30 septembre 2015

Lecce ville minérale ?

La réputation de la pierre de Lecce tient aussi à sa couleur, qui selon l'éclairage peut paraître beige ou gris, et prend au soleil couchant, de jolies teintes rosées ou mordorées.



  





















De là à imaginer que Lecce est une ville toute minérale...


 Ce serait oublier les efforts de ses habitants pour introduire un peu de verdure ici et là, sur un rebord de fenêtre, un balcon, une terrasse...

 

Et puis il y a les cours intérieures, souvent dissimulées aux regards, mais où se plaisent palmiers, jasmins, orangers...
























De la cour au jardin il n'y a qu'un pas. Ce matin-là ils étaient 3 ou 4 jardiniers à désherber et surtout tailler pour maîtriser la végétation exubérante et sans cesse débordante de cette fin d'été.

 
Située tout au Sud de l'Italie, Lecce bénéficie d'un climat méditerranéen. Comme un rappel de cette situation, ces quatre fiers palmiers royaux dont la silhouette élancée domine la petite place insignifiante où ils ont été planté. Insignifiante au point de n'avoir pas de nom, la petite place en question se trouve à l'angle de la via Regina Isabella et via Giuseppe ... Palmieri ! 
Pas n'importe qui ce monsieur Palmieri (1721 - 1793) , né Marquis de Martignano (province de Lecce), riche propriétaire terrien, économiste averti, partisan des Lumières, qui prônait l'abolition du régime féodal napolitain et la distribution des terres aux paysans !

29 septembre 2015

Pietra leccese

La pierre de Lecce est une pierre calcaire, que l'on dit "facile à travailler", et, à en juger par les décorations sur les façades de la ville, je le crois aisément ... mais n'en admire pas moins le travail des sculpteurs.  



Ainsi, les quatre cariatides qui soutiennent le balcon au-dessus du porche de ce palais presque ordinaire, méritent qu'on les regarde d'un peu plus près. 


L'effet de symétrie n'est qu'illusoire. Chacune a bien un visage qui lui est propre. Visage de poupée de porcelaine aux lèvres que l'on dirait maquillées, bouche fermée ou entrouverte. Selon leur position sur la façade, à droite ou à gauche, côté intérieur ou extérieur, deux d'entre elles n'ont qu'un bras levé.
Et puis ces étranges drapés sur des corps à peine féminins, comme rongés par le temps et les éléments. Fascinantes cariatides. Inquiétantes cariatides.

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28 septembre 2015

Lecce

J'avais découvert Lecce à l'occasion d'un stage de formation et j'en avais gardé  un souvenir ébloui. L'accueil des organisateurs y était pour beaucoup, mais la beauté de cette ville, de sa pierre légèrement dorée, m'avait immédiatement conquise.
Mon deuxième séjour dans cette ville n'a fait que confirmer ma première impression.

J'aime bien entendu son effervescence baroque, la profusion de ses palais, de ses églises et l'exubérance de leur ornementation. Mais comme les rues sont très étroites, il est rarement possible de prendre suffisamment de recul pour englober d'un regard l'ensemble d'un bâtiment. Ce qui oblige l'oeil à scruter les façades, à fouiller une frondaison pour y découvrir ...


un bout de chapiteau, une figure sculptée (pas nécessairement religieuse) ...























... un dragon, plutôt mignon, qui regarde passer les foules pendant que son compagnon, Atlas, Sisyphe ou simple quidam, semble porter à lui tout seul le monde sur son dos (à défaut du monde, au moins une des somptueuses corniches de Santa Croce).


Peu soucieuse de l'iconographie religieuse ou mythique, je préfère regarder le travail des sculpteurs avec un regard d'aujourd'hui qui s'émerveille devant la finesse d'un plissé que ne renierait pas Issey Miyake.


Le plissé en question appartient à la femme dont le visage, à y regarder de plus près n'a pas l'air si avenant que cela; mépris? arrogance ? et puis cette cascade de boucles terriblement démodée ... Non décidément ! Je lui préfère la coupe courte, faussement négligée, de cet autre personnage, dont la musculature virile est mise en valeur par la plissé sophistiqué de son jupon. Je crains hélas que quelqu'un ne lui ait passé la corde au cou et qu'il ne finisse pendu haut et court. Pour quel autre méfait que sa beauté ?
























