30 septembre 2014

Pittsburgh : les musées


Banlieues et friches industrielles mises à part, Pittsburgh est une ville comme les autres : grands immeubles de bureaux "downtown", quartiers plus résidentiels de l'autre côté du pont, à mi chemin entre délaissement et embourgeoisement, mais c'est cet entre-deux qui en fait le charme.


Le musée Andy Warhol, enfant de Pittsburgh,  est le principal lieu d'attraction, touristique plus qu'artistique. J'avoue que la visite du musée n'a pas levé mes réticences à propos de cet "artiste"; Andy Warhol attachait beaucoup d'importance à la commercialisation de son oeuvre; la fondation qui gère le musée s'y emploie activement ! Très activement !

J'ai préféré l'ambiance du Matress Factory Art Museum - installé, comme son nom l'indique, dans une ancienne fabrique de matelas - qui s'emploie à faire connaître des artistes contemporains particulièrement novateurs.
Je savais y trouver quelques oeuvres de James Turell, ce magicien de la lumière. 


Au début, ébloui, on ose à peine approcher, mais il faut s'immerger, se laisser envelopper par la lumière. Accepter de perdre ses repères, de confondre creux et plein, plat et profond... Chaque oeuvre de James Turell est en fait une véritable expérience sensorielle. Dérangeante parfois. Troublante en tout cas.

Presque aussi vertigineuses, les deux installations de Yayoi Kusama, avec des effets de profondeur multipliées par les miroirs et l'obsession des pois. 


Dans un bâtiment annexe,  Chiharu Shiota a, à la façon d'une araignée,  tissé sa toile et tendu ses fils qui recouvrent les murs, les meubles, les fenêtres...


On progresse doucement, comme dans un manoir hanté, ou le royaume de la Belle au Bois dormant.



29 septembre 2014

Braddock public library


J'avais une autre bonne raison d'aller à Braddock. En effet c'est dans cette petite ville qu'a été ouverte en 1889  la première bibliothèque Carnegie des Etats-Unis. Grâce au financement d'Andrew Carnegie bien sûr, homme d'affaires ET philanthrope. Avec salle de concert adjointe et, à une époque où l'eau courante n'était pas encore la norme, des salles de douche afin que les ouvriers afin que le ouvriers aient la possibilité de se décrasser avant d'entrer dans le bâtiment et de s'approcher des livres qui, autre nouveauté, étaient en libre accès.


La bibliothèque est restée en fonction jusqu'en 1974 et aurait été démolie si un groupe d'habitants ne s'était constitué pour sauver le bâtiment et maintenir le fonctionnement de la bibliothèque, qui est toujours ouverte effectivement ... mais pas à l'heure à laquelle je suis passée. Dommage ! Car dans mes voyages américains, les bibliothèques et les librairies tiennent une place de choix. 

http://www.braddockcarnegielibrary.org/history



L'histoire des bibliothèques Carnegie (comme celle de Carnegie lui même) est assez fascinante; il suffit de voir comment, entre 1889 et 2019, les bibliothèques Carnegie se sont multipliées aux Etats-Unis (en espérant que le lien fonctionne comme il faut ! ) 

http://mapstory.org/maps/947#sthash.xv0ZCnNq.LWvqJ8cC

La Maison sur la cascade


Some dreams come true ! 
J'ai un peu traîné sur la route, il est vrai, alors que j'avais un rendez-vous important. Mais je suis arrivée à temps quand même pour visiter la Maison sur la cascade, l'oeuvre la plus connue de Frank Lloyd Wright.  Celle que je rêvais de visiter depuis des années.


Rêvais de visiter, peut-être pas d'habiter ! Car bien que convaincue du génie de Frank Lloyd Wright, de son immense créativité, de son sens esthétique (et malgré tout pratique car toutes ses réalisations regorgent d'astuces bien pensées ) je ne peux m'empêcher de m'interroger sur leur habitabilité. Il est vrai que dans les années 30, quand la M. et Mme Kaufmann ont engagé Frank Lloyd Wright, on ne se souciait pas encore d'isolation et de conservation de l'énergie. Je suppose donc que dans cette maison  accrochée aux rochers et construite non pas face à, mais sur la cascade,  il devait parfois faire froid et surtout humide. Mais après tout, les Kaufmann n'y venaient que le week-end !  Et cette maison en symbiose totale avec la nature, avec l'eau, les rochers, les arbres, c'est la démonstration la plus parfaite de l'architecture organique telle que la concevait Frank Lloyd Wright.


Un endroit idéal pour recevoir - et les Kaufmann apparemment recevaient beaucoup -  pour descendre se baigner dans la rivière sans même quitter la maison, pour sortir pêcher ou se promener dans les bois. Un endroit encore pour se prélasser au soleil sur l'une des innombrables terrasses ou se réfugier au coin du feu pour lire.

