31 octobre 2014

Les Combattants

Je continue mon rattrapage cinématographique avec pour une fois un film français : Les Combattants. 
Le jeune réalisateur, Thomas Galley, construit son scénario sur un schéma ultra classique : un garçon, une fille qui n'ont au départ rien en commun - genre le prolo et la bourgeoise - et ne sont pas fait pour s'entendre ni même pour se rencontrer si le hasard n'y mettait du sien.
Arnaud donc, déstabilisé par la mort de son père, n'arrive pas à décider ce qu'il veut faire de son été, quand il rencontre Madeleine, qui, persuadé que le monde approche de sa fin s'est programmé un entraînement intensif aux techniques de survie. Deux profils antithétiques et pour une fois non conventionnels :  "le dur à cuire" c'est elle; "le coeur d'artichaut" c'est lui.  Malgré ce que le résumé peut avoir de caricatural la façon dont le réalisateur tourne autour de ses personnages, les tourne et les retourne est tout à fait stimulante. Si l'on imagine plus ou moins le point d'arrivée, on se demande tout au long du film comment le réalisateur va y arriver et si le film ne va pas, en fin de compte, basculer vers le cinéma apocalyptique. 
Les Combattants est un film habile, qui joue avec les attentes des spectateurs sans jamais lui donner tout à fait raison.


30 octobre 2014

Leviathan

 Dommage que son nom soit si difficile à prononcer pour un non russophone parce qu'en quatre films - mais je n'en ai vu que trois - Andreï Zviaguintsev a déjà réussi à créer une oeuvre. C'est à dire que de film en film il creuse un peu les mêmes sujets, pose les même questions. Comment garder un semblant d' humanité dans un monde qui va à vau-l'eau ?

Je crains que la vision de Zviaguintsev ne soit de plus en plus pessimiste car dans cet affrontement entre un homme et un système corrompu, les jeux semblent faits dès le départ. 
Kolia est très attaché à la vieille maison où il a toujours vécu et effectivement avec ses grandes fenêtres qui ouvrent sur la mer de Barents, elle a beaucoup de charme. Mais quelles sont ses chances d'y vivre jusqu'à la fin de ses jours comme avant lui ses parents et ses grands-parents, face à l'appétit d'un promoteur immobilier qui se trouve être le maire de la ville,  L'ami avocat qui vient à son secours n'empêchera pas le désastre annoncé.

Léviathan est une histoire russe, les quantités d'alcool ingurgités par les uns et les autres en témoignent ! Et comment ne pas voir dans la carcasse de ce monstre marin échoué sur la grève, la représentation symbolique d'un système politique et économique qui n'a pas tenu ses promesses. Mais l'histoire elle, est universelle. C'est celle du pot de terre contre le pot de fer, celle de David contre Goliath. Banale hélas.



26 octobre 2014

Sherley

J'aurais aimé adorer ce film. Et en réalité je l'aime suffisamment pour avoir envie de le revoir. Mais quand même, l'absence d'intrigue ne permet pas d'éviter totalement l'ennui.

Il existe bien un lien d'une scène à l'autre, mais un lien extrêmement ténu, et la contemplation des tableaux reconstitués de Hopper ne suffit pas tout à fait à maintenir l'attention. C'est dommage.


Pourtant, ce premier tableau qui soudain s'anime était une bonne idée de départ et retrouver au fil des images les tableaux de Hopper que l'on connaît (ou pas !),  que l'on aime (ou pas !) est d'abord assez bluffant.
On se plaît à reconnaître les cadrages, la lumière, les couleurs du peintre; à se demander comment Gustav Deutsch, le réalisateur,  est parvenu à reconstituer aussi précisément l'atmosphère des tableaux. Mais on se lasse peu à peu et on finit par se dire qu'on préfèrerait se trouver seul en face des vrais tableaux pour être libre d'inventer notre propre histoire.

25 octobre 2014

Magic in the moonlight


La "Riviera" en cartes postales, la riche bourgeoisie des années 30 en clichés (éculés mais photogéniques!), un petit air de jazz, la nostalgie à fond les manettes.... pourquoi, quand on va voir un film de Woody Allen on a toujours l'impression d'aller voir un film tourné ... il y a longtemps !

Pourtant, Magic in the Moonlight est vraiment très drôle.

A condition de le prendre pour ce qu'il est, un film léger, insouciant, et terriblement romantique. Mais ce qui fait véritablement son charme, c'est son dialogue, finement ciselé. En particulier dans une des scènes entre Stanley, et sa vieille tante, qui  mine de rien, conduit son neveu à voir un peu plus clair dans ses sentiments.

