30 juillet 2011

Gerda Taro, Capa et Chim

La valise mexicaine : c'était l'exposition la plus attendue du festival; c'était, pour bien des raisons, la plus passionnante, .

L'histoire de la "valise mexicaine", perdue puis mystérieusement retrouvée est terriblement romanesque d'autant que tous les mystères concernant cette valise ne sont peut-être pas levés.

Mais ce qui est mis en scène dans l'exposition c'est aussi la guerre elle- même, au plus près de ceux qui l'on vécue. « If your pictures aren’t good enough, you aren’t close enough. » La phrase est généralement attribuée à Capa. Si l'on en juge par les photos exposées, c'est bien ainsi qu'il pratiquait la photo.

La valise mexicaine toutefois ne contenait pas que des photos de Capa. Elle contenait aussi les photos de Gerda Taro, sa compagne et de David Seymour. Capa et Seymour ont par la suite fondé avec Cartier-Bresson et Rodger, l'agence Magnum, la première agence montée sous forme de coopérative pour défendre les droits des photographes.
Gerda, première femme photographe de guerre n'en a pas fait partie : elle a été tuée en 1937 sur le front espagnol. Elle n'avait pas 27 ans !

Certains se plaisent à dire qu'elle a vécu "dans l'ombre de Capa". Et si c'était le contraire ?

" Cuando piensas en toda esa gente que conocimos y ha muerto en esa ofensiva, - Guerra Civil española - tienes el sentimiento de que estar vivo es algo desleal ".
( Gerda Taro, unos días antes de morir ).

29 juillet 2011

Bon anniversaire Monsieur Marker

Je tourne autour du pot, dans les rues d'Arles, mais il serait temps de parler de ceux qui sont la raison d'être du festival : les photographes.
Seulement voilà, il y en a tant, que l'on commence par se perdre. Il faut laisser le temps passer, il faut laisser décanter les souvenirs, les impressions, pour que peu à peu émergent ceux qui nous ont vraiment touchés, surpris, intrigués, choqués, séduits.

Les premiers à émerger sont incontestablement les "grands maîtres". Chris Marker et Capa.

Voir et revoir La Jetée. Se dire qu'on n'est toujours pas certain d'avoir vraiment compris cette histoire de voyage dans le temps, cette mort deux fois vécue, une fois comme spectateur, une fois comme ... acteur ? Et cependant se laisser emporter par cette succession d'images fixes, mais un peu floues, par ce commentaire, pas toujours audible bien que très "écrit", par ce récit du temps de la guerre froide vécu dans le souvenir des camps de concentration et l'angoisse de la troisième guerre mondiale.

Longer ensuite les murs de la grande salle et regarder l'un après l'autre les visages de Passagers photographiés par Chris Marker sur une ligne du métro parisien. Se dire que, comme lui, cent fois, on a eu envie de voler ces visages, de les collectionner, comme on épingle sur un mur des papillons, comme autant d'histoires que l'on ne connaîtra jamais, mais que l'on essaye d'imaginer.
Seulement voilà, Chris Marker l'a fait, lui, et nous pas !
Photos clandestines ? Images volées ? Oui ces questions se posent. Mais le droit à l'image, acquis en France par jursiprudence plus que par la loi , ne l'est pas dans tout les pays. Et surtout il me semble que ce droit s'applique lorsque il est porté atteinte à la dignité de la personne photographiée. Le regard que Chris Marker porte sur ces visages est un regard plein de tendresse, de compassion, de compréhension. Il dit la fatigue la lassitude, l'ennui de ces vies ballotées dans une voiture de métro. Il dit le vide et le trop plein. Il dit la patience et l'abandon. Il dit la vie. Il dit l'humain tout simplement.

