17 mai 2015

La Tête haute

Pas franchement "glamour" le film d'ouverture du festival de Cannes. D'ailleurs, présenter à un parterre de smokings et de robes du soir,  les déboires d'un jeune gamin violent avec la justice - à moins qu'il ne s'agisse les déboires de la justice avec un gamin ingérable - ressemble presque à de la provocation.
Mais soyons clair, Le Tête haute est un film qui laissera pantois n'importe quel spectateur.  Parce que l'histoire de ce gamin suivi pendant plus de 10 ans par le même juge est suffisamment réaliste et crédible pour pencher du côté du documentaire plus que de la fiction. On découvre ainsi le fonctionnement de la justice et la panoplie d'outils à la disposition du juge pour canaliser le trop plein d'énergie et les dérives de Malony, enfant sans père mais avec mère irresponsable; on apprend à se repérer dans le dédale des sigles et acronymes : EPM, CEF... On admire le comportement et le savoir-faire du personnel de ces centres, et en particulier de l'éducateur chargé de le suivre, et on finit par se demande s'ils ne sont pas tous un peu trop gentils, un peu trop patients, bref si la réalité que le film entend nous montrer n'est pas un peu édulcorée. Et on a un peu de mal à se persuader que le simple fait de devenir père permettra désormais à Malony de garder la tête haute.


Le film d'Emmanuelle Bercot est un film dont on perçoit parfaitement les intentions : placer les spectateurs face aux réalités de la justice pour enfants. Et le film fonctionne bien parce que Rod Paradot, qui tient le rôle de Malony est impressionnant de justesse, sans doute parce que remarquablement bien dirigé. Catherine Deneuve en juge pour enfant est nettement moins crédible, mais elle a derrière elle une trop longue carrière pour que l'on voit dans son personnage autre chose que Deneuve en train de jouer.  

Et puis, dès le début du film, je n'ai pu m'empêcher de penser que la justice s'occupe de l'enfant pour l'empêcher de nuire à la société, mais c'est à la mère qu'elle devrait s'en prendre car c'est bien elle la plus nuisible.


Aucun commentaire: