19 mars 2012

Le coup de l'éventail ou l'effet papillon ?


A petite cause grands effets. Soit, mais qui eût cru qu'un petit coup d'éventail sur l'épaule d'un consul puisse avoir pour conséquence la colonisation de l'Algérie.
C'est pourtant ce qu'Anne Châtel-Demenge, lointaine descendante du fameux consul Pierre Deval entreprend de raconter dans un livre qui vient de paraître aux éditions de L'Aube et intitulé : Comment j'ai tué le consul.

L'entreprise n'était pas mince puisque l'auteur, sans barguigner, s'est aventurée du côté de la petite histoire, celle de sa famille, autant que de la grande histoire, celle de l'Algérie, l'une et l'autre étant liées depuis presque deux siècles !

Il y a d'abord eu Pierre Deval, le dit consul et, que le coup d'éventail asséné par le Dey d'Alger Hussein Pacha ait été le geste déclencheur de la conquête ou n'en ait été que le prétexte importe peu, son nom de toute façon est resté dans l'histoire.



Il y a eu ensuite Paul Jobert, l'arrière petit-neveu du consul (si j'ai bien suivi l'affaire), peintre de la marine, né à Tlemcen et qui après avoir non pas fait mais perdu fortune en Europe bien qu'ayant épousé une richissime héritière américaine, retournera finir ses jours à Constantine.

(Le vaisseau Le Bon de la flotte de louis XIV, à la poursuite des corsaires barbaresques (huile sur toile, 94 cm sur 140 cm, collection particulière)

Il y a encore Anne qui, avec autant de verve que de finesse évoque ses souvenirs d'enfance, une enfance bercée par les récits sur son illustre famille. Mais pour écrire l'histoire du consul et de ses descendants il lui a fallu n'en doutons pas, aller bien au-delà de ses souvenirs; il lui a fallu trier, sélectionner, vérifier, contre-vérifier et surtout prendre de la distance pour donner à des anecdotes qui auraient pu n'être que familiales une dimension historique.

Entre Pierre, Paul et Anne, il y a bien sûr toute une cohorte de noms, de personnages et de destinées presque aussi intéressants : Constantin, Casimir, Alexandre, Agnes, Philomena...

Comment j'ai tué le consul est un livre qui vous donne envie d'aller voir sur l'autre rive, ce qu'il reste de cette histoire. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire ce qu'il est advenu du consul.

Affiche réalisée pour le syndicat d'initiative de Constantine

Mes photos ont été empruntées aux sites suivants, sur lesquelles vous trouverez d'ailleurs d'autres informations intéressantes sur la colonisation, Pierre Deval et Paul Jobert.
http://afn-1830-1962.jlbweb.fr/inserts/GAZETTE_de_LA-BAS.php
http://skikda.boussaboua.free.fr/algerie_histoire_05_colonisation_pretexte.htm
http://www.constantine-hier-aujourdhui.fr/LaCulture/dessins_peintures.htm

1 commentaire:

Lauret a dit…

J'ai dévoré ce livre si différent de ceux qui paraissent sur l'Algérie en ce moment.Le titre énigmatique annonce un récit riche d'anecdotes, nourri d'un surprenant humour qui apporte des touches subtiles à l'écriture. Tout est vivant, avec des styles différents qui plongent tantôt le lecteur dans les réflexions d'une enfant, tantôt lui font prendre la hauteur de vue à laquelle s'oblige l'écrivain. Les passages purement historiques sont certes denses parfois, mais au moins, la précision est là.Ce n'est visiblement pas un livre écrit à la va-vite.L'auteure a vraiment une très belle plume et nous vivons intensément avec elle cette recherche du temps perdu.J'ai adoré la pléiade de personnages qui ont tous une âme,la force lumineuse de l'amitié entre les peuples et ce croisement improbable mais fructueux de destins que tout semblait séparer: ce livre est très intelligent. Je le conseille vraiment, d'autant que c'est le bouche à oreille qui peut le faire connaître.