Quant au débat entre rationalisme et pensée magique dont Woody Allen fait son miel, il ne me paraît pas si éculé que cela. Et il n'est pas déplaisant de voir que le plus grand pourfendeur de la pensée magique, est celui qui pratique, en maître, la prestidigitation. Un expert donc pour dénoncer l'insupportable crédulité qui fait le jeu des manipulateurs et des escrocs. Aujourd'hui comme hier.

22 octobre 2014

Verticalités

 
 
Verticalité urbaine versus verticalité rurale

Tradition et modernité.





Pêle-mêle américain

Sur le thème : tout n'est pas toujours rose aux Etats-Unis....



Donuts, waffles, pancakes ou french toasts, petits déjeuners de perdition.


Chambre à coucher : l'excès en tout ! 
Excès de coussins, excès de couette,  excès de matelas et de sur-matelas : excès de mollesse ! 


"As for me and my house we will serve the Lord ? "

Not me !

21 octobre 2014

Cinémas américains


Pas plus que je ne me lasse de fréquenter les librairies et les bibliothèques, je ne me lasse de fréquenter les cinémas. Ce qui, sans même parler des films, se révèle une expérience parfois curieuse.


Un complexe pour commencer, relativement banal bien que le bâtiment fasse très années 30.
Mais les salles sont équipées de fauteuils "recliners" aussi larges que longs, qui une fois dépliés permettent de regarder le film quasi allongé.  Commode si le film est un rien barbant  ! Sur les accoudoirs d'énormes cavités à la mesure des pots de pop-corns qui viendront s'y emboîter.  Programmation "grand public". The 100 Foot Journey. The Drop

 
Changement radical d'atmosphère au Zoetropolis, un drôle de cinéma situé au bout d'un couloir dans un immeuble de bureau. Pas facile à trouver ! Et la salle est pour le moins étonnante : tableaux aux murs, fauteuils de cinéma en bois et velours rouge, à l'ancienne, complétés par toutes sortes de fauteuils, bergères et canapés de récup.
Programmation pointue, pour un public de cinéphiles.  En l'occurrence le dernier film de Gondry en VO (les VO sont rarissimes aux E-U).  En français donc, sous-titré anglais ! L'Ecume des jours version Mood Indigo.


Troisième cinéma, cette fois-ci en dehors de Lancaster, à Annvile, une petite ville de moins de 5000 habitants, autant dire deux rues qui se croisent à angle droit. L'Allen theater est un cinéma, tout droit sorti des années 50 celui-là, avec rideau de velours rouge et ... une vieille dame de 94 ans au piano pour faire patienter le public.  Programmation éclectique. Le prochain Woody Allen.



 Avant ou après le film on s'arrête au MJ'S coffehouse véritable lieu de vie et de culture pour la petite ville. On y vient pour déjeuner, travailler sur son ordinateur, jouer aux cartes, assister à une lecture de poésie ou un concert, regarder l'expo du moment ... Etonnant non, pour une si petite ville ?


 Le propriétaire et inventeur du lieu avec qui nous échangeons trois mots nous confie "I have alwasy wanted a theater so my mum bought me one ! " La vieille dame qui jouait du piano est un autre personnage époustouflant qui à 72 ans décide d'obtenir un PHD et à 92, part à Salzburg écouter des opéras parce qu'elle adore la musique. 
Annville n'avait a priori rien à m'offrir sur le plan touristique, mais le hasard des rencontres en a fait un lieu mémorable

20 octobre 2014

Bookstores and libraries (suite)

Lire, rêver, dormir ...


Boosktores and libraries


Impossible de voyager, aux Etats-Unis ou ailleurs, sans aller voir du côté des bibliothèques et des librairies.

Car, bien que le nombre de librairies diminue d'année en année, il en reste quand même quelques unes...

Même en pays Amish, pourtant peu enclin à la lecture,  j'ai trouvé une librairie : quelques rares étagères, quelques livres pieux, quelques romans roses apparemment très édifiants ...

A Baltimore, on pourrait dire que les livres l'ont emporté sur l'industrie puisque Barnes and Noble, une des deux plus grandes chaînes de librairies, s'est installée dans les murs d'une ancienne centrale électrique.

Les librairies Barnes et Noble sont avant tout des supermarchés du livre mais on y trouve, outre des libraires compétents, des coins café où l'on peut feuilleter à loisir les livres que l'on a l'intention d'acheter, ou se brancher sur le wifi si l'on a besoin de travailler ou de s'informer. Quand la Fnac se décidera à faire de même, je deviendrai - peut-être - cliente de leurs magasins !


