18 mars 2015

Iranien

Il n'y a sans doute pas beaucoup de copies de ce film qui circulent en France. Ce qui est bien dommage car malgré l'austérité du sujet -  quatre mollah acceptent de passer deux jours en compagnie du cinéaste et de discuter avec lui de la république islamique dont ils sont les défenseurs - le film est intéressant de bout en bout.
La rencontre a lieu dans la maison de campagne du réalisateur, Mehran Tamadon. On voit les mollahs arriver l'un après l'autre, s'installer, plaisanter. Certains sont accompagnés de leur famille (mais on ne verra pas beaucoup leurs femmes). On prépare des brochettes ... La mise en place est celle d'un banal week-end entre amis.


Les discussions qui commencent alors, sont assez formelles mais pas dénuées d'humour. Et pour le spectateur c'est peut-être là que commence la frustration car attaquer la Répubique islamique sur le port du voile imposé aux femmes n'est peut-être pas le meilleur angle d'attaque, et les mollahs ont beau jeu de renvoyer les occidentaux à l'indécence de certaines tenues. J'aurais aimé que le cinéaste interroge plutôt ces messieurs sur le fait qu'en matière d'héritage, par exemple, une femme iranienne vaut la moitié d'un homme. Ce qui me paraît autrement grave que le port d'un voile dont les iraniennes ont pris l'habitude de se jouer.
Mais sans reprendre de part en part les sujets abordés dans le film, et quel que soit l'intérêt de la discussion, on se retrouve dans ce film, comme dans un dialogue de Platon. On aimerait pouvoir apporter la contradiction au philosophe si sûr de lui, mais non  ! le dialogue est écrit et par conséquent faussé. Que le cinéaste face à ses contradicteurs ait été prudent on le comprend, et on admire son audace, mais, j'aurais vraiment aimé parfois pouvoir lui glisser quelque argument à l'oreille.
Il est vrai qu'en face de lui, ils étaient quatre, rodés depuis longtemps à l'argumentation et à la propagande.  Quatre. Ce qui d'une certaine façon faisait aussi leur faiblesse car les propos de chacun étaient tenus sous la surveillance des autres. Impossible dans ce cas de s'écarter de la doxa.
A la fin du week-end chacun reste bien entendu sur ses positions, le partisan de la démocratie et les partisans de la République islamique.  Il ne pouvait en être autrement. mais qu'un dialogue courtois ait pu exister est déjà un sujet de satisfaction.



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