27 août 2016

Stefan Zweig, Adieu à l'Europe.


Dans le même été, deux biopics sur des écrivains, c'est plutôt inhabituel. Mais qui s'en plaindrait ? Après tout le cinéma a toujours eu besoin de la littérature et qu'il consacre quelques films à parler des écrivains, ce n'est jamais qu'un prêté pour un rendu.



Classique dans sa mise en scène et même un peu formel le film sur Stefan Zweig n'apportera sans doute rien à ceux qui savent tout de Zweig (comme certain critique du Monde !) et préfèrent de toute façon se reporter à ses livres. Mais en choisissant de ne s'intéresser qu'aux années d'exil de l'écrivain,  qui dès 1936 a fui l'Europe pour se réfugier de l'autre côté de l'océan, Maria Schrader a délibérément choisi de faire porter son film sur l'exil, sur la difficulté d'être coupé de ses amis, de son univers culturel.
En déplacement perpétuel entre Rio et Buenos Aires, entre New York et Petropolis, Zweig, bien que sans cesse sollicité par ceux qui réclament son aide et ceux qui profitent de sa notoriété, est seul, terriblement seul.
Il est fait plusieurs fois allusion dans le film à son essai sur Erasme cet humaniste déchiré en son temps par le clivage religieux et les luttes qui mettaient à mal son idéal européen, cet intellectuel épris, comme lui, de tolérance et de dialogue.  Ce livre est je crois une clef pour comprendre Zweig et son refus des affrontements auxquels il a préféré l'exil, quel qu'en soit le prix.

Le film de Maria Schrader n'est pas une hagiographie, ce n'est que le portrait d'un homme ordinaire, un grand intellectuel, généreux jusqu'à un certain point, usé par la vie et sans espoir pour les temps à venir. Le film, avec ses changements permanents de langues souligne aussi ce que le monde de Zweig pouvait avoir de cosmopolite.

Je ne sais pas qui ira voir ce film; sans doute ceux qui ont déjà lu Zweig, peut-être juste une de ses nouvelles ou un de ses courts romans, ou bien encore Le Monde d'hier. : souvenirs d'un Européen. Dans ce cas, ils retrouveront - ou pas - le Zweig dont ils se sont fait une idée. Mais ce serait bien si ce film pouvait toucher ceux qui n'ont jamais lu Zweig et le découvriront à cette occasion.

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