05 juin 2011

Bob Verschuren

Pourquoi l'art contemporain fait-il peur ?
Parce que devant l'art contemporain le spectateur n'a pas des siècles d'admiration, et des milliers de pages d'exégèse pour se protéger.
Parce que les clefs qu'il croyait posséder pour entrer dans une oeuvre d'art ne fonctionnent pas ou fonctionnent mal.
Parce qu'il est contraint de décider par lui-même de l'intérêt de l'oeuvre.
Alors il s'en tire souvent par un ricanement, ou un haussement d'épaule.

J'avoue !
Cela m'arrive souvent !
Mais dans mes bons jours, je me dis que l'art contemporain, pour lequel nous n'avons pas de références, permet de se laver l'oeil; de retrouver une certaine innocence devant les propositions des artistes.



La Fondation Salomon, installée dans le château d'Arenthon à Alex, à côté d'Annecy offre en ce moment une bonne occasion de tester notre regard avec les oeuvres d'un artiste belge : Bob Verschuren. Pas de tableaux accrochés au mur, pas de sculptures, mais des bûches de bois qui se précipitent en masse vers le foyer d'une cheminée ; une table et deux chaises pour géants, réalisés avec du bois brut, écorce et racines comprises; trois gigantesques cônes de branchages entrelacés....
Il était interdit de photographier, mais il vous suffit d'aller sur le site de l'artiste pour vous faire une idée, une idée seulement, car en vrai c'est tout autre chose.

Land art ? Arte povera ? Bob Verschuren apparemment ne se réclame d'aucune école, sauf celle de la nature, d'aucun mouvement sauf celui des végétaux. Car dans la nature c'est au végétal qu'il donne sa préférence : bois, branches, feuillles qu'il manipule avec beaucoup d'adresse, d'intelligence, d'humour et de .... patience ! Devant certaines installations on cherche à comprendre comment il s'y est pris, comment il a pu entremêler suffisamment de branches pour former ce gigantesque cône qui s'élève au milieu de la plus grande tour ? Et combien de temps il a passé pour une installation de toute façon éphémère. Les oeuvres présentée dans les salles du musée ne durent que le temps de l'exposition; celles que Verschuren a installé dans la nature subiront, comme nous, intempéries et outrages du temps, jusqu'à n'être plus

Faut-il, dans les oeuvres de Bob Verschuren, chercher un message ? Je ne sais pas, je ne crois pas. Si ce n'est la possibilité d'une relation différente à la nature et à l'art, deux notions a priori antithétique, puisque l'artifice s'oppose par définition au naturel.

Après le chaos, installation de Bob Verschueren, 2006. Photo : Aldo Fedele, Arte Sella.

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