Menée par une guide aussi charmante que compétente, la visite m'a subjuguée.
Seules les photos de l'extérieur étant autorisées, si vous voulez vous faire une idée de l'intérieur, il faudra aller sur le site de la Fondation.


28 septembre 2014

Pittsburgh : la sidérurgie

Après avoir vu cet hiver le film de Jean-Loïc Portron et Gabriella Kessler, Braddock America, j'avais envie, puisque je me trouvais en Pennsylvanie, de voir sur place ce qu'il en était.

Braddock, dans la banlieue de Pittsburgh est le lieu choisi par Andrew Carnegie pour y installer l'une des premières et l'une des plus grandes industries métallurgiques, mettant à profit l'excellente qualité du charbon extrait en Pennsylvanie. 
C'était en 1873. Le début de la prospérité économique pour la région.
Depuis ? ... Depuis, les mines se sont taries, la production d'acier a diminué, les hauts fourneaux se sont éteints et les emplois ont disparu.  Restent les murs, et les machines : les friches industrielles sont les ruines du XXIe siècle.

La petite ville de Clairton marque l'entrée de la Steel River Valley quand on vient de l'Est; ce qui frappe tout d'abord c'est la vapeur qui sort des cheminées d'usine, preuve que certaines industries fonctionnent encore.


D'ailleurs, un peu plus loin, les barres d'acier empilées devant l'usine Edgar Thomson témoignent de l'importance de sa production, encore aujourd'hui. 


Une immense statue, à la gloire des ouvriers, marque l'entrée de l'usine. Un peu kitsch j'en conviens.

 
Devant les hauts fourneaux de Rankin, quelques miles plus loin, les images disent la même fierté mais racontent l' histoire au passé. Les hauts-fourneaux 6 et 7, construits en 1907 et qui dans les années 50 et 60 produisaient jusqu'à 1250 tonnes de fer par jour, ont été éteints en 1978.  Ils sont restés longtemps à l'abandon mais contrairement aux autres, n'ont pas été démolis. Classés "National Historic Landmark depuis 2006, ils peuvent désormais être visités, sous la conduite d'un ancien employé de la Homestead Steel Works. Une visite en tous points passionnante. 

Petit matin grisouilleux. Après avoir erré dans une banlieue désolée et surtout déserte, sans personne à qui demander son chemin on finit par arriver à l'entrée du site. 
De loin la silhouette des hauts fourneaux peut faire illusion, mais de près ....


 Les murs se sont effondrés et la rouille a tout envahi.


La rouille... et la végétation ! 

 

J'écoute avec attention les explications de notre contre-maître, un peu perdue dans les chiffres et les termes techniques; émue et impressionnée quand il raconte les conditions dans lesquelles les ouvriers travaillaient.

Fascinée surtout par les masses, les formes, les couleurs, et la façon dont les graines et les racines se sont faufilées partout. Je pense aux racines des fromagers qui envahissent et descellent les pierres des temples d'Angkor.  


Un autre millénaire, une autre civilisation. 
Je me souviens de la phrase de Valéry : "Nous autres civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. "



Sur la route de Pittsburgh, une énigme à résoudre

Les cimetières américains sont, en général, très différents des cimetières européens, envahis par la pierre et le béton. Engazonnés, arborés, ce sont des lieux paisibles où l'on a éventuellement plaisir à se promener.
Celui que j'ai aperçu le long de la route qui me menait vers Pittsburgh était un peu différent car très fleuri, bien qu'on soit loin encore de la Toussaint. Mais ce qui m'a intriguée, c'est la taille du cimetière, le nombre de tombes et surtout de drapeaux.


Faute de l'avoir clairement identifié et localisé, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait du site où s'était écrasé le vol 93 de la United Airline après l'attaque terroriste du 11 Septembre 2001.
Ce ne semble pas être le cas : l'avion s'est bien écrasé dans les environs mais le Mémorial géré par le NPS se situe un peu plus au Nord. Le cimetière que j'ai aperçu au bord de la route 281 (et identifié grâce à Goggle map) est le Somerset County Memorial Park. 

Reste à trouver une explication au nombre de drapeaux. Les drapeaux américains marquent, je crois, la tombe d'un vétéran, quelqu'un qui a servi dans l'armée, qu'il ait combattu ou non. Les drapeaux rouges - merci aux capacité d'agrandissement de mon Mac -  portent l'inscription "Loyal to our duty", la devise des pompiers.


