28 septembre 2014

Pittsburgh : la sidérurgie

Après avoir vu cet hiver le film de Jean-Loïc Portron et Gabriella Kessler, Braddock America, j'avais envie, puisque je me trouvais en Pennsylvanie, de voir sur place ce qu'il en était.

Braddock, dans la banlieue de Pittsburgh est le lieu choisi par Andrew Carnegie pour y installer l'une des premières et l'une des plus grandes industries métallurgiques, mettant à profit l'excellente qualité du charbon extrait en Pennsylvanie. 
C'était en 1873. Le début de la prospérité économique pour la région.
Depuis ? ... Depuis, les mines se sont taries, la production d'acier a diminué, les hauts fourneaux se sont éteints et les emplois ont disparu.  Restent les murs, et les machines : les friches industrielles sont les ruines du XXIe siècle.

La petite ville de Clairton marque l'entrée de la Steel River Valley quand on vient de l'Est; ce qui frappe tout d'abord c'est la vapeur qui sort des cheminées d'usine, preuve que certaines industries fonctionnent encore.


D'ailleurs, un peu plus loin, les barres d'acier empilées devant l'usine Edgar Thomson témoignent de l'importance de sa production, encore aujourd'hui. 


Une immense statue, à la gloire des ouvriers, marque l'entrée de l'usine. Un peu kitsch j'en conviens.

 
Devant les hauts fourneaux de Rankin, quelques miles plus loin, les images disent la même fierté mais racontent l' histoire au passé. Les hauts-fourneaux 6 et 7, construits en 1907 et qui dans les années 50 et 60 produisaient jusqu'à 1250 tonnes de fer par jour, ont été éteints en 1978.  Ils sont restés longtemps à l'abandon mais contrairement aux autres, n'ont pas été démolis. Classés "National Historic Landmark depuis 2006, ils peuvent désormais être visités, sous la conduite d'un ancien employé de la Homestead Steel Works. Une visite en tous points passionnante. 

Petit matin grisouilleux. Après avoir erré dans une banlieue désolée et surtout déserte, sans personne à qui demander son chemin on finit par arriver à l'entrée du site. 
De loin la silhouette des hauts fourneaux peut faire illusion, mais de près ....


 Les murs se sont effondrés et la rouille a tout envahi.


La rouille... et la végétation ! 

 

J'écoute avec attention les explications de notre contre-maître, un peu perdue dans les chiffres et les termes techniques; émue et impressionnée quand il raconte les conditions dans lesquelles les ouvriers travaillaient.

Fascinée surtout par les masses, les formes, les couleurs, et la façon dont les graines et les racines se sont faufilées partout. Je pense aux racines des fromagers qui envahissent et descellent les pierres des temples d'Angkor.  


Un autre millénaire, une autre civilisation. 
Je me souviens de la phrase de Valéry : "Nous autres civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. "



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