28 mars 2015

Ojoloco : cinéma brésilien (Une seconde mère)

Parmi les films brésiliens présentés par Ojoloco il y avait le documentaire de Wim Wender sur le travail du photographe Selgado : Le Sel de la Terre, et un autre documentaire, de Lucy Walker sur le travail non moins engagé de l'artiste brésilien Vik Muniz : Wasteland. Deux films dont j'ai déjà parlé dans ce blog.

Mais il y avait aussi, le très beau film  d'Anna Muylaert, Val (Que horas ela volta ?). Un film de fiction cette fois au scénario très habilement construit qui met l'accent sur les différence sociales particulièrement sensibles au Brésil mais pas seulement !

Val, le personnage au coeur du récit, est une employée de maison qui s'occupe non seulement des tâches ménagères, mais de Fabinho, l'enfant unique du couple Carlos et Anna. Pour garder son travail, Val a été contrainte d'abandonner l'éducation de sa propre fille, Jessica, au père de celle-ci et à une cousine qui vit à l'autre bout du pays.
Lorsque Jessica débarque à Sao Paolo pour présenter le concours d'entrée à l'école d'architecture, elle intervient comme un élément perturbateur dans un monde où, jusque là, "tout allait de soi".  Car, contrairement à sa mère, Jessica n'a pas intégré les codes de la soumission sociale. Ce qui déstabilise à la fois Anna, une femme très imbue d'elle-même et de sa réussite professionnelle, Carlos, rentier oisif qui porte sur Jessica un regard concupiscent, et jusqu'à Fabinho, habitué par son enfance protégée, à recevoir plus qu'à se battre pour obtenir ce qu'il veut.  Mais la liberté d'esprit de Jessica déstabilise tout autant sa mère car Val sait depuis toujours que chacun doit rester à sa place et que sa place est celle d'une domestique. Elle sait, elle croit savoir... et bien qu'elle résiste à l'appel de la liberté, quelque chose un jour la fera basculer de l'autre côté.

Le film a été présenté au festival de Sundance sous le titre A second mother, un titre qui souligne le rôle que tient Val auprès de Fabinho.  Ce qui est une des lectures possibles du film, bien qu'à mes yeux le thème de la maternité, naturelle ou de substitution m'ait paru secondaire par rapport au vrai sujet du film : l'éveil d'une conscience.  Et puis le personnage de Val est si magistralement interprété par Regina Case, qu'il serait dommage de lui refuser le titre du film.  
Entre Val la domestique brésilienne et Carmela l'institutrice cubaine, le festival Ojoloco nous a cette année présenté de bien beaux personnages féminins.

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