28 avril 2015

Taxi Téhéran

Un film presque drôle sur l'Iran, voilà qui change du jour lugubre sous lequel on veut constamment nous montrer ce pays pourtant si lumineux. Jafar Panahi n'est pas né de la dernière pluie et il n'ignore rien de la difficulté que certains éprouvent à vivre sous une dictature islamique, lui qui est interdit de sortie du territoire mais aussi interdit de tournage dans son pays et qui sait parfaitement comment contourner la censure. Il parle donc de choses graves, mais il a l'élégance d'en parler avec drôlerie, avec légèreté.
Les gens qu'il fait entrer dans son taxi sont autant d'échantillons de la population de Téhéran : on écoute effaré le premier passager réclamer la pendaison pour des voleurs, un autre dicter son testament sur le trajet de l'hôpital pour tenter de protéger sa femme, un vendeur de DVD à la sauvette énoncer les films de son catalogue... mais on finit quand même par se lasser un peu, la prétendue nièce est une gamine insupportable, les acteurs dans l'ensemble sont assez mauvais, la démonstration tourne quasi au pensum jusqu'à ce que survienne "la femme aux roses" dont le sourire et les propos illuminent l'écran.


Taxi Téhéran est un objet cinématographique non identifié, un faux documentaire, trop ancré dans la réalité immédiate pour prétendre être un film de fiction. Jafar Pahani a fait de son mieux, c'est certain mais le résultat n'est pas totalement convaincant, malgré les dithyrambes de la plupart des critiques. 
Qu'il soit indispensable de soutenir les efforts de Panahi pour lutter contre la censure, qu'il faille soutenir le cinéma iranien, mais aussi le peuple iranien qui lutte pied à pied contre la dictature religieuse, c'est une évidence. Mais reconnaissons que cet objet cinématographique mal défini n'est pas vraiment un chef d'oeuvre.

20 avril 2015

Rue Pavée

 
Deux bonnes raisons de s'arrêter dans cette petite rue du Marais : 


Il y avait déjà Caravane, pour le plaisir des yeux et de la déco. 



Il y a maintenant l'Eclair de génie, pour le plaisir des papilles !


19 avril 2015

17 avril 2015

Hervé Télémaque

Dans son numéro du 8 Avril, Libération annonce le retour en force de la figuration narrative.
La revanche tardive de la figuration sur l'abstraction ? Vieille querelle qui n'a pas beaucoup de sens. Il y a des peintres qui ont des choses à dire, quelle que soit la manière dont ils s'y prennent. Et il y a les autres.  Il y a surtout les tableaux qui vous accrochent et ceux qui vous laissent indifférent.

Qu'importe donc l'étiquette, et peu importent les mots clefs que le Centre Pompidou accroche au nom de Télémaque - Afrique (alors qu'il est Haïtien), Anticolonialisme, Art engagé, Contre-culture , Culture populaire, Négritude, Racisme, Sexualité, Surréalisme ... les deux tableaux que j'ai préférés sont ceux qui m'ont fait tourner la tête.




Mais, même la tête à l'envers, je n'ai pas vraiment réussi à déchiffrer le message  de ce domino. Et le triptyque m'a laissée tout aussi perplexe.
Mettons que j'aime bien les couleurs, que j'aime bien l'assemblage...  Mettons aussi que ces deux tableaux me proposent un questionnement sans fin, et c'est peut-être ce que je préfère. Une énigme sans solution... Ou plutôt l'envie d'en savoir plus sur ce Monsieur Télémaque. Petit Célibataire un peu nègre et assez joyeux comme le suggère  l'intitulé d'un  autre de ces tableaux ? 

16 avril 2015

Pieter Hugo

Rien de lénifiant dans les photos de Pieter Hugo.  Déjà ses hyènes, même muselées, même enchaînées étaient du genre perturbant.


Comme l'étaient les photos de la série intitulée "There's a place in hell for me and my friends" qui présentait des portraits manipulés de façon à contraindre le spectateur à s'interroger sur la couleur de la peau et partant sur la notion de race. 


Les photos présentées à la fondation Cartier-Bresson ne sont peut-être pas aussi dérangeantes, mais elles sont néanmoins très intrigantes. Les cartels ne fournissent que peu d'indications, pas beaucoup plus qu'un nom de personne ou de lieu. Mais d'une photo à l'autre on comprend que, dans cette série intitulée Kin et sur laquelle Pieter Hugo travaille depuis 8 ans  le photographe s'interroge sur l'état de son pays 20 ans après la fin de l'apartheid. Ce qu'il met en scène c'est la difficulté à vivre dans un pays où les inégalités sociales sont aussi marquées que les différences de couleur. 


Des photos de la  vie quotidienne façon nature morte alternent avec des portraits soigneusement mis en scène, des inconnus le plus souvent ou des proches du photographe...


Plus rares, quelques photos d'extérieur. Comme une respiration. Et presque un soulagement.


15 avril 2015

Richard Diebenkorn

Au nombre des "Icônes Américaines", l'exposition qui présente à Paris quelques oeuvres de la collection du Musée d'Art Moderne de San Francisco, il y avait bien entendu Andy Warhol, Donald Judd, Sol Lewitt, Roy Lichtenstein et quelques autres, mais je n'ai retenu que Richard Diebenkorn.