Quant à cette autre créature - royale assurément si j'en crois sa couronne - sa pose alanguie n'est-elle pas l'image même de la lascivité ? Pourtant il me semble apercevoir des ailes à la racine de ses épaules. Un ange lascif ? Qui l'eût cru ?  Quoi qu'il en soit, le pigeon semble fort bien s'accommoder de sa chevelure emmêlée puisqu'il a fait de ces dreadlocks de pierre son repaire favori.



26 septembre 2015

Vespa o bici ?

Classica ...  
                  ... o moderna


                                                 ... o forse  un po piu vechia ma "di collezione"


                                                                                                         ... e comunque bianca !

La Vespa e sempre di moda in Italia ! Perche è commodissima in quelle strade cosi strette.
Mais désormais la Vespa a une concurrente sérieuse : la bicyclette !  Car elle seule peut se glisser partout, dans les ruelles les plus étroites, comme dans les centres historiques fermés à la circulation.


Il y a la bicyclette du touriste, placée sous la garde du panneau explicatif.


Celle de la petite fille et sa maman.                     Celle du sportif tout terrain.

             
Il y a les vélos des enfants sages sur la place de l'école


Et les vélos de course des randonneuses américaines, casque sur la tête
et triangle de sécurité sur les fesses.


Et puis il y a ces drôles d'engins, moitié pédalos, moitié vélos. On y pédale en amoureux, on y pédale en famille, on y pédale avec ses copains.  On rit, on s'embrasse, on fait les fous. Les uns foncent, les autres traînassent, mais tous s'amusent.
Ah ! les villes sans voitures .... 

25 septembre 2015

Gelati !


D'habitude je m'abstiens, mais cet été, impossible de résister aux glaces.
Surtout quand elles sont italiennes.
Et surtout quand elles sont annoncées de façon aussi suggestives.


Alors va pour la "gelateria" qui bien entendu promet des glaces exclusivement artisanales !

Le moment du choix est crucial, car choisir un ou même deux parfums c'est forcément renoncer à tous les autres.

Noisette, pistache, amande, citron, cheese-cake (sic), vanille, réglisse, fraises, ananas, chocolat, mangue, stracciatella, cassata, amaretto ... tant et tant de parfums que je ne sais plus où donner de la tête.

Alors pour moi ce sera ... café et fior di latte.
Ou bien fior di latte et café.
Ou bien café tout seul.
Ou seulement ...  fleur de lait, parce qu'en italien le nom sonne si joliment.


A moins que .... questi cannoli, tan deliziosi... , si ma sono siciliani, non pugliesi !   Et alors ?  Rien qu'en regardant la photo, l'eau m'en vient à la bouche.


Pourtant, à force de regarder les vitrines des glaciers et des pâtissiers - bon d'accord, je n'ai pas toujours fait que regarder, j'ai aussi consommé !  - je suis tombée sur ce gâteau qui m'a laissé ... perplexe ! 




24 septembre 2015

Puglie


La tentation est grande de résumer un voyage dans les Pouilles à deux images : 

la mer ...



et les oliviers ! 

Les deux, par temps d'orage qui plus est. Mais ce ne serait pas rendre justice à cette région de l'extrême Sud Italien qui a, c'est certain beaucoup plus à offrir. Alors on verra la suite ... demain ? 

10 septembre 2015

Avant/Après


 Hirsute et décoiffé. 


Le même, quelques séances de taille plus tard. 



Voilà à quoi j'ai passé mon été ! Enfin presque.

09 septembre 2015

Miss Hokusai

Après l'exposition, le film ? Difficile d'ignorer le nom d'Hokusai cette année. Je n'ai pas réussi à voir l'exposition, ai cru m'en consoler avec le film... hélas assez décevant.

J'en ai retenu que le "fou de peinture" était un vieux grogon souvent mal embouché et somme toute pas très sympathique. Mais on juge d'un artiste par son oeuvre pas par sa personnalité.