A l'entrée de l'exposition, un écran d'ordinateur, une manette (difficile à manipuler) donne accès à l'Ouvroir de Chris Marker : un univers crée sur le principe de Second Life, qui permet au photographe de présenter l'ensemble de son travail. Suivez Guillaume, l'avatar du photographe, courrez, sautez, plongez, volez .... Entrez de plain pied dans le monde enchanté (?) de Chris Marker et découvrez que ce "vieux" monsieur - 90 ans aujourd'hui - plus que jamais attentif aux mouvements du monde, n'a rien perdu de sa créativité. Curieux d'aujourd'hui, curieux de demain. En prise sur son temps ? Non, à l'avant-garde !

Bon anniversaire Monsieur Marker.

28 juillet 2011

Perspectives arlésiennes

Lignes de fuite dans les rues désertes.


Lignes de fuite encore, mais sur une photo de Patrick Tourneboeuf.


En anglais, "point de fuite" se dit "vanishing point". Le point où le regard se perd, où l'image soudain disparaît, se volatilise, s'évapore, s'efface ... C'est à ce moment là que des silhouettes fantomatiques se glissent dans la bibliothèque, s'incrustent dans le verre qui protège la photo. J'en vois au moins deux. Et vous ?

27 juillet 2011

Arles en couleurs




A voir tant et tant de photos, à arpenter tant de lieux singuliers, il arrive que le regard (et le corps !) se lasse. Dans la pénombre des ateliers, un mur de couleur conduit l'oeil vers la lumière. Et lui permet de mettre sur "pause". Juste un instant !

26 juillet 2011

Les fenêtres d'Arles

La disposition des lieux, le choix des photographes, des commissaires d'exposition, le hasard, tout est fait, à Arles, pour aiguiser le regard.

Recto et puis verso. Ou bien l'inverse.
Dedans et puis dehors. Ou bien l'inverse.


Vu depuis l'extérieur, un atelier, un cagibi tout noir sur le mur duquel est projeté un diaporama. Visages qui défilent. Tryptique ?
La même fenêtre depuis l'intérieur du cagibi. Vue sur le hall principal. Découpage. Chaque rectangle compose un tableau. Polyptique ?


Qu'ai je vu au juste ? Un lieu ? Une photo ? La photo d'un lieu ?

Regarder par la fenêtre ...

ou être regardée

Les yeux dans les yeux du totem, je m'interroge.

Et si ces yeux apparemment vides me regardaient ?

Même pas peur !

Dans les rues d'Arles, d'autres fenêtres ...
... aussi mystérieuses que la fenêtre aux petits chevaux ! que l'on aperçoit en se penchant par dessus la terrasse du Cloître Saint Trophime .


Mais la fenêtre que je préfère c'est celle de Graziela Iturbide.

Et comme souvent quand la photo est très belle, j'en suis encore à me demander ce qui fait sa beauté.


La simplicité de son cadrage ? La précision du tirage argentique qui donne l'impression de toucher les matériaux qui composent le mur ? La symétrie des deux mains et des "cuatro pescaditos" ? La tension dans le regard de la femme ? Peut-être tout cela, mais plus encore la sobriété, la modestie de la photo et la douceur du regard que Graciela Iturbide pose sur son sujet.

Cette photo se trouve sur le site du Brooklyn museum, mais vous pouvez voir d'autres photos de Graciela Iturbide sur le site du Getty Museum.

25 juillet 2011

Les affiches du festival




Les dix ans du festival d'Arles nouvelle formule ont été l'occasion d'exposer le travail de l'affichiste Michel Bouvet, responsable des visuels "piquant et colorés" qui annoncent chaque année le festival.















Les affiches de Michel Bouvet sont presque aussi intrigantes que colorées : quel rapport entre une aubergine, un poivron et ... le festival ? La ratatouille, voyons, emblématique de la cuisine provençale !

Du potager, Michel Bouvet est passé au zoo, ce qui rend les tentatives d'explications encore plus hasardeuses. Le rhinocéros rose de l'an passé ? Le zébu bleu de cette année ? Comment ça, une vache camarguaise ? Avec sa bosse sur le dos ?

