19 mars 2013

Hasard des calendriers, la saison est aux films espagnols et latinos.  Ici et ailleurs.
Tant mieux car cela fait beaucoup de films intéressants à voir.

No, le film de Pablo Lorrain pourrait n'être qu'un documentaire sur une campagne électorale, en l'occurrence celle qui a permis aux démocrates chiliens de faire tomber Pinochet en 1988.
Un référendum avait été organisé qui devait logiquement confirmer et justifier aux yeux de l'opinion internationale les pouvoirs du Général. Oui mais voilà : l'opposition a été chercher un jeune publicitaire talentueux pour lui confier sa campagne électorale. Le caillou qui a fait déraper la machine.

Je ne sais si la version de Pablo Lorrain est conforme à la vérité historique; en effet, c'est donner beaucoup de pouvoir à la pub et à la communication, soupçonnée de faire et défaire les gouvernements. Mais c'est justement l'intérêt du film que de poser la question. Car si la joliesse des images, la vivacité des couleurs et l'allégresse de la bande son a pu faire tomber Pinochet, les mêmes images ne pourraient-elles pas aussi bien porter au pouvoir quelque infâme tyran ? Platon n'accusait-il pas les grands rhétoriqueurs d'avoir fait condamner Socrate ? Les films de Leni Riefenstahl n'ont-ils pas contribué à l'aura du régime nazi ? La différence entre propagande et communication n'est-elle pas de plus en plus ténue ?



En attendant d'avoir la réponse aux questions que l'on se pose sur les relations entre publicité et politique, le film est suffisamment prenant pour qu'on ait plaisir à le voir et à se projeter, non sans une certaine nostalgie,  dans ces images des années 80.

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