21 avril 2012

Mingarelli

Je viens de lire non pas un, mais deux livres de Mingarelli. Coup sur coup, un peu par hasard. Parce que Mingarelli est un auteur que je ne parviens pas bien à situer.
On fait parfois de lui un écrivain pour la jeunesse. Sans doute parce qu'il raconte des histoires simples, et touchantes.  C'est vrai. Mais ses histoires sont assez subtiles pour séduire n'importe quel lecteur, quel que soit son âge.
Parfois aussi on veut faire de lui un "nature writer" à l'américaine. Mais il sera toujours difficile pour un auteur français d'imaginer un personnage aux prises avec une nature aussi sauvage et puissante que la nature américaine. Question d'espace. 
On dit encore qu'il creuse toujours le même sillon, celui de la relation père/fils. Avec quelques variantes. Ce n'est pas faux. Mais qu'y a-t-il de plus important que la relation entre deux êtres humains ? Et n'est-ce pas le propre d'un grand écrivain que de reprendre sans se lasser le même thème, celui qui le définit. Comme Modiano qui n'a cessé d'écrire sur la mémoire et la guerre, la guerre et la mémoire.


Le voyage d'Eladio date de 2005. La Promesse de 2009. Un homme se met en marche, un matin. Un homme fait glisser sa barque sur l'eau, dans le silence du jour qui se lève. Il est seul. Il avance. Traverse le lac et remonte le long de la rivière.  Marche dans le désert, au delà des collines. Il avance parce qu'il a quelque chose d'important à accomplir, une promesse à tenir, un voleur à rattraper.... Les similitudes entre les deux récits sont évidentes. Mais le plus important est ce qui se passe dans la tête de l'homme, c'est-à-dire sa relation au monde et aux autres. Il a une tâche à accomplir, une tâche peut-être vaine, à laquelle il s'astreint malgré tout parce que s'il n'allait pas jusqu'au bout de sa peine, il ne serait pas à la hauteur de l'idée qu'il se fait de lui-même, qu'il se fait de l'être humain.

Un roman de Mingarelli, c'est tout simple - simple mais pas mièvre, contrairement à ce que laisse penser l'illustration de couverture - un récit limpide, une écriture juste, loin des effets de mode. Un plaisir rare.

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