J'avoue toutefois que j'ai un faible pour les librairies indépendantes, en particulier celles qui se spécialisent dans les livres d'occasion parce que j'ai chaque fois l'impression d'entrer dans une caverne d'Ali-Baba, dont je ne suis pas sûre de ressortir tant le parcours de salle en salle s'avère labyrinthique avec, bien sûr mille et une tentations auxquelles il faut résister pour ne pas risquer le surpoids de bagages !



 Les bibliothèques sont à cet égard moins dangereuses, et la Manheim township library, une des 18 branches de la bibliothèque publique de Lancaster m'a particulièrement séduite.


Parfaitement intégrée à son environnement rural, elle se compose de plusieurs bâtiments, construits dans le style des fermes de la région. L'intérieur est spacieux et lumineux, avec de grandes baies vitrées ouvrant sur les prairies alentour. Une bibliothèque à rendre jaloux tous les amoureux des livres qui n'ont pas la chance de pouvoir la fréquenter ! 


Le lien à suivre pour vous faire une idée par vous -même


Presqu'aussi bien qu'une librairie, un gigantesque magasin de disques à Brooklyn ...


... et un super magasin de posters et d'affiches à New York.


19 octobre 2014

Amish County

 
Les Amish. Bien sûr, les Amish !
J'étais déjà venue en pays amish, en Pennsylvanie et dans l'Indiana, mais je n'avais fait que passer.
Cette fois-ci, j'ai eu trois semaines pour observer ces drôles d'Américains qui persistent à vivre comme ont vécu leurs ancêtres.




Depuis leur arrivée en 1720 dans le conté de Lancaster, ils n'ont en effet pas beaucoup modifié leurs façons de vivre, se méfiant du progrès comme de la peste.  Ce qui, en dehors de toute considération religieuse, est plutôt louable : se donner le temps de la réflexion avant d'accepter - ou non - les produits que la technologie galopante nous met sous le nez, permettrait peut-être de mieux équilibrer nos budgets et de ne pas se laisser envahir par toutes sortes d'objets très ... accessoires. Comme les machines à sécher le linge ?


Mais la "sagesse" des Amish ne va pas sans un certain nombre de paradoxes.


Ils privilégient la force physique sur toute autre source d'énergie, labourent avec des chevaux, se déplacent en charrette ou en buggy, se chauffent et s'éclairent au gaz .... mais ils mettent leur argent à la banque, se font soigner dans les hôpitaux et vendent leur produits sur Internet.



La décision d'adopter telle ou telle technologie est toujours le fruit d'une réflexion, parfois difficile à comprendre pour ceux qui ne partagent pas leurs convictions : ainsi les Amish refusent l'usage de la bicyclette mais tolèrent celui de la trottinette ! Une trottinette à grandes roues qui permet de se déplacer plus rapidement qu'à pied, mais pas très loin, pas "trop" loin. Car "il n'est pas bon que les jeunes Amish s'éloignent de leur communauté".


Et c'est bien là que le bât blesse; les enfants Amish vont à l'école, mais une école à classe unique dirigée par une jeune fille Amish qui cessera son enseignement lorsqu'elle se mariera. Les Amish ne croient pas à l'éducation. Apprendre à lire, à écrire et à compter soit, mais pas au-delà de 14 ans; et tant pis pour ceux qui auraient des velléités d'aller au-delà; l'autorisation de poursuivre des études n'est accordée qu'avec parcimonie : infirmière peut-être mais médecin, non!


Le plus étonnant à propos des Amish est d'apprendre que, contrairement à la secte de Conrad Beissel, ils ne cessent de se multiplier (7 enfants en moyenne par couple);  il est prévu que leur population double d'ici 40 ans. Ce qui n'est pas sans poser problème car les terres dans le comté de Lancaster sont devenues aussi rares que chères; pour s'installer sur leurs propres terres les jeunes Amish sont contraint de s'exiler et d'aller fonder de nouvelles communautés dans d'autres Etats comme le Wisconsin, le Wyoming ou le Colorado.


Les trois semaines passées dans le comté de Lancaster m'ont permis d'apprendre un certain nombre de choses sur les Amish, mais ne m'ont pas permis de rencontrer des Amish qui ne cherchent aucunement le contact avec le monde extérieur. Il est vrai que sur la portion de route entre Bird-in-hand et Intercourse, le tourisme de masse a fait son oeuvre ; j'ai eu un peu de mal à retrouver les impressions de mon premier voyage, impressions d'un monde rural hors du temps.

09 octobre 2014

Ephrata (PA)

Impossible de voyager en Pennsylvanie sans parler de religions. Au pluriel bien entendu.