 Miss Hokusai en revanche est beaucoup plus avenante et beaucoup plus jolie que son père; elle est apparemment aussi talentueuse que lui, douée d'une forte personnalité et somme toute beaucoup plus humaine. C'est en tout cas le postulat du film.

Je reconnais que je me suis moins intéressée aux personnages qu'à la reconstitution d'Edo avec une  représentation du fameux pont de  bois, très réussie; j'ai aimé aussi  l'évocation de la vie quotidienne des Japonais au début du XIXe siècle. L'intrusion de contes fantastiques dans un récit globalement réaliste est un peu surprenante, mais le folklore japonais a souvent recours au surnaturel.

Le film de Keiichi Hara n'est donc pas sans intérêt, mais j'avoue que je m'y suis un peu ennuyée. Sans doute parce qu'il est fait de bric et de broc : un peu d'histoire de l'art, un peu d'humour, un peu de féminisme, un peu de merveilleux, de façon à ce que chaque spectateur potentiel y trouve son compte. Mais vouloir plaire à tout le monde n'est pas faire oeuvre de créateur.


08 septembre 2015

Dheepan

Drôle de conjoncture : le film de Michel Audiard qui met en scène une "famille" de réfugiés sri lankais sort au moment même où d'autres réfugiés font la une de tous les médias.
Les personnages du film comme les Syriens fuient la guerre et les massacres, et je crains que le film d'Audiard ne soit vu à la lumière de ce rapprochement. Regard Télérama : compassion et mauvaise conscience.
 Sorti de ce contexte il apparaît clairement que le film d'Audiard n'est pas un film sur les réfugiés, bien qu'il s'y essaye; ni un film sur les dealers des "banlieues", bien qu'il s'y essaye également. Moitié film documentaire, moitié film de genre, le réalisateur n'a pas su choisir. "Entre les deux sied le sage ... d'où vient qu'il sied souvent par terre !". Dheepan reste donc un film ambitieux, mais décevant.


Regarde les hommes tomber, De battre mon coeur s'est arrêté, et bien sûr Le Prophète .. Audiard parvenait jusque -là à concilier l'inconciliable en utilisant les procédés du film du genre pour parler d'un sujet de société.
Mais Dheepan souffre d'une espèce de dichotomie. La question de l'intégration des réfugiés occupe la première partie du film qui vire soudain à la caricature d'un film d'action avec fusillades dans tous les sens, et happy-end à l'eau de rose façon deus ex-machina.  Comme si Audiard soudain n'avait plus su quoi faire de son film... et de ses réfugiés, à part les envoyer en Angleterre, réputée être le paradis des migrants !   Dommage, vraiment.

07 septembre 2015

Une dernière image d'Arles

Prise au musée Réattu.


Arles 2015 : la photo japonaise

Les murs de la chapelle Sainte Anne étaient consacrés cet été à 8 photographes japonais; parmi eux, Eikoh Hosoe dont les photos sont particulièrement mystérieuses et même troublantes. Chaque photo est l'objet d'un mise en scène - un personnage, un peu androgyne, pose dans un décor champêtre ou urbain. Le décor est banal, la pose ne l'est pas. Les photos mises l'une à côté de l'autre constituent une trame narrative très lacunaire qui se lit de gauche à droite mais aussi bien de droite à gauche. Au spectateur d'inventer l'histoire, s'il en a envie.  A moins qu'il ne se perde tout simplement dans l'infini des possibles. La photo comme une porte ouverte...


Une collection de photographies japonaises,  données  à la Maison Européenne de la Photographie par la Dai Nippon Printing Co, étaient exposées au Capitole. 9 photographes japonais présentés d'un coup, ça fait beaucoup pour un matin de Septembre. Il me faut un peu plus de temps pour parler de Yasushiro Ishimoto, Naoya Hatakayama, Nabuyoshi Araki, Daido Moriyama, Shomeit Tomatsu, Hiroshi Sugimoto, Myako Ishiuchi, Toshio Shibata et Shoji Ueda. Mais j'y reviendrai.

