02 mars 2011

Motel Life


L'histoire commence très mal : un enfant renversé par une voiture. Le conducteur était ivre. Dans sa panique, il se précipite chez son frère, aussi paumé que lui. Ils partent dans la nuit, après avoir déposé le cadavre de l'enfant sur la pelouse d'entrée d'un hôpital, tentent de fuir, reviennent ...


Le vrai sujet du livre pourtant, ce n'est pas l'accident, c'est ce que l'accident met à jour dans la vie de ces deux jeunes américains, qui ont grandi dans une société où ils n'avaient pas leur place. Famille en miettes, sans argent, ils ont plus souvent dormi dans une chambre de motel que dans une vraie maison, toujours prêts à prendre la fuite vers un autre motel minable, dans une voiture qui tient plus de l'épave que de la belle mécanique mais reste parfois leur seul refuge. La seule chose qui les maintient finalement en vie, en dehors des litres de bières qu'ils absorbent pour oublier, c'est le lien indéfectible qui les unit, malgré les chaos de leurs existence.

Motel life de Willy Vautrin n'est pas le roman du rêve américain. Ce n'est pas non plus une histoire qui conduit les personnages de la misère à la fortune et à la gloire : "a success story".
Non, c'est plutôt son contraire. Ce que le livre nous donne à voir c'est l'Amérique des "petits blancs pauvres", des paumés, des "loosers". Ceux qui ne parviennent tout simplement pas à s'en sortir, non parce que ce sont de mauvais bouges, mais parce que la malchance s'acharne sur eux. Depuis le début. Difficile dans ces conditions de croire à sa bonne étoile, difficile d'avoir envie de continuer. Alors Frank raconte à Jerry des histoires qu'il invente au fur et à mesure, comme on berce un enfant.

En tout cas, si vous allez vous promener du côté de Reno (Nevada) , ne vous laissez pas leurrer par l'éclat des néons. Derrière l'Amérique qui brille et qui rutile, il y a une autre Amérique et c'est celle-là qui m'intéresse.

1 commentaire:

Marie-Claude a dit…

Gros coup de coeur pour ce Motel Life, idem pour La ballade de Leroy.
Moi aussi, c'est cette Amérique là qui m'intéresse!
Ravie de découvrir ton blogue (via un commentaire laissé chez Electra).