Sa version résine, en tout cas, est très séduisante et je mettrai volontiers une vache comme cela dans mon jardin ... bleu !




Mais pour qui aime l'art contemporain (et les ruines industrielles !), pas besoin de vache, ni de zébu ! Il suffit de garder les couleurs : du bleu, de l'orange et un peu de noir.

Arles sous la pluie

Il pleuvait, ou plus exactement, il a plu sur le festival, et les ateliers SNCF, hauts lieux d'exposition, avaient, ce matin-là, l'air plus bizarres que jamais.




Il ne pleut pas souvent sur Arles. Cirés et parapluies ne sont pas d'un usage courant dans la ville.
Mais les Arlésiens sont gens de ressource : cartons sur la tête, sacs de plastiques façon "chaussons de chirurgie" pour protéger les baskets, voilà un bénévole décidé que rien n'arrête ! Et surtout pas la pluie.












Même pas mouillé !



24 juillet 2011

Carry-le-Rouet

A Carry-le-Rouet, ce matin là, tout était bleu !
Le ciel ...
La mer ...
Le ciel ...

Même les nuages en forme de... Pi (n'est-ce-pas, Marie-Claire ?) se coloraient de bleu.

Bleus encore les yeux des fous de Bassan qui sans se soucier de leur territoire d'origine, ont choisi le bout d'un ponton pour y nicher.


Parfois, quand ils lèvent la tête, leur cou dessine vaguement et très fugitivement ... la forme d'un coeur. Je n'ai hélas pas réussi à déclencher au bon moment et il faudra me croire sur parole.
De toute façon les fous de Bassan, pas si fous que cela, ont bien compris que les yeux dans les yeux, ça ne fonctionne qu'un temps (surtout quand on est emmanché d'un long bec !) et que regarder dans la même direction, c' est beaucoup plus intéressant !

16 juillet 2011

On dirait presque ...

... du Georgia O'Keefe ?


Mais la petite bête qui s'est glissé entre deux pétales semble avoir perdu son chemin.

10 juillet 2011

Soir de concert

Je râle, je râle mais mon nouveau Lumix est "auto intelligent", c 'est écrit dans le mode d'emploi. Alors, pour voir ce qu'il est capable de faire, je l'ai emmené au Musée Hébert ...


un soir de concert.


Et voici ce qu'il a fait.


Dans le jardin du Musée, il y a des sculptures.
Classiques, comme cette dame au doux sourire, déesse ou muse, en tout cas très romantique !


Ou très contemporaines, comme les Bois debouts d'Olivier Giroud.



Je ne sais pourquoi mais j'aime beaucoup les jardins de ce musée.
Est-ce que j'aimerai mon nouveau Lumix auto intelligent ? Je ne sais pas encore ...

08 juillet 2011

Changer d'appareil photo

Mon appareil photo, mon petit Lumix tout simple, a rendu l'âme ! Et je ne peux même pas dire que c'est après "5 ans de bons et loyaux services" ! Parce que 5 ans, ce n'est de toute façon pas beaucoup pour un appareil photo, mais en 5 ans, il m'en a fait voir de toutes les couleurs (poussières sur le capteur, interrupteur cassé, volet de flash disparu) et si je n'avais eu l'amitié d'un bricoleur de génie, il y a longtemps qu'il aurait fini sa vie au fond d'un placard.

Bien entendu, le modèle en question n'existe plus.

Il m'a donc fallu, à contre-coeur, me lancer dans une étude comparative - rapide ! -, éliminer les réflex - trop chers, trop lourds, trop compliqués -, les hybrides - pas envie de renouer avec les objectifs interchangeables - les compacts, et même les compacts experts - dont je n'ai pas bien compris l'intérêt - pour finalement me décider pour un autre bridge, toujours un Lumix qui, que je le veuille ou non, fait en plus caméra HD ! (et pourquoi pas téléphone, GPS et... thermomètre ? )

Me voilà donc avec un nouvel appareil en main, qu'il faut apprendre à utiliser avec en guise de viatique, un mode d'emploi - sur CD - de 200 pages ! 200 pages, bourrées de jargon technique !
Même en admettant que je m'y plonge - et que je comprenne - je sais bien que très vite j'en aurai oublié la moitié, et même beaucoup plus et que de toute façon, je n'utiliserai pas le quart du tiers des possibilités de l'appareil. Alors, à quoi ça sert, je me le demande ?

