30 août 2011

Melancholia

Pourquoi refuser d'utiliser un pied, un chariot, une grue pour stabiliser la caméra ? Pourquoi modifier en permanence l'angle de prise de vue et filmer successivement le visage, les pieds, les mains de la personne qui parle, puis à nouveau, les pieds, la tête etc... ? Pourquoi multiplier les champs/contrechamps inutiles ? Pourquoi tant de mouvements de caméra avec pour seul résultat de rendre le spectateur définitivement malade. Mal de mer, malaise vagal... Sortir, quitter la salle, retrouver l'air frais, respirer.
Terminé ! Je n'irai plus voir aucun film de Lars von Triers !

Il peut arriver que l'effet "caméra à l'épaule" corresponde au sens profond du film et que l'effet "caméra subjective" apporte un plus, comme un sentiment d'oppression ou d'enfermement. Je pense au film des frères Dardenne, intitulé Le fils, bien que celui-là aussi m'ait rendu malade ! Mais Melancholia ne m'a laissé qu'une furieuse envie de m'emparer de la caméra pour l'empêcher de bouger. Les affres de Justine m'ont laissée de glace et la supposée collision de la planète Melancholia avec la terre, en dépit de la beauté de certaines images, ne m'a ni émue, ni désespérée, juste ennuyée !
Difficile de dire du mal d'un film à ce point encensé par la critique, mais le point de vue de Pierre Murat dans Télérama me conforte dans ma position. Nous sommes au moins deux à penser beaucoup de mal de Melancholia !

23 août 2011

Photoweb

Nouvelle interface, nouvelle interface !
Nouvelle interface pour mettre en page des livres de photos sur Photoweb.
La nouvelle était annoncée comme ... l'arrivée du Messie !
Un événement ?
Non ! Un avènement !

Après avoir réalisé un certain nombre de livres avec leur ancienne interface, et m'être dit que côté gabarits, cela commençait à être un peu limité, un peu répétitif, j'étais curieuse de découvrir les améliorations apportées au site.
Et bien non, pas pour moi. Je ne pourrais pas utiliser la "nouvelle interface" parce que pour cela il faut un ordinateur avec un processeur Intel et que mon gentil PowerBook (qui n'a pas de processeur Intel) est considéré par les commerciaux, comme un vieux machin ! Il a 5 ans !

Et voilà qui me met doublement et triplement en rage !

J'enrage parce que cette course aux nouveautés techniques est une véritable course à l'abîme. Il faut sans cesse modifier les produits pour contraindre le client à se débarrasser de ses vieilles machines au profit des petites merveilles technologiques d'une complexité telle que la moitié de leurs fonctions pour ne pas dire les 3/4 ne seront de toute façon pas maîtrisées par leurs nouveaux propriétaires. Parce que dans cette histoire il ne s'agit que de vendre, vendre et vendre encore. On ne répare pas; on n'adapte pas ; on jette, on jette, on jette.
Jeter, acheter. Jeter, acheter. Cela fait bien sûr tourner la roue du commerce. Mais la roue tourne à vide et met le monde sur la paille : à force d'acheter, les gens n'ont plus de sous, personne n'achète plus, la roue s'arrête. J'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre cette logique économique !

J'enrage parce que des petits "nerds" en mal de créativité, bidouillent avec passion des tas de petits trucs extraordinaires sans jamais se soucier des besoins réels des éventuels utilisateurs. Je connais des tas de gens qui ont des ordinateurs beaucoup plus vieux que le mien et qui pas plus que moi n'auront accès à cette "merveilleueueuse interfaaace". Une politique commerciale soucieuse de ses clients se serait interrogée sur les équipements informatiques de leurs clients, aurait cherché à adapter l'interface ou à défaut, aurait donné le choix à chacun d'utiliser la nouvelle interface ou la vieille ; aurait prévu une période de transition ; nous aurait donné le choix.... Mais non, le fait est accompli et je n'ai que deux possibilités : jeter mon gentil Mac (qui fonctionne parfaitement!) et en acheter un neuf ou .... me passer des services de Photoweb. J'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre cette logique commerciale !

J'enrage enfin parce que j'étais partie sur un beau projet de livre bleu, j'avais soigneusement sélectionné mes photos, recadré ou retouché celles qui en avaient besoin, renforcé les couleurs des plus pâles. Je n'avais plus qu'à mettre en page et me réjouissais de terminer "mon grand oeuvre" avant la fin de l'été. Et me voilà avec un projet en plan. Une symphonie inachevée ! J'avoue que j'ai beaucoup de peine à comprendre pourquoi Photoweb, que je portais aux nues, m'a lâchement abandonnée, moi et mon ordinateur. Comme si nous n'étions plus bons, l'un et l'autre, que pour la déchetterie !

Non, je ne suis pas triste. Non je ne me morfonds pas. J'enrage, tout simplement !

