08 juin 2016

Sur les traces d'Inge Morath




L'escalier qui mène au dernier étage de la Fundación Telefonica  est spectaculaire. Mais la fondation a beaucoup plus à offrir qu'un escalier, fût-il spectaculaire. 

Chargée de l'action sociale et culturelle de la Telefonica, une des plus grandes compagnies de télécommunication implantée non seulement en Espagne mais dans toute l'Amérique latine, la Fondation propose ateliers, conférences et expositions. 
Celle qui est présentée en ce moment à Madrid et jusqu'au 2 Octobre est intitulée Le Danube revisité The Inge Morath Truck Project. 

C'est en fait l'occasion de découvrir une photographe autrichienne, Inge Morath, qui fut la première femme à intégrer l'agence Magnum. Inge Morath en vraie cosmopolite, parlait l'allemand, le français, le roumain, l'anglais, le chinois et sans doute d'autres langues encore, à sa place en Europe comme aux Etats-Unis ou en Chine ou ... le long du Danube qu'en 1958 elle a suivi de sa source jusqu'à la Mer Noire. Un voyage à la fois poétique et documentaire.




En 2014, 9 femmes photographes de l'agence Magnum on refait le voyage. Un joli projet photographique, destiné aussi à prendre contact avec les gens du Danube tout au long du périple.  Ce sont les photos de ces photographes qui sont actuellement exposées à la fondation Telefonica, à côté de celles d'Inge Morath. Les moyens techniques ont peut-être changé mais certainement pas l'esprit de découverte. 

Une photo en particulier m'a fascinée, celle de cette petite fille dans les marais qui brandit d'une main la tortue qu'elle vient de trouver et de l'autre retient le pantalon visiblement trop grand qui tombe sur ses hanches.  La pose est à la fois gauche et gracieuse mais le regard est étonnant de gravité. 


La photo est signée Claire Martin, une jeune photographe australienne qui s'intéresse essentiellement aux communautés marginales et marginalisées, aux déclassés, aux "Misfits", à tous ceux qui ne trouvent pas leur place dans la société. Elles les a photographiés dans un bidonville de Vancouver, à Slab City en Californie, ou à Nimbin en Australie. 
Les photos - parfois très dérangeantes - qu'elle présente sur son site la placent dans la lignée d'une Diane Arbus ou d'une Françoise Huguier.  Rien de moins, à mes yeux en tout cas. Mais j'avoue avoir une préférence pour ses photos de Salton Sea, ce lieu de désolation dont elle est parvenue à saisir la paradoxale beauté.


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