Malgré mes recherches, je n'ai pas trouvé d'autre explication. Curiosité non satisfaite !  Je compte sur mes amis américains pour me suggérer une réponse.
Un jour de commémoration particulier peut-être ?
http://www.huffingtonpost.com/2014/09/05/obama-national-day-of-prayer_n_5774636.html

27 septembre 2014

Brian Dowdall

 

Au musée d'art visionnaire de Baltimore étaient exposés les étranges animaux de Brian Dowdall, qui manie vigoureusement les formes et les couleurs pour représenter non pas les animaux eux-mêmes mais leurs esprits . 
Brian Dowdall peintre autodidacte, originaire du Montana, est désormais installé à Baltimore après avoir traversé les Etats-Unis de long en large dans les années 60, et vécu dans le petit village de Puerto Marquez au Mexique en compagnie d'un ami indien. 


Ses tableaux méritaient sans doute mieux que le bout de couloir où ils étaient installés, sous une lumière violente et sans recul possible.  Mais ils expriment une telle vitalité qu'ils résistent malgré tout à ces mauvaises conditions d'exposition

23 septembre 2014

Les Musées de Baltimore

Un parcours rapide du Musée de Baltmore m'a permis d'admirer un tableau d'un peintre que j'aime vraiment beaucoup : Rothko, parmi d'autres artistes américains  comme Robert Motherwell, Jasper John, Rauschenberg... considérés désormais comme des classiques du XXe siècle.


Par comparaison, les oeuvres exposées au American visionary art museum sont d'une facture nettement plus ... comment dire.... bizarre. Cela tient de l'art brut, de l'art populaire, du kitsch... C'est parfois très laid, parfois très drôle.


Et c'est presque par hasard que j'ai découvert le dernier musée, un petit musée maritime,  installé dans un ancien phare : le Seven Foot Knoll lighthouse, qui n'ayant plus d'utilité à son précédent poste, a été déplacé jusque sur le port de Baltimore.
Des trois, c'est peut-être mon préféré ! Mais j'aurais bien aimé le visiter quand il était encore en mer ...





22 septembre 2014

Batlimore marble steps

Dans mon précédent blog je mentionnais les fameux escaliers de marbre de Baltimore.

Le marbre provient d'une carrière située à une vingtaine de kilomètres au Nord de Baltimore; ce marbre, d'excellente qualité, a servi à la construction des monuments de la capitale, et comme il transitait par le port de Baltimore, il était facile de s'en procurer. C'est ainsi que les habitants de Baltimore sont devenus très fiers de leurs escaliers de marbre au point de consacrer leurs samedis matin au lessivage des marches de leur maison.
Une bonne occasion de rencontrer ses voisins, de faire connaissance, de papoter ... 

Petit détail d'importance, le lessivage n'était pas une tâche réservée aux femmes. Sur la photo en tout cas. 

Je crains que la tradition ne se soit un peu perdue...
bien que ...

http://youtu.be/2U8S93MWJuk


Baltimore

Pour qui a regardé avec passion les 5 saisons de la série The Wire ( Sur Écoute ), Baltimore était un "must". Mais il n'est pas évident de retrouver, dans cette grande ville du Maryland, l'atmosphère de la série.
Certains quartiers traversés en voiture, avec leurs maisons accolées et leurs escaliers de marbre (une des caractéristiques de Baltimore) pouvaient avoir servi de décor à quelques scènes récurrentes, mais c'est le port surtout qui m'a paru évocateur d'une certaine atmosphère.




Mais limiter Baltimore au décor d'une série policière américaine serait franchement abusif. D'autant que depuis le tournage du film, Baltimore a déjà changé; les quartiers proches du port en particulier sont en voie de gentrification.

Des immeubles neufs, mais dans l'esprit du lieu, côtoient des immeubles plus anciens, restaurés ou pas. Cela donne de jolies rues ombragées où chacun a à coeur de se distinguer de son voisin par la couleur de sa porte.


Parfois c'est toute une rue qui prend de la couleur.


et Baltimore soudain n'a plus rien à voir avec The Wire, ses voyous, ses flics, ses syndicalistes et ses politiciens.  Dommage ? Non, quand même pas !

21 septembre 2014

Philadelphie : le pénitencier

Parmi les lieux insolites que l'on peut visiter à Philadelphie, il y a l'Eastern State Penitentiary.
Conçue comme une prison "modèle" le pénitencier a ouvert ses portes en 1829. Ouvert ? Oui sans doute mais pour mieux les refermer parce que, pour suivre les principes inspirés par les Quakers, les prisonniers devaient être strictement isolés les uns des autres pour mieux se repentir. Les cellules individuelles s'alignent donc le long de sept couloirs disposés en étoile.


