, il n'entrera pas !
Je n'ai donc pas pu revoir Taos Pueblo et suis repartie vers Santa Fe bien déçue !


Pas simple la question des Réserves indiennes, ni au passé (confiscation des territoires au profit des Blancs, établissement des réserves sur des terres ne correspondant pas toujours à l'histoire d'une tribu, confinement des tribus dans des territoires limités et sans ressources etc.) ni au présent (l'administration des Réserves dépend à la fois du gouvernement fédéral, des lois propres à chaque état et de la gestion tribale ). Résultat : le développement économique et l'état sanitaire des Réserves indiennes est comparables à ceux des pays en voie de développement.

Le regard du voyageur n'est ni celui d'un historien, d'un économiste ou d'un sociologue. Sa vision est nécessairement limitée et superficielle, mais il ne peut manquer de s'interroger sur les conditions de vie des Indiens dans l'Amérique d'aujourd'hui. Comment vivent-ils ? Que pensent-ils ? A quoi rêvent-ils ?
Les réponses, certaines réponses en tout cas, je les ai trouvées, comme souvent, dans la littérature et en particulier dans les livres de Sherman Alexie.

Sherman Alexie est un Indien Spokane originaire de l'Etat de Washington, qui s'est débrouillé pour poursuivre ses études secondaires hors de la Réserve où il était né. Après avoir renoncé à des études de médecine, il se tourne vers la littérature : poésie, romans, nouvelles.
Je n'ai lu jusqu'à présent qu'un seul de ses romans : Reservation blues et deux recueils de nouvelles : Dix petits indiens et Phoenix, Arizona, mais déjà se dégagent quelques constantes : écriture alerte, humour, imagination, fantaisie ... pour alléger un propos qui lui n'a rien d'allègre. La pauvreté, le dénuement matériel, l'absence d'éducation, les ravages causés par l'alcool et la drogue, Sherman Alexie décrit tout cela, mais surtout il fait comprendre combien il est difficile de se situer en tant qu' Indien dans le monde d'aujourd'hui, il fait entrevoir à quel point certains Indiens sont déchirés entre l'orgueil et la honte de leur "indianité", le besoin d'appartenance à une famille, un clan, une tribu et l'irrépressible désir de n'exister que par soi même, l'attachement aux rites, aux coutumes et la volonté de s'intégrer dans le monde de la modernité, le monde des Blancs. Etre, ne pas être Indien! Les récits de Sherman Alexie ont quelque chose de shakespearien. Ils sont parfois loufoques et déjantés, ils sont le plus souvent d'un comique doux-amer... à vrai dire plus amer que doux.

Cette amertume je l'ai également ressentie dans le travail de Torry Mendoza présenté au IAIA museum de Santa Fe. (IAIA pour Institute of American Indian Art). Torry Mendoza se revendique Indien (Mescalero Apache) et a choisi de travailler sur la façon dont les Indiens ont jusqu'à présent été représentés dans les médias, en particulier à Hollywood. Cela donne de très habiles et très féroces montages vidéos devant lesquels on ne sait trop s'il convient de s'esclaffer ou de s'horrifier. A travers cette relecture, très caustique, de vieux films s'exprime une rancoeur, un ressentiment que l'humour ne parvient pas tout à fait à transcender.

A comparer le vidéaste et l'écrivain, qui jouent un peu sur le même registre, il me semble que le premier est plus agressif, alors que Sherman Alexie joue à fond la carte de l'autodérision une forme d'humour que je croyais jusqu'à présent réservée aux Juifs.

24 octobre 2010

Sur la Route de Taos

Plus rustique, moins sophistiquée que Santa Fe, Taos reste néanmoins une destination "incontournable" pour qui voyage au Nouveau-Mexique. D'autant que la route qui y mène, traverse paysages grandioses et villages pittoresques. Ainsi la petite église de Las Truchas, solide comme un roc, un véritable fort où se réfugier en cas d'attaque.



















Lignes douces, couleurs tendres, l'adobe est décliné sous toutes ses formes, à Taos comme à Santa Fe. Le turquoise reste la couleur privilégiée pour faire chanter l'adobe ...


Un potée de géraniums ou une sculpture monumentale accueille le visiteur à la porte des galeries et des musées, presque aussi nombreux ici qu'à Santa Fe. La ville est faite pour les touristes et ne prétend pas à autre chose.



















Depuis le début du siècle, de nombreux artistes sont venus s'installer à Taos, séduits sans doute, comme je l'ai été, par la lumière jusqu'à fonder, en 1915, une Société d'Artistes, la Taos Society of Artists, destinée à stimuler et faire connaître le travail de ses membres fondateurs. Parmi lesquels Ernest L. Blumenschein dont la maison, transformée en musée se visite avec intérêt. Je ne suis pas certaine de me passionner pour le travail de ces artistes, trop figuratifs, trop régionalistes pour mon goût, mais ce qui excite ma curiosité c'est la communauté artistique qu'ils ont réussi à faire vivre pendant une bonne douzaine d'années; j'imagine les longues discussions pendant les soirées d'hiver, les histoires d'amour, les disputes ... La Société a été dissoute en 1927, mais le mouvement avait été crée et depuis Taos est resté un pôle d'attraction pour de nombreux artistes, y compris Nicolai Fechin, un émigré russe, Georgia O'Keeffe, et D.H. Lawrence, pour ne citer que les plus connus.Un passage à la La Fondation Harwood permet de se familiariser avec le milieu artistique de Taos, passé et présent.
PS. Le lien sur D.H. Lawrence , s'il fonctionne, vous emmène à un excellent article du NY Times sur D.H.Lawrence à Taos.