06 septembre 2015

Les découvertes d'Arles : Céline Van Balen



Huit portraits de petite fille. Première réaction ? Négative : Ah non, pas le voile ! Ce sont des enfants.
Mais les regards vous fixent, vous accrochent, vous interpellent. Un air de familiarité, quelque chose des portraits de la Renaissance... italienne ? flamande. Enfant avec béguin ... bonnet noué sous le menton.  Ni cheveux, ni oreille, juste l'ovale du visage, si différent d'un visage à l'autre. Les joues rondes de l'enfance ou déjà allongées. Lèvres serrées. Pas de séduction. Juste le regard, sans maquillage, sans expression, et pourtant, nécessairement, une pensée derrière ce regard.

Qu'y a-t-il derrière ces visages voilées. Les photos posent la question, sans y répondre. L'interogation comme une vis sans fin.

Les découvertes d'Arles : Pauline Fargue

J'ai trouvé Arles assez pauvre en découvertes cette année. Mais il suffit d'un seul photographe - en l'occurrence une photographe pour exciter la curiosité.


Le travail de Pauline Fargue est en fait assez intriguant. Plus que de photographie à proprement  parler, il s'agit d'une installation, ou d'un projet d'écriture, ou les deux à la fois, qui inclut des photographies.
Je crains que mes photos ne permettent pas de juger de ce travail largement autobiographique puisque les cadres comprennent des pages de carnet, ces "carnets-réceptacles où elle consigne les mots, les rencontres, les histoires, les images qu'elle plie, colle, coupe pour les faire ressurgir inlassablement au fil des pages".  Et ce, depuis 12 ans ce qui suppose pour le moins une belle constance. Nul jour est le titre de l'installation. Pas un jour sans une ligne.


Ecriture de soi donc plus que photographie.  Mais les photos se suffiraient-elles à elles-mêmes, sans le support du texte, sans le rituel et les manipulations ?  Il me semble qu'à Arles je ne me suis posée au fond qu'une seule question : une photo peut-elle exister par elle-même, sans légende, sans explication, sans contexte ?

05 septembre 2015

Arles 2015 : Photographes voyageurs (suite)

Je me suis trop attardée dans mon précédent billet sur le Congo et la Corée, pour parler du troisième photographe que je voulais mettre en regard. Voici donc le troisième "regard", celui d'Ambroize Tezenas qui s'est intéressé au développement récent du "tourisme de la désolation".

La fascination pour les ruines est ancienne, mais ce que montre Tezenas c'est l'existence de pratiques touristiques dont la motivation n'est pas toujours évidente. Les visites de certains lieux(Auschwitz, Oradour) ont été institutionnalisées de façon à susciter recueillement et réflexion, d'autres (catastrophes naturelles ou industrielles) ne répondent sans doute qu'au goût morbide du macabre et de la tragédie, la distinction entre l''une et l'autre forme de tourisme étant loin d'être claire.


 Comment des lieux de torture et de mort peuvent-ils devenir objets de beauté ? La recherche d'une esthétique du mal est-elle condamnable ?


Pour avoir visité Detroit, les villes minières abandonnées de l'Atacama et autres friches industrielles, je sais que ces lieux fascinent parce qu'ils témoignent de la vie de ceux qui ont travaillé, aimé, pleuré. Mais cela ne va pas sans un certain malaise, car l'abandon de ces lieux rappelle aussi que leurs habitants ont été victimes d'une catastrophe économique. 
Quand il s'agit de Chacabuco qui a servi de camp d'internement sous Pinochet, ou de Tuol Sleng, le lycée qui a servi de prison et de centre de torture pendant la dictature des Khmers rouges, le malaise est encore plus grand. Insupportable.


Les photos d'Ambroise Tezenas permettent de s'interroger sur la récupération de ces lieux de désolation par le tourisme de masse et surtout sur le comportement des touristes soucieux avant tout de montrer leur présence sur les lieux.

Pour ma part, en regardant la photo des ruines du tremblement de terre du Sichuan, je me souviens des centaines de milliers de victimes, et je m'étonne de la place occupée sur la photo par ...  les deux chats, le roux et le noir.

Et surtout je me réjouis de voir un petit garçon courir de toute la vitesse de ses petites jambes pour faire le tour du mur d'exposition.  Sans se soucier le moins du monde des photos qui l'entourent. Un petit garçon plein de vie, prêt à tous les marathons.