Chauffage centralisé, eau courante, fénestron par lequel pénétrait "la lumière du ciel" : les cellules étaient révolutionnaires pour l'époque et leur relatif "confort" devait compenser l'isolement total dans lequel vivaient les prisonniers. Lors de leurs rares sorties dans la cour, ils étaient obligés de porter un capuchon pour ne pas rompre leur solitude, condition même de leur amendement.

Au début des années 1970, la dégradation des lieux est telle que le pénitencier est abandonné. 20 ans plus tard, les mauvaises herbe en tout envahi et le pénitencier est devenu une véritable jungle, que des passionnés d'histoire et d'architecture transforment en musée.




Et c'est comme cela que je me suis retrouvée à errer dans ces couloirs lugubres, à scruter l'intérieur des cellules et à imaginer la vie quasi monastique des prisonniers, à la recherche , quand même, de la cellule du plus célèbre des prisonniers : Al Capone. 


Les voies du Seigneur sont impénétrables et je ne sais combien de truands se sont effectivement repentis et amendés lors de leur séjour à l'Eastern State Penitentiary, mais je sais que l'argent y pénétrait aisément, puisqu'elle a permis au "roi" de la pègre de s'installer très douillettement.

PS. J'ai visité la prison de jour et l'ai trouvé suffisamment impressionnante, contente de trouver à chaque coin de rue un "gardien" pour m'indiquer la sortie.  Si vous n'avez pas peur de la crise cardiaque, essayez la visite de nuit, au moment d'Halloween !
 http://www.easternstate.org/halloween

20 septembre 2014

Philadelphia : the Art Museum



Bien que de facture "néo-classique" le musée de Philadelphie porte au sommet de son toit, un signe qui marque son appartenance à la Pennsylvanie (bien que ce soient  plus souvent des oiseaux qu l'on voit de part et d'autre de l'axe arboré).
Les collections du musée sont très riches, en particulier en ce qui concerne l'art du XXe siècle. Mais je crains d'avoir passé plus de temps à l'extérieur qu'à l'intérieur, à observer ce qui se passait sur les marches du musée.


Photos de mariage, avec en arrière plan les buildings du centre-villen...


ou photo de groupe de jeunes sportifs autour  du plus grand d'entre eux, un géant qui les dépassait tous d'au moins une tête.

Les escaliers semblent être un terrain de jeu extraordinaire pour sportifs de tous niveaux ...


 ... de tous âges et de tous gabarits !


Mais si les plus nombreux étaient, ce jour-là vêtus de rose, c'est qu'il s'agissait de marcher pour lever des fonds et aider ainsi à lutter contre le cancer du sein. Un parcours de 60 miles sur 3 jours !

A la descente de l'escalier, la statue de Rocky, les bras levés en signe de victoire, les attendait. La lutte contre le cancer comme un match de boxe ? Pourquoi pas, mais surtout  un combat de longue durée abordé ici dans la bonne humeur !


Philadelphia : Independance Hall

C'est certainement l'un des lieux les plus emblématiques des Etats-Unis puisque c'est là, dans ce bâtiment, dans cette salle qu'a été signée la déclaration par laquelle les 13 premières colonies américaines se sont affranchies du joug anglais.  C'est dans cette même salle encore qu'a été élaborée et signée la première moulure de la constitution américaine,  dont le premier amendement garantit aux citoyens américains  liberté de religion, de parole, de presse et de réunion. 



"Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances."

 Bien que plus personne dans cette salle ne porte perruque et bas blancs, il me plaît d'imaginer les débats entre les participants, et d'entendre encore comme l'écho de leur voix. J'imagine aussi la cacophonie, les coups de gueule car chacun des signataires avait sans doute son opinion à faire valoir. 


Mais il y a forcément eu un moment où les livres de références ont été fermés, les plumes dans les encriers taillées une fois de plus et la déclaration dûment signée ! 


 La liste des 56 signataires, parmi lesquels Thomas Jefferson et Benjamin Franklin (telle qu'elle est donnée ici) est assez édifiante, surtout quand on sait que ces hommes, plutot bien lotis financièrement,  avaient tout à perdre et que la plupart d'entre eux se sont effectivement retrouvés plus pauvres après la guerre. Certains s'enrichissent en faisant de la politique, d'autres non...

Depuis 1948, le Hall de l'Indépendance est géré par le Service des Parcs Nationaux. C'est donc un ranger, ou plutôt une ranger, qui a mené la visite, tambour battant. Très soucieuse, devant un auditoire venu de différents Etats américains et de pays comme l'Angleterre, l'Allemagne, la Serbie, le Mexique, la Chine ou ... la France de rappeler que les droits édités dans cette salle sont non seulement ceux des citoyens américains mais sont aussi  - ou devraient être - ceux de tous les hommes.


(Mouaih !  Quand même, je me passerais bien du second, qui me donne le droit de porter une arme !)