Et bien voilà ma réponse :
- je pense que les techniciens, les "nerds" chargés de la conception de l'appareil photo se font plaisir, et sont très fiers du résultat;
- je pense aussi que les chargés de marketing se frottent les mains à l'idée du marché de gogos qu'ils vont prendre dans leurs filets technologiques;
- je pense enfin que dans l'histoire, personne ne se soucie du photographe lambda, qui ne réclame rien d'autres qu'un appareil léger, simple d'emploi avec un bon objectif et dont il pourrait se servir, sans prise de tête, pendant très longtemps !

Et je me souviens que Giacomelli, ce grand photographe italien, a fait toutes ses photos, avec un appareil très simple, le même pendant 50 ans !

© Paolo Biagetti

05 juillet 2011

La Dernière piste

L'affiche et surtout le titre peuvent laisser croire qu'il s'agit d'un western. Mais ce n'est pas tout à fait cela.
Il s'agit pourtant d'une histoire qui se déroule en 1845 , très loin à l'Ouest du Mississippi, dans les territoires encore vierges de l'Oregon. Une petite caravane de pionniers a quitté la piste principale pour suivre un trappeur soit-disant expérimenté qui leur proposait un raccourci. Très vite les doutes surgissent sur les capacités du trappeur, le dénommé Stephen Meek, à les conduire à bon port.


Au rythme lent des boeufs et des mulets qui tirent les chariots bâchés, le film raconte surtout la longue marche, les corvées quotidiennes, répétitives, de ceux qui se sont lancés dans cette aventure sans retour : le ramassage du bois, les repas à préparer, l'essieu à réparer, le feu à allumer... Au fil des jours la fatigue s'accumule, les provisions d'eau se raréfient, les corps se décharnent, les esprits se lassent ou s'enflamment. Le film permet au spectateur de prendre la mesure de cette vie de pionniers, une vie très physique.
Métaphysique aussi, car il y a toutes ces décisions à prendre, et l'impossibilité de fonder son choix sur autre chose que sur une intuition, une impression, un vague sentiment. Faut-il tuer l'Indien qui a croisé leur chemin, ou le traiter comme un être humain et compter sur sa reconnaissance pour les guider dans la bonne direction ? Faut-il faire confiance au trappeur, bavard, suffisant, mais de la même couleur de peau, ou accepter de suivre aveuglément "l'étranger" dont on ne sait rien, dont on ne comprend pas la langue, mais qui semble connaître le chemin puisqu'il est natif de ce pays.
Puisqu'on ne dispose d'aucun élément rationnel pour fonder son choix, puisqu'on ne peut pas raisonnablement savoir, il faut parier, dirait Pascal.
Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit.

04 juillet 2011

4th of July


To my american friends, from Kansas or Wisconsin, from Texas, Arizona or Alabama, from Massachussets or Washington State, HAPPY INDEPENDANCE DAY !

