30 septembre 2016

Tracy Chevalier, A L'orée du verger



Aussitôt publié aux Etats-Unis et en Angleterre, aussitôt traduit et publié en France. 
C’est le signe que Tracy Chevalier est entrée dans la catégorie des « best-sellers » !


L’histoire commence dans l’Ohio – où se passait l’essentiel de son précédent livre, La Dernière fugitive - On recule un peu dans le temps puisqu’on est en 1838, à l’époque des pionniers.
Originaires du Connecticut, les Goodenough se sont installés dans l’Ohio, à la recherche de terres où ils pourraient cultiver leurs pommes. Mais les terres  des Black Swamps sont ingrates, marécageuses, et le climat, été comme hiver, est rude. Trop d’enfants meurent chaque année et les tensions s’accumulent dans le couple. Lui ne pense qu’à ses pommiers. Elle, est devenue une femme acariâtre, cruelle et pour tout dire totalement odieuse, ce qui fait d’elle un personnage inhabituel en littérature. 

Heureusement le roman s’intéresse surtout à deux des enfants du couple : Robert qui est parti en Californie et à sa sœur Martha qui est resté dans l’Ohio.
Robert traverse toute l’Amérique jusqu’à la côte Ouest, exerce toutes sortes de métiers (on en est au moment de la ruée vers l’or) et finit par rencontrer un naturaliste à la recherche de plants de séquoias géants qui sont commercialisés en Angleterre. Robert s’associe à ses recherches, moins par appât du gain que par amour de la nature et de la solitude.  Les années passent, il est sans nouvelle de sa famille à laquelle il écrit pourtant régulièrement. Ce qui est arrivé à ceux qui sont restés dans l’Ohio, et à Martha en particulier, il ne l’apprendra que bien plus tard….

Le roman est un peu étrange parce qu’il suit d’une part une ligne documentaire et donne au lecteur la possibilité de tout apprendre sur l’arboriculture des pionniers, ce qui en soi est assez fascinant. Mais cet apprentissage se fond dans une trame romanesque très romanesque c’est à dire pleine de péripéties et de rebondissements, pleine aussi de personnages pittoresques comme John « Appleseed », le colporteur, William Lob, le botaniste anglais, ou Molly, cuisinière le jour et prostituée le soir.

Tracy Chevalier est une romancière très habile qui use de toutes les techniques (alternance des voix narratives, changements de registres, suspension du récit) à sa disposition. Elle sait accrocher son lecteur et malgré quelques réserves, son roman se lit avec plaisir. 




28 septembre 2016

Comancheria

Je me suis régalée et j'ai tout aimé dans ce film ; la photo, les personnages, les dialogues.... tout !

Les grandes plaines du Texas (bien que le film ait été tourné au Nouveau-Mexique mais dans cette région des Etats-Unis les paysages plats et vastes, les immenses étendues d'herbes desséchées se ressemblent.) La pauvreté aussi, car le temps des éleveurs et des grands troupeaux s'est achevée depuis longtemps et les villes ont un air d'abandon qui ne trompe pas.

Sur ce territoire qui fut autrefois Comanche, il n'y a pas d'avenir pour ceux que la vie a bousculés, comme ces deux frères, Toby et Tanner : l'un sort tout juste de prison, l'autre est divorcé, couvert de dettes, et risqe de perdre sa terre, hypothéquée par les banques. Car c'est là le grand sujet du film : comment les petites gens peuvent-ils se défendre contre les banquiers, ces rapaces en complet veston  ! Et l'on a trop à s'en plaindre actuellement pour ne pas sympathiser avec ceux qui cherchent à se venger. 


En face de Toby et Tanner, un vieux flic, blasé mais obstiné, et son partenaire. L'affrontement de ces quatre hommes, - la loi et l'ordre contre les braqueurs de banque - a beau correspondre au schéma classique de tout western qui se respecte, il échappe au manichéïsme par la façon dont les personnages sont présentés. S'ils n'ont pas vraiment d'avenir ils ont un passé, douloureux sans doute, difficile de toute évidence, mais ils continuent d'avancer et de se battre, obstinés jusqu'au bout. Des personnages profondément humains.


