24 février 2016

Les Premiers, les Derniers

D'une façon générale, j'aime beaucoup le cinéma belge qui a toujours l'art de me surprendre : quelque chose d'insolite, de décalé, vaguement surréaliste.
Et depuis longtemps je suis fan de Bouli Lanners, comme acteur et comme réalisateur. Et je n'ai pas été déçue par son nouvel opus.

Les Premiers, les Derniers est avant tout une histoire d'errance. Encore une ! Comme si Boulers ne savait raconter que ce genre d'histoire. Une histoire de gens qui cherchent leur place dans la société.

Voici donc deux "chasseurs de prime" chargés de retrouver un téléphone portable. Pour qui ? Pourquoi ? On ne le sait pas et on s'en fiche un peu car la trame policière n'est qu'un prétexte pour parler de Cochise et Gilou, des héros un peu fatigués, qui donnent l'impression d'être passés à côté de leur vie. Mais le film est aussi fait de tous ces gens croisés en chemin, une femme dont la voiture est en panne, un individu qui apparaît, disparaît sans que l'on sache bien pourquoi, son nom est Jésus. Et puis il y a le jeune couple, deux adolescents, innocents et perdus, amoureux éperdus.
Les personnages de Bouli Lanners sont tous des gens bizarres, qui vivent plus ou moins en marge de la société mais ils sont profondément humains, avec juste ce brin de folie qui les distingue des gens ordinaires.

Un réalisateur qui parvient à camper des personnages crédibles et infiniment touchants, c'est déjà pas mal, mais le charme du film tient beaucoup aussi au choix des décors et à la beauté de l'image. Les décors, ce sont les piliers d'une'autoroute désaffectée, des entrepôts oubliés, des terrains vagues pas très nets, une esthétique de la déglingue qui sans être tout à fait neuve ne manque pas de charme, celui d'un univers en déréliction. Et puis il y a les grands ciels couverts qui parfois mangent les trois-quart de l'écran, parce que le dernier quart, c'est la terre, c'est ce territoire si plat, ces champs boueux, cette route toute droite qui n'en finit pas.  Les couleurs sont tristes à mourir,  indéfinissables entre le gris et le marron, du bistre, du greige...
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est pendu ...

Au fond, je ne sais pas vraiment pourquoi ce film m'a tant plu, pourquoi je l'ai trouvé si beau, pourquoi j'ai pensé en le voyant à la lumière de certains tableaux de Rembrandt.  Il y a sans doute dans Les Premiers, les Derniers, quelque chose  que le mots ne traduisent pas.





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