Toutefois les musées de Taos sont nettement moins nombreux que les boutiques qui proposent l'intégralité des panoplies "western". On peut s'y habiller de la tête ...aux pieds !





On peut tout aussi bien décorer sa maison : tapis navajos, coussins, tissages, vanneries, poteries ...














au risque de faire paraître bien criardes les couleur de Taos, une fois transplantées sous nos ciels gris !

23 octobre 2010

Etonnants bouleaux

Depuis Santa Fe, on aperçoit au loin les monts Sangre Cristo qui rougeoient effectivement au soleil couchant, bien que nous ne les ayons pas vus enneigés.
Un petit tour au sommet de la montagne s'imposait. De loin, façon carte postale, de grandes étendues jaunes au milieu du vert foncé des conifères.


En s'approchant, on découvre peu à peu la raison de ce flamboiement : nous sommes au début de l'automne, et les bouleaux se sont couverts d'or. Le ciel n'en devient que plus bleu !



















Pénétrer dans la forêt est alors un enchantement. La lumière se glisse à travers les arbres. Le vent bruisse doucement dans les feuilles, l'air est limpide, léger comme une bulle. Les graminées au sol ont pris elles aussi une légère couleur mordorée. Aucun luxe, juste calme et volupté !

On dit que les bouleaux sont apparus après le dernier incendie, et qu'au milieu des conifères, ils font la course vers la lumière mais qu'un jour ou l'autre les conifères l'emporteront et que les bouleaux disparaîtront.
C'est sans doute parce que leur flamboiement est éphémère qu'ils nous paraissent encore plus beaux.
A l'intention de J. qui aime tant les bouleaux.

22 octobre 2010

Las Vegas ...

Las Vegas (New Mexico) - rien à voir avec Las Vegas (Nevada) - est une petite ville qui, ce week-end là, fêtait ses 175 ans.
A l'échelle de l'Europe ce n'est pas grand chose, mais à celle de l'Amérique, c'est déjà un bel âge. Pour fêter l'événement : fanfare, banderoles, et barbecue sous les arbres de la Plazza.












L'histoire de Las Vegas ressemble à l'histoire de bien des villes américaines. Fondée par une poignée d'immigrants, comme une halte bienvenue sur la Piste de Santa Fe qui reliait le Missouri à Santa Fe, Las Vegas a connu une grande période de prospérité à l'arrivée du chemin de fer (1880), mais n'a ensuite cessé de décliner. Il reste malgré tout plus de 900 bâtiments, inscrits sur le Registre National des Sites Historiques; ils datent de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, ce qui fait de la ville un décor bienvenu pour des tas de films : Convoy de Sam Peckimpah, Hi Lo Country de Stephen Frears, ou No country for old men des frères Cohen. Entre autres ...

Certains bâtiments sont dans un état de délabrement avancé, d'autres ont été fraichement rénovés, d'autres encore sont en voie de restauration...










On trouve à Las Vegas (Nouveau-Mexique) un peu tous les styles de bâtiments : du genre victorien et pompeux comme le Plazza hôtel, ou modestes façades de briques comme on en voit dans tous les westerns.... ou dans les tableaux d'Edward Hopper.



La ville est séparée en deux par un pont : vieille ville autour de la Plazza, nouvelle ville autour de la gare.

A coté du Santa Fe Railway, l'hôtel - immense! - qui comportait deux ailes jumelles (de style "colonial espagnol "?) est fermé depuis longtemps comme l'entreprise de textiles Navajo située, elle, sur la Plazza, mais de même inspiration architecturale.









The arrival of the railroad on July 4, 1879 brought with it businesses and people, both respectable and dubious. Murderers, robbers, thieves, gamblers, gunmen, swindlers, vagrants, and tramps poured in, transforming the eastern side of the settlement into a virtually lawless brawl.

Historian Ralph Emerson Twitchell once claimed, "Without exception there was no town which harbored a more disreputable gang of desperadoes and outlaws than did Las Vegas."
(infos glanées sur Wikipedia)



A Las Vegas (NM), le vieil Ouest, celui des Indiens et des Cowboys, fait encore rêver le voyageur de passage, mais, malgré les promesses des pubicités, peintes sur les murs, la ville risque de n'être bientôt plus ... qu'un décor de cinéma ! Un beau décor, mais quand même ...







Pourtant Las Vegas n'a pas dit son dernier mot !

L'hôtel Le Fidel, très années 30, vient d'être restauré.
Entre deux films, le cinéma accueille les anciens élèves de la NM HU (New Mexico Highlands University )















et la boulangerie à côté, qui fait aussi office de restaurant, ne désemplit pas, surtout le dimanche matin, comme si la ville entière s'était donné rendez-vous dans le kitschissime Charlie's café !

On y sert une nourriture pour le moins roborative, aux portions généreuses. Quant aux éclairs au chocolat, ils sont monstrueux !

Des tableaux, aux proportions aussi vastes que les assiettes et très colorés, ornent les murs. Elles sont l'oeuvre - m'a-t-on dit - du fils de la maison qui utilise parfois des carrosseries de voiture, de vieux capots rouillés en guise de toile. Le résultat est... surprenant, mais en parfait accord avec le lieu.



Si un jour vous passez par Las Vegas - New Mexico - arrêtez-vous au Charlie's Bakery and Cafe. Vous ne le regretterez pas !