Le scénario, toujours à mi-chemin du western et du polar - ces deux grands genres cinématographiques avec figures imposées, le cow-boy sur son cheval, la poursuite en voiture etc... - est construit de façon à jouer avec les attentes du spectateur, mais il est assez habile pour déjouer aussi ses attentes et prendre le spectateur par surprise en lui proposant une belle histoire de fraternité sur fond de tragédie sociale.
Que dire de plus si ce n'est que le dialogue est jubilatoire et aussi chargé de sens que les images elles-mêmes. Et que le film à peine terminé je m'apprête déjà à le revoir pour en mieux savourer tous les détails
Le réalisateur, David MacKenzie est anglais, mais son film propose une vision très authentique d'une certaine Amérique, qui n'est définitivement pas celle des politiciens de Washington.


26 septembre 2016

Brooklyn Village


Voilà un film plein de bonnes intentions mais trop démonstratif pour être tout à fait convaincant; c'est surtout un film qui ne parvient pas à choisir entre deux sujets possibles : une histoire d'amitié entre deux adolescents, un film qui serait plutôt intimiste,  et la dénonciation de la "gentrification" en cours à Brooklyn,  un film engagé socialement et politiquement.

Les deux sujets sont intéressants, indéniablement mais ne fonctionnent pas vraiment alors même que l'amitié des deux ados est supposée souligner l'injustice de la situation;  du coup le film frôle  en permanence la caricature.  Le couple qui hérite d'un appartement à Brooklyn est aussi blanc que libéral (elle psychanaliste, lui acteur), la femme qui va être expulsée est chilienne, veuve (ou divorcée). Et à la fin du film ce sont bien entendu les méchants riches qui gagnent. La séquence finale frôle carrément le ridicule.

L'appropriation des quartiers pauvres ou en déshérence par des gens qui ont les moyens de restaurer des appartements dont les loyers sont restés très bas, qui attirent à leur suite cafés, restaurants et boutiques branchés avant que les loyers n'augmentent et contraignent les moins fortunés à s'exiler plus loin est un phénomène connu et combattu à San Francisco comme à Brooklyn, à Santa Fe  ou Detroit, Madrid ou Paris. C'est un sujet qui remet en question l'économie d'une ville, son urbanisme et surtout l'illusion de la mixité sociale, le fameux "vivre ensemble". Un sujet qui méritait peut-être un film plus abouti.
Comme dans le documentaire de Frederick Wiseman, In Jackson Heights par exemple ou dans la série Show me a hero où la question raciale est abordée de front.

Brooklyn village est donc un pas très bon film sur un sujet qui m'intéresse particulièrement.


21 septembre 2016

Vanessa Lafaye, Dans la Chaleur de l'été

Il faut d'abord imaginer les Florida Keys, ce chapelet d'îles au Sud de la Floride, rêve tropical pour le voyageur d'aujourd'hui. Mais le roman est situé dans les années 30, années de grande pauvreté pour la plupart des Américains, mais surtout pour les vétérans Noirs revenus il y a dix ans de la grande guerre avec l'illusion que désormais ils seraient considérés à égalité avec les Blancs puisqu'ils avaient combattu à leurs côtés.

L'un de ces vétérans, Henry,  est justement au coeur du roman de Vanessa Lafaye. Il est revenu "au pays", en partie pour retrouver les siens, mais surtout parce que, grâce au plan Roosevelt, il a enfin trouvé du travail, avec d'autres vétérans, sur le chantier d'un pont en construction. Les conditions de travail sont d'autant plus dures que le camp est tenu par un militaire en disgrâce. Rien que sur le plan historique Dans la Chaleur de l'été est tout à fait passionnant, mais au récit des événements réels est intégré une histoire plus romanesque, celle de Missy Douglas, qui n'a cessé d'attendre Henry.

Les deux fils de l'intrigue, romanesque et historique sont ainsi noués, et dans la chaleur étouffante de l'été, la tragédie ne tarde pas à éclater. D'autant qu'un ouragan de force 5 menace les Keys.

Dans la chaleur de l'été est le premier roman de Vanessa Lafaye, un roman parfaitement maîtrisé, émouvant, surprenant et beaucoup plus fort, plus violent que la couverture ne le suggère.



20 septembre 2016

Bret Anthony Johnston, Souviens-toi de moi comme ça

Il était présent au Festival AMERICA, mais je n'ai pas eu l'occasion d'aller l'écouter. Dommage sans doute parce que son livre est vraiment époustouflant. Le genre de livre qu'on ne lâche pas, ou plutôt que l'on pose un moment pour respirer, avant de le reprendre à toute allure parce que la tension est trop forte.

