03 octobre 2013

Le Majordome

On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Ni de bon cinéma. Et c'est franchement dommage ! Car Le Majordome n'est pas un très bon film et son sujet aurait mérité mieux.

De quoi s'agit-il ? De faire l'histoire des Noirs américains - oui je sais, je devrais dire Afro-américains, mais pourquoi se cacher derrière les mots ?  -  l'histoire donc des Noirs américains depuis les champs de coton jusqu'à l'élection d'Obama, en prenant comme prétexte la biographie d'un majordome de la Maison Blanche. Personnage bien réel au deumeurant.

Le film n'est qu'un long retour en arrière : le majordome se souvient de sa mère, violée par un maître blanc dans un champ de coton, de son père tué par le même odieux personnage, de son apprentissage d'homme "invisible". Black boy de Richard Wright, Invisible man de Ralph Elison  autant de références à la littérature noire américaine et au dilemne des générations qui ont grandi après l'abolition de l'esclavage : se comporter en "bon noir", en Uncle Tom ou revendiquer haut et fort ses droits à l'égalité. Le fils du majordome s'engage auprès de Martin Luther King, puis auprès de Malcom X et des Black Panthers  pendant que son père reste un homme soumis, dont la soumission permet de faire vivre sa famille et de payer les études universitaires du fils ! Le sit-in de Woolworth, l'intégration des premiers étudiants noirs à l'université du Mississippi, le massacre du pont de Selma, l'assassinat de Martin Luther King et celui de Robert Kennedy, le défilé des présidents à la Maison Blanche, en deux heures de temps, c'est toute l'histoire  américaine du XXe siècle qui défile sur l'écran. C'est beaucoup, c'est trop. Et surtout l'effort didactique est beaucoup trop visible. Les personnages, même le grand Whitaker, ont l'air d'être là pour servir la démonstration : chacun incarne une option dans la marche des Noirs vers l'égalité.

Le Majordome n'est pas un mauvais film, c'est juste un film plein de bonnes intentions. Un outil didactique, plutôt bien fait. Un film utile à défaut d'être un chef-d'oeuvre cinématographique.  

Aucun commentaire: