03 juin 2011

Ahmad Ashraf

Ahmad Ashraf est médecin. Ahman Ashraf est afghan. Dans un livre publié aux éditions Bayard, ce médecin afghan raconte son parcours, un parcours hors du commun, c 'est le moins qu'on puisse dire.

Le témoignage d'Ahmad Ashraf est intéressant à plus d'un titre.
Il permet tout d'abord de reconstituer la chronologie des dernières années de l'histoire afghane. L'histoire d'un pays n'est jamais simple, mais coincé entre l'Iran et le Pakistan, terrain de "jeu" des puissances occidentales au temps de leur grandeur, puis enjeu majeure de la guerre froide, l'Afghanistan, déchiré de surcroît par des luttes intestines, semble n'avoir jamais connu la paix.

Le constat n'est pas nouveau, mais il est ici raconté "de l'intérieur", par un individu dont le destin personnel s'est joué sur les aléas politiques de son pays.

Né dans une famille aisé de Kaboul, Ahmad Ashraf a très tôt dû faire des choix; suivre d'abord la voie tracée par l'autorité paternelle et intégrer l'armée avant de s'orienter vers la médecine, pratiquer pendant des années la médecine de guerre avant de pouvoir se spécialiser en neurochirurgie; fidèle au serment d'Hippocrate, le jeune médecin soigne indifféremment ceux de son camp et ceux du camp opposé jusqu'à choisir un jour de passer définitivement du côté de la Résistance et de la clandestinité; bientôt contraint de s'exiler, il s'installe à Grenoble où il poursuit sa formation, obtient un poste hospitalier et ... retourne régulièrement en Afghanistan pour des missions humanitaires.
La sécheresse du résumé trahit ce que le livre a de plus précieux : le regard d'un homme sur son pays, sur la médecine, sur l'humanité en général. Un regard qui ne juge ni ne condamne. Mais qui constamment s'interroge sur ses propres motivations, sur sa raison d'être.

"Est-ce utile ? Un peu. Qu'est-ce que cela représente ? Pas grand chose. Mais je peux le faire, alors je le fais." [... ] C'est la voie que j'ai choisi de prendre pour tenter de répondre à la question : comment rester spectateur du malheur des autres ? "

Le livre d'Ahmad Ashraf ne fera sans doute pas la une des journaux. Trop pudique, plus encore que modeste. Ce n'est pas un livre militant, plutôt un livre de compréhension, de compassion. Un témoignage brut de décoffrage qui nous touche parce qu'il est tout simplement vrai.

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