24 mars 2015

Ojoloco : cinéma cubain 2


Trois autres films cubains étaient présentés dans le cadre du festival.

Un documentaire, Le Rideau de sucre de Camila Guzman Urzua, qui fait le point sur la génération née au début de la Révolution, adolescents dans les années 70/80 et qui sont maintenant pour la plupart revenus de leurs illusions, mais gardent au coeur la qualité de l'éducation reçue.

Melaza de Carlos Lechuga est "officiellement" une comédie, mais une comédie douce-amère et à vrai dire plus amère que douce. Les images d'ouverture sont assez claires : d'une part des paquets de propagande lancés par avion qui atterrissent dans un champ où les cannes ont été coupées il y a longtemps; d'autre part une sucrière fermée, en voie de délabrement. Sur cette lancée, le film passe de la débacle économique de Cuba à celle d'un jeune couple logé dans une maison d'une seule pièce avec leur fille et la grand-mère impotente mais autoritaire !
Lui est instituteur, elle continue de se rendre à son travail bien que l'usine soit fermée. Pour survivre, ils sont l'un et l'autre contraints de se livrer à toutes sortes de trafics, illégaux bien entendu comme la vente de viande ou la location de leur taudis à des couples illégitimes.
Si le film échappe au sordide c'est, d'une part, parce que le réalisateur choisit de faire sourire le spectateur plutôt que de le faire pleurer - ainsi dans cette scène où l'instit, face à la piscine vide, organise une séance de natation sur tabourets! - d'autre part, parce qu'entre Monica et Aldo persiste la tendresse. Ils ne sont pas toujours d'accord, mais au final se retrouvent néanmoins ensemble pour faire face aux aux tracas de la vie cubaine.



Retour à Ithaque de Laurent Cantet et Leonardo Padura, ce huis-clos à ciel ouvert n'est au fond pas si différent. Bien qu'il commence sous le ciel bleu, dans les rires et la musique, il ne cesse de s'assombrir au fur et à mesure que sont révélés les compromis, les renoncements, les trahisons de chacun des personnages. C'est le film des regrets, de la perte des illusions. De la nostalgie aussi de ce qui a été ou aurait pu être. Et le plus étonnant c'est que le film ait été autorisé par l' ICAIC (Institut Cubain d'Art et d'Industrie Cinématographique) qui contrôle toute la production cubaine. Mais cela fait partie des paradoxes de Cuba.

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