Ce peintre me fascine depuis longtemps pour des raisons que j'essaye d'élucider peu à peu.
J'aime sans doute son usage de la couleur, des couleurs plus exactement, vives ou douces, c'est selon, mais toujours harmonieuses.
J'aime aussi son hésitation entre abstraction et figuration : considéré comme un "expressionniste abstrait" jusqu'au milieu des années 50, il revient à la figuration dans la même décennie, avant de rebasculer vers l'abstraction.
J'aime aussi reconnaître, selon les toiles l'influence de Matisse ou celle de Hopper. Au fond, ce qui me plaît sans doute chez Diebenkorn c'est que son parcours ne suive pas une ligne droite, mais bifurque d'un côté et de l'autre. Contrairement à certains qui une fois le bon "filon" trouvé, se contentent de l'exploiter. Richard Diebenkorn semble n'avoir jamais renoncé à chercher.

Ocean Park #54 (1972)

14 avril 2015

Trop beau l'indigo








L'indigo inscrit par l'Unesco comme "élément du patrimoine immatériel de l'humanité" ? S'il ne tenait qu'à moi, ce serait fait depuis longtemps! Parce qu'il y a longtemps que cette teinture bleue et les infinies possibilités qu'elle offre me fascine, comme me fascine son caractère universel puisqu'on retrouve des vêtements teints à l'indigo sur tous les continents.

Au milieu des tissages subtils du Japon, des plissés somptueux du Guizou, des broderies  raffinées du Mali ou du Guatemala, une vitrine consacrée aux bleus de travail où j'ai reconnu la veste à petit col de mon grand-père. La pièce à mes yeux la plus émouvante.



Exposition en cours  la Bibliothèque Forney (1 rue du Figuier à Paris, jusqu'au 2 Mai



09 avril 2015

Be a reader

To See America, Be a Traveler, Not a Tourist

 

  C'est le titre d'un article du New York Times pour coiffer une conversation entre Philip Caputo (auteur de The Longest Road, Overland in Search of America, from Key West to the Arctic Ocean)   et William Least Heat-Moon (auteur de Blue High Ways, A Journey into America). 

Voyageurs au long cours, les deux écrivains parlent d'expérience. Mais j'ajouterai volontiers mon grain de sel en affirmant : To see the world, be a traveller AND A READER, not a tourist !

Parce que, chacun le sait, la lecture compte pour beaucoup dans le plaisir du voyage; elle l'anticipe, le complète et parvient même,  parfois,  à se substituer au voyage

http://www.nytimes.com/2013/07/14/travel/a-conversation-between-philip-caputo-and-william-least-heat-moon.html?_r=0


06 avril 2015

Christian Rizzo



D'après une histoire vraie est un ballet pour 8 danseurs et 2 batteurs. Huit hommes qui se prennent par la main, par la taille ou par les épaules, qui s'appuient les uns sur les autres se lâchent, se retrouvent à deux, à quatre, à six, explorent toutes les combinaisons possibles, toutes les figures, en ligne, en cercle. C'est une diagonale qui traverse la scène, une ronde qui se forme, se resserre puis se rompt. Les pas sont simples (en apparence),  les figures aussi, parfois répétitives, scandées par les deux batteries. On pense rapidement à des danses traditionnelles,  à Zorba le grec, à un pow wow indien, un rituel masaï .... En fait, le chorégraphe s'est inspiré d'une danse traditionnelle turque mais les figures de ces danses d'hommes sont universelles.

Effets de lumière réduits au minimum, juste pour marquer les ombres sur la scène; toute l'attention du spectateur va vers le rythme, l'énergie déployée par les danseurs. Mais l'impression qui domine finalement est celle d'une harmonieuse simplicité.



Je n'avais pas eu l'occasion jusque là de découvrir le travail de Christian Rizzo, mais désormais je ne manquerai aucun de ces spectacles. 

04 avril 2015

Le printemps quand même



Malgré le froid, la pluie, le vent, le printemps persiste et signe. 
Les arbres en fleurs laissent leurs pétales sur le bitume des parkings. 


Demain il fera beau .

02 avril 2015

Citizen Four

Pas totalement convaincue par cette longue interview d'Edgar Snowden qui s'est tenue dans un hôtel de Hong Kong, avant qu'il ne se dirige vers Moscou où il a depuis trouvé refuge.
Je veux bien croire à la sincérité du personnage, dont les intentions affichées sont parfaitement louables.  C'est plutôt le dispositif cinématographique qui m'a gênée : des lacunes, des incohérences, des points obscurs que j'aurais aimé voir éclaircir ...
 Les images ont été tournées au moment des faits, mais le montage ultérieur aurait dû, me semble-t-il apporter quelques explications complémentaires. Pourquoi par exemple des mesures de précaution paranoïdes pour taper sur un clavier que de toute façon le spectateur ne voit pas, alors que Snowden communique apparemment en direct avec sa petite amie restée aux Etats-Unis et qui elle, es probablement sur écoute.
 Mon erreur a été de croire qu'un documentaire pouvait m'apporter plus d'informations que la presse écrite. C'est parfois le cas; mais pas pour le film de Laura Poitras.