Montesquieu

- "Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire. Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau."
- Tu chantes maintenant ?
- Chantonne tout au plus. En fait je me demandais si je ne pouvais pas faire l'impasse sur ces deux auteurs.
- Et sous quel prétexte, s'il te plaît ?
- Tout le monde les connaît !
- Mais encore ?
- A vrai dire, ils m'ennuient un peu. Tandis que Montesquieu, ah Montesquieu !
- Comment peut-on être persan ?
- Oui. Tu as lu Les Lettres persanes ?
- Non mais je connais l'histoire : deux Persans, originaires de Perse ....
- Uzbek et Rica ...
-... qui voyagent en France
- en Europe
- Ils écrivent des lettres à leurs amis restés en Turquie
- en Perse
- et racontent ce qu'ils voient en se foutant du monde.
- Comment cela, en se foutant du monde ?
- Oui, en se moquant de tout le monde, en critiquant les us et coutumes, les moeurs, les croyances, la politique, tout quoi. Franchement, c'est pas sympa. Quand tu voyages, t'es supposé respecter les autres non ?
- Tu n'oublie qu'une chose. C'est que ces deux Persans n'existent pas. Montesquieu les a inventés pour dire ce qu'il pense, lui, de son propre pays.
- Ah ! les fameux "porte-parole". Encore une ruse d'écrivain pour écrire tout haut ce que chacun pense tout bas.
- En gros. D'ailleurs Montesquieu a fait école avec ses lettres persanes, puisque pour parler de quelqu'un qui porte un regard décalé, faussement naïf, sur le monde, on dit qu'il a "le regard persan".
- Persan ou perçant ?
- Persan. Mais ça revient au même non ? Au fait, tu savais que des journalistes ont crée un nouveau trimestriel, qu'ils ont appelé - et ce n'est pas un hasard - Uzbek et Rica ?
- Et ça donne quoi ?
- Un magazine décalé évidemment ! Mais ils n'en sont qu'au numéro 4. Pour revenir à Montesquieu, j'ai visité il n'y a pas longtemps le château où est né Montesquieu, le château de la Brède.
- C'est où ?
- Pas très loin de Bordeaux. C'est un vrai château, avec des douves et tout. Un peu lugubre quand même. Il y avait des valérianes qui poussaient sur tous les interstices des murs. C'était assez joli.
-Tu digresses ...
- En effet ! Bon, Montesquieu était donc un philosophe, un moraliste, au sens de "qui observe les moeurs" plus que "qui donne des leçons de morale". C'était aussi un juriste, un historien, un politicien ... il s'est acharné à comprendre quelles pouvaient être les causes de la grandeur des romains et de leur décadence, il s'est efforcé de déterminer quel pouvait être le meilleur régime politique ...
- Encore un de tes touche-à-tout de génie !
- Oui, mais il s'est quand même très joliment planté. Sa théorie des climats, j'adore !
- Raconte.
- Non tu ferais mieux de lire. De toute façon, il n'est pas l'inventeur de cette théorie, mais ces efforts pour lui donner une base rationnelle, scientifique et même expérimental en font une histoire vraiment étonnante. Voilà : Il observe, au microscope, une langue de boeuf exposée successivement au chaud puis au froid et en conclut que "dans les pays froid, les houppes nerveuses sont moins épanouies [...] les sensations sont donc moins vives. [...] il faut donc écorcher un Moscovite pour lui donner du sentiment."
Les gens des pays froids étant peu sensibles, il faut pour les gouverner, des régimes autoritaires. Les régimes démocratiques en revanche sont plus appropriés aux pays chauds !
- Sans blague ! Il a dit ça ?
- Et il l'a même écrit !
- Trop fort !
- Une erreur de parcours. N'empêche que c'est le même homme qui est parti en guerre contre l'esclavage, contre l'exploitation de l'homme par l'homme, contre l'intolérance religieuse, contre les bûchers de l'Inquisition.
- Comme Voltaire . Tu vois que tu ne peux pas faire l'impasse.
- On verra...

02 juillet 2011

Bons films

Deux mauvais films n'ont pas réussi à me gâcher ma fête du cinéma. Deux bons films vus entre temps ont équilibré la donne, deux reprises en fait : l'un date de 1967, l'autre de 1974. Mais je n'allais pas bouder mon plaisir pour autant.

La scène d'ouverture de Hombre, le film de Martin Ritt est inoubliable : un visage cuivré, cheveux longs retenus par un bandeau, une vraie "tête d'Indien" et ... deux yeux bleus, plus bleus que bleus : Paul Newman grimé comme on n'oserait plus le faire maintenant ! Mais j'aime bien ce côté bricolé des vieux films.
Hombre
est un vrai western, un western sans complexe. A cette différence que les méchants, ce sont plutôt les Blancs, pas les Indiens ! Ce qui m'a beaucoup amusé aussi c'est de retrouver dans ce film le schéma d'une nouvelle de Maupassant, Pot-Bouille : l'espace clos de la diligence devient le lieu de toutes les hypocrisies, de toutes les veuleries et quant il s'agit de sauver sa peau, altruisme et générosité sont rarement du voyage. Heureusement Paul Newman est là pour remettre chacun dans le droit chemin ! : )

Du Canardeur, le film de Michael Cimino, je retiens également la scène d'ouverture : au premier plan un champ de blé (d'orge ? de seigle ? en tout cas de céréales) brûlé par le soleil sur fond de ciel immense. Une petite église de bois. On est bien en Amérique, dans les grandes plaines du Middle West ! Partie en direction de Warsaw dans le Montana pour y monter un coup foireux, une équipe de branquignoles entraîne le spectateur dans un road-movie qui tourne à l'épopée burlesque.
C'est une histoire qu'on a vu cent fois depuis, mais il y a Clint Eastwood, jeune et beau (malgré sa petite chemise cintrée tellement années 70 !), il y a Jeff Bridges, jeune et beau lui aussi, irrésistible quand il sourit; il y a surtout la patte de Cimino, cette façon si particulière de mettre en scène une Amérique en train de disparaître, l'Amérique des grands espaces et des grands espoirs qui est aussi celle des "losers". Vanishing America ! Et lorsque meurt le jeune Lightfoot, on sait bien que tout l'or du monde ne suffira pas à nous en consoler.

01 juillet 2011

Mauvais films

Des mauvais films, oui ça existe aussi. Et je viens d'en voir deux, très déplaisants. Pas tout à fait pour les même raisons mais presque.

Balada triste est un film du réalisateur espagnol Alex Iglesia. Une histoire de rivalité amoureuse ente deux clowns permet au cinéaste de jouer à fond la carte du baroque. La passion justifie (?) tous les excès. Soit ! Mais les références (images d'archives pour la plupart) à la période franquiste (argument vendeur du film) sont beaucoup trop incohérentes et confuses pour faire véritablement sens. En réalité, l'arrière plan historique du film sert d'alibi à un déchaînement de violence tellement outrancière qu'elle relève plus du Grand Guignol que du message politique. Pas ma tasse de thé !

Little Princess, pourtant encensée par la critique, est, à mes yeux, un film totalement pervers. L'alibi ici n'est ni historique, ni politique, juste autobiographique. Que le film ait pour sa réalisatrice, qui raconte sa propre histoire, valeur thérapeutique (comme tant de mauvais romans), c'est possible, mais cela n'en fait pas pour autant une oeuvre d'art. Passons sur la pesanteur de la mise en scène et constatons simplement qu'il n'est pas facile de s'improviser cinéaste. Mais il est apparemment encore plus difficile de diriger des acteurs : tous les personnages sont "surjoués" quand ce n'est pas "mal joués" ! Isabelle Huppert est une fois de plus piégée dans un rôle de femme fantasque et hystérique; la grand-mère roumaine est sans doute une bonne grand-mère, mais certainement pas une bonne actrice ! Quant à la gamine... car oui, il y a une jeune actrice qui joue le rôle de la petite fille dont la beauté est exploitée par une mère abusive - on éprouve un certain malaise à la voir à son tour dans la situation même que la réalisatrice entend dénoncer. Qui abuse qui dans cette histoire ? Sous prétexte de dénoncer la pédopornographie, Eva Ionesco ne cesse d'en jouer.
Pour ma part, j'ai trouvé ce film si complaisant, si racoleur, qu'ulcérée, je suis sortie avant la fin. Ce qui ne m'arrive pas souvent !