 Cela commence par un titre, intrigant : Souviens-toi de moi comme ça. Qui parle ? Qui est le "moi", le "toi"...
Il s'agit de la disparition d'un enfant. Que l'on retrouve quatre ans plus tard. Mais l'écrivain n'évoque que de façon parcimonieuse les conditions de l'enlèvement. Il s'intéresse en revanche aux répercussions de cette longue et douloureuse absence sur la famille, les parents, le frère cadet, et le grand-père. Comment chacun a-t-il vécu la tragédie ? Comment chacun a -t-il compensé le manque, dissimulé son chagrin,  essayé de faire illusion, s'est senti coupable .... Un équilibre a été rompu et contrairement à ce que l'on pourrait croire le retour de l'adolescent fragilise encore plus la famille.

B. A. Johnston qui enseigne l'écriture à Harvard et dont c'est le premier roman, réussit dès le premier coup un roman magistral, à la fois décalé et subtil : décalé parce l'intrigue n'est pas policière bien que le sujet le soit; subtil parce qu'il prête à chaque personnage des sentiments aussi complexes que confus car on n'imagine pas que des individus placé dans une telle situation puissent réagir autrement. Et c'est à démêler cette complexité que l'écrivain s'attache.

B.A. Johnston a très précisément situé son roman dans la région de Corpus Christie, dans le Sud du Texas, sans en faire pour autant une histoire texane. Mais il inclut dans son récit les réactions des habitants de Southport où réside la famille de Justin, une communauté solidaire qui participe aux recherches, et prépare une petite cérémonie pour fêter son retour. Des rituels très américains. Ce qui fait de Souviens-toi de moi comme ça un roman très "géolocalisé", bien que touchant à l'universel.

Bret Anthony Johnston avait auparavant publié un recueil de nouvelles intitulé Corpus Christie. Me voilà très impatiente de le lire.


18 septembre 2016

Virginia Reeves, Un travail comme un autre

Hier, Un petit boulot de Lian Levison. Aujourd'hui Un travail comme un autre de Virginia Reeves. Il y a bien sûr un point commun entre les deux livres. Quand la nécessité vous presse, chacun, semble-t-il,  est capable d'accepter n'importe quel boulot : tuer la femme d'un "ami" contre rémunération ou construire une chaise un peu spéciale (!) contre une sortie de prison ! 

Un travail comme un autre est le premier roman de Virginia Reeves mais son livre ne ressemble à aucun autre. D’abord parce qu’il se passe en Alabama, dans les années 20, au moment où l’Amérique était en train de découvrir l’électricité. Ensuite parce que le livre parle de gens qui aiment profondément leur métier, et le monde du travail il faut bien le reconnaître est rarement au cœur des romans.
Roscoe T. Martin est un électricien fasciné par les possibilités de progrès qu’offre cette « nouvelle » énergie. Il a malheureusement dû renoncer à son métier depuis que sa femme a décidé de reprendre la ferme de son père en Alabama. Mais Roscoe n’est pas fermier, il s’ennuie profondément et le couple bat de l’aile. Jusqu’à ce qu’il ait l’idée de brancher la ferme sur le réseau de l’Alabama Power, entraînant dans l’aventure Wilson, un métayer noir qui travaille à la ferme depuis toujours. La ferme prospère très rapidement jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert, et Roscoe et Wilson envoyés en prison, dans deux prisons différentes puisqu’on en est encore à l’âge de la ségrégation.
Une fois en prison Roscoe se lie avec un autre détenu, menuisier de son état  à qui l’administration confie la construction d’une chaise un peu spéciale…. 

Ce premier roman de Virginia Reeves est pour le moins audacieux par le nombre de thèmes abordés : les relations conjugales (avec un personnage de femme dure et entêtée qui refuse tout compromis),  la misère des campagnes, la vie carcérale, le racisme et le traitement réservé aux Noirs, mais elle le fait sans caricature alors même que le roman est situé en Alabama,  un des Etats les plus racistes à l'époque, le tout pour accompagner une réflexion sur le progrès, dont les effets peuvent bien entendu être aussi bénéfiques que maléfiques.  Un roman  sur fond historique bien documenté, un roman très construit, un roman presque trop riche, surtout pour un premier roman parce que, du coup, il faudra que les suivants soient à la hauteur.Mais je n'en doute pas.







