25 mars 2014

El Limpiador

Ni le titre (le nettoyeur) ni les premières images du film d'Adrian Saba ne sont très avenantes : scène de nuit;  l'écran coupé en deux par l'angle d'un auvent de plastique jaune le long d'une route où passent de rares voitures; un homme fume au bord du trottoir, jette sa cigarette, fait un pas, un crissement de pneus....
A l'image suivante le nettoyeur, vêtu d'une combinaison blanche, et chaussé de bottes en caoutchouc est à l'oeuvre; son balai passe et repasse sur la même tache de sang. On ne découvrira son visage que lorsque, rentré chez lui, il jette ses clefs sur une petite table, geste machinal qui marque en fait le passage des jours, jusqu'au dernier ...
Dans la ville où sévit une épidémie, le "limpiador" est chargé de nettoyer et de désinfecter les maisons une fois que les cadavres ont été emportés.
L'image est grise, couleur béton; l'environnement est moche, le "limpiador" peu avenant et quasi mutique.
Allez aimer un film présenté comme cela....

Et bien si ! Il faut aller voir ce film. Parce qu'au cours d'un nettoyage, le "limpiador" trouve un enfant, terré dans un placard. Un enfant dont il ne sait que faire. A qui il ne sait que dire. Mais quand, après avoir percé deux trous dans une boite en carton il tend à l'enfant ce casque improvisé,  ce casque protecteur, - géniale trouvaille - on se dit que peu à peu, il saura l'apprivoiser. A moins que ce ne soit l'enfant qui apprivoise l'homme et lui restitue, mine de rien, son humanité.


El Limpiador, malgré les apparences, est un très beau film, un film sans concession, réduit à l'essentiel, c'est-à-dire au lien qui unit deux êtres aussi perdus, aussi menacés l'un que l'autre dans un monde pestiféré. Le grand mérite du jeune réalisateur péruvien est d'avoir choisi la rigueur et l'austérité pour ce premier film, pensé dans ses moindres détails. Certains le trouveront peut-être austère, je l'ai trouvé simplement exigeant. Et c'est ce qui en fait, je crois, la beauté.


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