08 mars 2012

Anne Wiazemsky

Mon beau navire
Ô ma mémoire
Avons nous assez navigué
Dans une onde mauvaise boire
Avons nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
Apollinaire, La Chanson du Mal Aimé.

Je me souviens avoir lu dès sa sortie le premier roman d'Anne Wiazemsky, sans doute parce que son titre Mon beau navire, me rappelait ces quelques vers d'Apollinaire. Il y était question d'une petite fille, d'une traversée entre l'Amérique et la France, d'un retour au pays mais aussi d'une rupture, d'une séparation. Le temps de la traversée sera pour la petite fille, celui de l'adieu à l'enfance. Un joli premier roman, délicat et subtil.
Depuis j'ai continué de suivre Anne Wiazemsky, de roman en roman jusqu'à son dernier : Une Année studieuse. L'année studieuse, c'est celle de ses 17 ans, du bac passé en fin d'année, des premiers cours à Nanterre, l'année d'une étudiante ordinaire. Mais c'est aussi celle de son émancipation, de sa rencontre avec Godard, du tournage de La Chinoise. Lorsque s'achève le récit, l'adolescente à la fois naïve et téméraire du début est définitivement passée à l'âge adulte. Ce qui signifie entre autres tourner le dos aux bienséances bourgeoises et familiales qui étaient au coeur de l'oeuvre de François Mauriac, son grand-père, pour suivre une voie plus bohème, plus aléatoire peut-être mais nettement moins compassée.
1967-1968, tout une jeunesse étouffait et n'aller pas tarder, comme Anne Wiazemsky, à jeter son bonnet par dessus les moulins.

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