03 décembre 2013

Una Noche


Una Noche est le premier long métrage d'une jeune réalisatrice, Lucy Mulloy. D'un premier film il a à la fois les maladresses et la fougue, et c'est ce qui en fait le charme. Mais Una Noche n'est pas un film tendre, loin de là.


La tendresse pourtant existe. Elle existe entre les personnages : l'affection et l'admiration de Lila pour son frère jumeau est évidente; comme est évident l'attachement d'Elio est à sa soeur, qu'il n'a de cesse de protéger. Raoul lui-même qui dans le film tient le rôle du mauvais garçon fait des pieds et des mains pour procurer à sa mère (sa grand-mère ?) les médicaments dont elle a besoin.

Mais c'est la vie qui, à Cuba, est dépourvue de tendresse car il s'agit par tous les moyens de survivre dans un système dont l'échec, malgré les tentatives de Lila pour le défendre, est patent. Combines en tous genres, petites arnaques, prostitution, le régime cubain n'est plus celui du communisme ni même du socialisme mais celui de la débrouille et du désespoir. La démonstration de Lucy Mulloy est si convaincante que je me suis demandée un moment si son film n'avait pas été financé par les anticastristes de Miami .... Mais il y a dans ce film une telle énergie, une telle intensité dans les émotions, une telle empathie pour le peuple cubain que l'impression qui domine en fin de compte c'est que la réalisatrice, qui a apparemment passé plusieurs années à Cuba, a su capter l'âme de ce peuple, avec sa rage, son désespoir, mais aussi son insouciance, sa vitalité, et sa capacité de résistance. Jusqu'à ce que, toute capacité de résistance épuisée, il n'y ait plus d'autre solution que la fuite. Sur un radeau de fortune.


J'ai quitté la salle en proie à des impressions contradictoires, mais surtout accablée à l'idée que La Havane était redevenue, comme au temps de Batista, un lupanar pour touristes friqués.

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