10 août 2011

La Mujer sin piano

La Femme sans piano. Le titre est un peu bizarre, mais le film l'est tout autant. C'est un de ces films inclassables qui vous prend à rebrousse poil ou vous séduit totalement.
Ce n'est pas une tragédie, mais on attend à tout instant que le film tourne à la catastrophe : un suicide, un meurtre ...
Ce n'est pas une comédie, mais on rit quelque fois et on sourit souvent.
La Mujer sin piano tient du "road movie", puisque le film suit l'errance nocturne d'une femme dans les rues de Madrid. Une femme ordinaire, genre "ménagère de moins de cinquante ans", qui le temps d'une nuit se rebelle et tente d'échapper à son destin de femme soumise, de femme sous influence.
Elle est insupportable de médiocrité ou plutôt c'est la médiocrité de sa vie qui est insupportable.
Sa valise à la main, elle erre dans Madrid, et se laisse balloter au gré des rencontres, des événements. Dans l'obscurité des rues ou sous la lumière blafarde des néons, coiffée de sa perruque, Rosa poursuit son chemin sans savoir vraiment où elle va.


Ce nocturne madrilène - un peu lent j'en conviens - est plein de surprises et le parti pris esthétique - glauques les couleurs, avec, toujours, dans l'image, un pan de mur turquoise - s'accorde parfaitement avec le propos. Il y a dans ce film quelque chose qui fait irrésistiblement penser aux films de Kaurismäki. Son réalisateur, pourtant est espagnol ! Javier Rebollo est son nom. Désormais je guetterai ce nom dans les programmes de cinéma.


09 août 2011

Envie de bleu



Envie de bleu, rien que du bleu. La mer me manque !




04 août 2011

Gribouillages


Ajouter ses gribouillis à ceux des autres , un vrai plaisir ... et une jolie photo ?

03 août 2011

José Ramón Bas


José Ramón Bas n'est pas photographe, bien qu'il utilise la photo dans son travail : il dessine, gribouille dessus, il ajoute des textes, colle des petits bouts de papier avant de les insérer dans un bloc de résine.
C'étaient des photos, ce ne sont plus des photos, mais des oeuvres ... singulières ! Cela tient du carnet de voyage, un voyage dont il ne resterait que des bribes, des impressions, dont l'essentiel est encore à imaginer. Les premières oeuvres de José Ramón Bas, comme la série "cuba en el ojo" publiée sur son site, rappellent un peu le travail de Peter Beard, mais depuis, l'artiste semble avoir épuré sa manière, plus légère, plus fine, plus délicate.



Les "photos" de José Ramón Bas , une porte ouverte sur le rêve...

Julie Fischer, Aurélie Durand, Claire Delfino...

Promis, je ne l'ai pas fait exprès ! Mais je n'ai retenu que des prénoms féminins pour parler des jeunes photographes découverts à Arles.

Julie Fischer (Promotion 2011 de l'Ecole Nationale de Photographie d'Arles) proposait à l'église Saint Blaise une Suite blanche : paysages enneigés de Finlande ou d'Estonie, quasi abstraits à force de blancheur.



Aurélie Durand a photographié ce qu'elle voyait depuis la fenêtre d'un bus circulant entre Buenos Aires et Salta : des lieux insignifiants que le regard de la photographe, quoi qu'elle en dise, sort de la banalité. De même qu'un texte n'existe que lorsqu'il est lu, un paysage n'existe que quand il est regardé.



Aussi différentes soient elles dans leurs intentions, les photos d'Aurélie Durand comme celles de Julie Fischer sont des photos de voyage. Le dépaysement toujours permet de poser sur la réalité un regard neuf, de s'interroger : "En quoi, ce que je vois est-il singulier ?" On ne part pas, on part rarement avec une idée préconçue sur ce que l'on va voir; c'est le hasard qui met sous nos yeux un paysage, un objet; le choix de l'angle de vue, du cadrage, est ensuite affaire de personnalité. Pourquoi ce vertige de blanc chez Julie Fisher ? Pourquoi cette fascination pour les bords de route chez Aurélie Durand ? La photo ne montre pas seulement, elle permet à celui qui la regarde de se mettre un instant à la place du photographe, de voir avec ses yeux.

La troisième photographe que j'ai sélectionnée travaille apparemment dans un registre très différent. Le voyage de Claire Delfino ne dépasse pas les limites d'une chambre. Dans une série joliment intitulée Les plis du sommeil, elle présente une collection de portraits, visages chiffonnés pris / surpris au moment de l'éveil. Lumière douce, couleurs pastel non pas pour gommer, juste atténuer les plis. Sans voyeurisme mais avec une infinie délicatesse.



Pourtant, la photo que je préfère est peut-être la suivante, celle qui ne montre qu'un carré de lumière sur un oreiller blanc. Souvenir d'un tableau de Hopper intitulé Soleil dans une pièce vide ? Sans doute. Ou plutôt, dans ce minimalisme, quelque chose qui rappelle l'esthétique zen.


Une photo que j'aurais aimé faire...

Pour en savoir plus sur ces jeunes photographes :
http://www.enp-arles.com/exposition.php
http://photo.sfrjeunestalents.fr/evenements/prix-concours-Arles-2011-sfr-jeunes-talents/

02 août 2011

Tendance floue

Tendance floue est le nom d'un collectif de photographes. Pas facile, en regardant leurs photos, de cerner les objectifs de ce groupe qui existe pourtant depuis une dizaine d'années. Peut-être simplement parce qu'ils n'ont pas d'objectif commun. C'est apparemment une structure libre, qui laisse chaque participant libre de ses choix, même quand ils lancent un projet commun comme 00H00 GMT;
"Le 25 mars 2004, à 00H00 GMT, les photographes de Tendance floue, postés dans dix pays, ont déclenché tous en même temps. Ils sont restés vingt-quatre heures à l'endroit qu'ils avaient choisi, un carrefour routier, urbain ou fluvial. Leurs appareils ont recueilli vingt-quatre heures de direct du monde. La même tranche de temps. Pas la même tranche de vie."
L'entreprise est originale, un peu trop "conceptuelle" à mon goût Mais c'est peut-être là une des tendances de la photographie contemporaine, plus soucieuse de l'idée que de l'image.


Toujours est-il que parmi les photos exposées certaines ont plus que d'autres retenu mon attention.
J'ai bien aimé les photos des "Grins" de Bamako prises par Gilles Coulon. Pour les couleurs d'abord, pour l'atmosphère ensuite, parce que montées en triptyque, elles traduisent bien cette convivialité aussi gaie que décontractée des personnages.... on s'inviterait volontiers !


J'ai bien aimé aussi les photos de Patrick Tourneboeuf, monumentales, vides et pourtant "habitées". La couleur encore et surtout la possibilité de suivre ce pan de mur en diagonale jusqu'à la porte qui ouvre au fond, qui ouvre sur ....
Au bout du mur, au bout de la photo, c'est à l'imagination de prendre le relai. J'aime qu'une photo parle, qu'elle suggère, qu'elle sous-entende... et qu'elle laisse au spectateur la possibilité d'intervenir dans son champ, d'y mêler une part de lui-même, de se l'approprier.

01 août 2011

L'année mexicaine

Les photographes mexicains étaient à l'honneur cette année.
J'ai déjà parlé de Graciela Iturbide, dont j'ai beaucoup aimé la vision à la fois réaliste et poétique qu'elle donne des habitants de son pays.
Quatre autres photographes étaient regroupés dans un même lieu. Cinq photographes très différents : Enrique Metinides est un photographe de presse spécialisé dans les faits divers, accidents meurtres et autres tragédies. Daniela Rossell a mis en scène des femmes "riches et célèbres" posant dans des décors dont le luxe le dispute au mauvais goût. Dulce Pinzon a fait poser des travailleurs émigrés mexicain sur leur lieux de travail, mais en costume de Superman ou autres héros de bande dessinée, suggérant par là que le véritable héroïsme, c'est celui de tous les jours, qui permet à ces migrants d'envoyer de l'argent à leur famille restée au pays. Maya Goded enfin présentait deux séries de photos, l'une sur les pratiques magiques du Nord du Mexique : Terre de Sorcière, l'autre sur un quartier de prostitution qualifié de zone rouge entre la frontière des Etats-Unis et le Mexique : Bienvenue à Lipstick.



Ce sont les photos de Maya Goded qui ont retenu mon attention, mais à vrai dire l'intérêt de l'exposition tient surtout à la juxtaposition des travaux de ces quatre photographes, dont l'intention sociologique, voire ethnologique est évidente et qui donnent à voir une société mexicaine partagée entre très riches et très pauvres.

La photo alors n'est plus une fin en soi. Sa portée documentaire dépasse ses qualités esthétiques. Elle peut-être floue ou mal cadrée, elle vaut par ce qu'elle signifie ou par le sens qu'on lui donne en l'incluant dans une série. C'était le cas des photos de Gerda Taro, de Capa et de Chim sur la guerre d'Espagne. C'est aussi le cas des photos proposées par le New York Times Magazine, parfois signée par les plus grands (ou simplement mes préférés : Salgado, Mc Curry !). C'est encore le cas des photos d'Indré Serpytyté, qui évoque la résistance lituanienne à travers des photos de maisons en apparence très ordinaires, qui ont été autant de lieux d'interrogation, d'enfermement et de torture pendant l'occupation soviétique. En contrepoints des photos prises au coeur de la forêt devaient symboliser les lieux où se réfugiaient les partisans lituaniens : "les frères de la forêt". Mais bizarrement ces photos, je ne les ai pas trouvées à Arles ! Pas bien regardé peut-être. En tout cas, elles sont ici.


Le travail d'Indre Serpytyte est représentatif des limites ou des contraintes de la photo documentaire. La photo peut-elle, à elle seule, remplacer les mots ? Sans panneau explicatif l'intention de la photographe échappe totalement au spectateur. A l'inverse, la photo ne peut se contenter d'illustrer un texte, de le doubler en quelque sorte.
Comment montrer, faire comprendre, s'adresser à l'intelligence, faire vibrer les émotions sans le secours des mots ? A rebours, comment mettre des mots sur une photo pour lui donner du sens sans être redondant ?
Arles, cette année, pas plus que les années précédentes, n'a répondu à mes questions.