13 novembre 2013

Voyage en Italie

Réviser ses classiques de temps en temps, c'est plutôt intéressant. Surtout si, après la séance,  commentaires et discussions permettent de préciser sa pensée.

Ainsi du Voyage en Italie, le film de Rossellini tourné en 1954, j'ai surtout retenu le thème de l'incommunicabilité. Il est vrai qu'à ce thème on associe plutôt le nom d'Antonioni, mais Rossellini me paraît ici aller plus loin encore.

L'attention du spectateur se concentre dès le début sur le couple, enfermé dans sa voiture, dont les échanges semblent exclusivement fonctionnels. La suite du film ne fait que confirmer cette hypothèse, leurs intérêts sont trop différents pour que le couple perdure au-delà de ce voyage qui semble raviver les rancoeurs. Chacun semble vivre dans sa propre sphère, son propre univers, une situation non pas choisie mais subie.
Va pour la psychologie à la petite semaine. Mais il n'est pas certain que Rossellini, en dépit de ses aventures conjugales et extra-conjugales se soit à ce point passionné pour les histoires de couple. Sauf à imaginer que pour lui, il existe une incommunicabilité fondamentale entre les hommes et les femmes, quelles que soient les histoires individuelles.

Plusieurs scènes néanmoins amènent le spectateur à s'interroger: pourquoi cette insistance sur la villa luxueuse et vide, alors qu'à la cuisine tout le personnel s'agglutine; pourquoi cette agitation post-prandiale alors que les Italiens sagement font la sieste;  pourquoi cette Rolls-Royce, ce manteau de fourrure, ce luxe et cette oisiveté qui ne font que souligner l'écart entre deux mondes, celui d'une bourgeoisie qui ne sait que faire de son temps libre et celui du peuple qui travaille; pourquoi surtout cette scène insistante entre la cuisinière et le mari, si ce n'est pour signifier qu'il n'y a pas de communication possible entre les uns et les autres, chacun s'obstinant à parler dans sa langue et s'irritant de ce que l'autre ne le comprend pas.

Il me semble qu'il y a plus dans ce film qu'une histoire de couple sur fond de carte postale et qu'en fin de compte la mésentente du couple n'est peut-être qu'une métaphore de la division du monde.

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