En 1682, pour apurer ses dettes, le roi Charles II d'Angleterre octroya à William Penn un large territoire à l'Ouest du New Jersey.  Or depuis une vingtaine d'années déjà William Penn avait rejoint la Société  des Amis un groupe dissident de l'Eglise Anglicane, communément appelé les Quakers.
Les Quakers -  auxquels en 1834, Voltaire consacra ses premières lettres philosophiques - étaient gens de bonne foi, mais peu enclins à subir les dictats d'une quelconque hiérarchie,  fût-elle religieuse, puisqu' à leurs yeux tous les hommes étaient égaux.
C'est donc sur les bases des croyances "Quaker" que s'est établie la colonie de Penn Sylvania, et qu'a été fondée la ville de Philadelphia, dont l'étymologie traduit l'importance donnée à l'amour fraternel.

Tout ça pour dire que, fondée sur des principes de tolérance, la Pennsylvanie a ouvert grand ses portes à toutes sortes de sectes religieuses et accueilli sur son sol plus d'un illuminé.


Parmi ceux-ci le dénommé Conrad Beissel, un allemand persuadé que le retour du Christ sur terre était pour demain. Le charisme de Beissel était tel qu'il est parvenu a créer une petite communauté de disciples prêts à guetter avec lui les signes qui annonceraient leur départ pour le royaume de Dieu. Pour faire partie des heureux élus, il convenait de s'entraîner à vivre "comme au Paradis" et puisqu'au Paradis "on ne mange pas, on ne dort pas et on ne b... pas", la communauté s'abstenait au maximum de manger, de dormir et bien entendu de faire l'amour. Dans l'incapacité de se reproduire, les membres de la communauté se sont éteints les uns après les autres.  Beissel est mort en 1768, le dernier "célibataire " en 1813 !
Ne reste de cette ridicule aventure que les superbes bâtiments du "Cloister" à Ephrata. 


Contraints à de grandes heures de veille qui coupaient leur sommeil, les "célibataires" d'Ephrata n'avaient droit qu'à une étroite planche de bois  (38cm !) en guise de couchette et une bûche en guise d'oreiller.
Batifolage interdit. De toute façon, hommes et femmes vivaient dans des bâtiments séparés.


Du pain et de l'eau pour tout potage ?


Régime strictement végétarien en tout cas.



Au pays de la surconsommation, un régime aussi frugal est  ... une sacrée provocation !

08 octobre 2014

Wilbur Chocolate Factory

Pour qui s'est régalé des romans de Roald Dahl et en particulier de Charlie et la Chocolaterie, une fabrique de chocolat - fût-elle en Pennsylvanie - est une irrésistible invitation à la gourmandise.


L'histoire de la Wilbur Chocolate Factory de Lititz remonte à la fin du XIXe siècle et même si je ne me suis pas vraiment laissée tenter par les chocolats, (trop sucrés?),   j'ai été séduite par la collection de vieux moules et de chocolatières présentées dans les vitrines de l'atelier-boutique.




07 octobre 2014

Lititz (PA)


Lititz : "America's coolest small town" ! Le titre lui a été décerné par Budget travel en 2013 et je souscris volontiers à ce jugement .... bien que je ne connaisse pas les 924 autres petites villes qui faisaient l'objet du sondage !
Au croisement de Broad street et de Main street, Lititz apparaît définitivement comme un exemple parfait de "petite ville américaine", le charme en plus. 


Les premiers colons, en provenance de Moravie, s'y sont installés en 1710  et jusqu'en 1855, l'accès à la propriété était réservé aux seuls membres de la congrégation religieuse des Frères Moraves (une branche du protestantisme) ; les autres devaient se contenter de louer.
 

La ville entretient soigneusement les traces de son passé, comme cette très vieille maison en bois, dont les fenêtres sont ornées de frises de papier découpé. Un art venu de l'Est.


La maison la plus connue est toutefois plus récente; c'est celle où le "Général" Sutter, ruiné par la découverte de l'or sur ses terres californiennes, est venu finir sa vie. Une maison de briques toute simple où il venait reprendre des forces entre deux séances au tribunal de Washington.

Bien que la maison Sutter n'ait pas de porche, il me plaît d'imaginer le vieil homme contant pour la millième fois ses déboires à son voisin et retrouvant un brin de sérénité grâce au balancement du rocking-chair !

Le Musée de Lititz, pourtant très modeste, recèle bien des trésors, parmi lesquels la reconstitution de la chambre de Sutter,


des vitrines consacrées à la médecine au temps de la guerre de sécession ...



et deux extraordinaires horloges en marqueterie !

 
Si elles ne marquent pas la même heure, c'est sans doute parce qu'on a oublié de les remonter.