17 septembre 2016

Un Petit boulot


C'était, je crois mon premier billet sur ce blog. C'était aussi le premier livre de Lian Levison.
http://routedeslivres.blogspot.fr/2005/11/un-polar-pour-commencer_21.html

Depuis, il en a publié 5 de plus et je les ai tous lus ! Sauf le dernier mais ça c 'est uniquement parce que je n'ai pas encore trouvé le temps !
Je suis donc une inconditionnelle de cet écrivain, né en Ecosse mais depuis longtemps émigré aux Etats-Unis et condamné  comme beaucoup à accumuler les petits boulots faute d'en trouver un vrai.
La proximité - partagée - de Lian Levison avec les précaires et son regard perçant sur les travers de l'Amérique alimente tous ses livres. On sent en lui une vraie colère contre le système, tout juste tempérée par l'ironie et une certaine tendresse pour des personnages malmenés par la vie.

On retrouve tout cela - en gros -  dans le film de Pascal Chaumeil.
Mais voilà, j'avais déjà lu le livre. Qui se passe dans une petite ville dont la dernière usine vient de fermer; on imagine la Pennsylvanie, ou la région de Detroit. Dans une Amérique où l'usage des armes à feu est d'une consternante banalité. Du coup, la transposition en France, avec Michel Blanc dans le rôle du truand et Romain Duris dans le rôle du paumé m'a paru maladroite. Et peu crédible. Dommage !

16 septembre 2016

Festival America : petit compte-rendu en images

 
Trois jours entiers à écouter parler de littérature américaine  et même pas lassée ! 
Il faut dire que Vincennes fait bien les choses !  A sa huitième édition, le festival est désormais bien rodé, et ses bénévoles aussi aimables qu'efficaces. 

Pour arriver à l'hôtel de ville, coeur du festival, et au salon du livre qui se tient sous chapiteau, il faut contourner l'église Notre-Dame de Vincennes et longer le square des Frères Hautière joliment fleuri d'anémones du japon et de graminées.


Escalier monumental, salle des fêtes, salle des mariages, fresques de Maurice Chabas, grande verrière ... l'ensemble  architectural est impressionnant.


Pour rejoindre les autres lieux du festival on emprunte un passage où sont exposées les photos de Jean-Luc Bertini, qui associent souvent un écrivain et un lieu, comme Craig Johnson (pas son meilleur profil il est vrai) et Butte (Montana).

 

Parfois il n'y a qu'un paysage, et ce n'est pas tout à fait celui du rêve américain, mais bien sa réalité.



Dans les salles, les écrivains sont bien là, en chair et en os,  chacun avec son traducteur, prêts à répondre aux questions de l'animateur. 


Les spectateurs sont nombreux et la scène parfois un peu loin. Alors on se contente des écrans télé (quand il y en a ! ) ...



et on apprend rapidement à se présenter à la porte un peu en avance pour se faufiler jusqu'aux premiers rangs pour ne rien perdre de ce qui se dit ...


et s'amuser à deviner "qui est qui ? ".


Dans le désordre : Eddie Joyce, Colum McCann, Kevin Powers, Sergio de la Pava, James Mc Bride, Smith Henderson.







15 septembre 2016

Galerie Polka : Matt Henry

Matt Henry est le deuxième photographe exposé en ce moment par la galerie Polka.

Bien qu'anglais, Matt Henry est suffisamment fasciné par le mythe américain pour lui consacrer plusieurs séries de photos, des séries comme celle qui met en scène une histoire, fictive bien entendue, mais dans des lieux apparemment réels, genre motel des années 50.


Le résultat est bizarre, passablement kitsch. Couleurs saturées, personnages caricaturaux : cela tient du roman-photo autant que du mauvais scénario jamais tourné.


Une façon de jouer avec une iconographie américaine qui a marqué les mémoires plus sans doute qu'on ne l'imagine.

http://www.matthenryphoto.com/#home

13 septembre 2016

Galerie Polka : Françoise Huguier

Vernissage à la galerie Polka avec deux photographes a priori très différents, mais qui se retrouvent je crois sur la notion de mise en scène. Françoise Huguier et Matt Henry.

Françoise Huguier :
J''avais beaucoup aimé son reportage sur les appartements communautaires de Saint Petersburg (Kommunalka) vu à Arles il y longtemps.  Et depuis je n'ai cessé de m'intéresser à elle.

http://routedeslivres.blogspot.fr/2008/08/francoise-huguier.html 

J'ai aimé aussi les photos sur les traces de son enfance au Cambodge où elle a grandi (j'avais huit ans) publiés chez Actes Sud.


 J'aime son côté "grande voyageuse", le contenu parfois "brut de décoffrage" de ses photos, aussi bien que la sophistication de ses cadrages, son travail sur les couleurs, sa façon de concevoir la photo à la fois comme un témoignage et une mise en scène du monde. J'aime son éclectisme qui la fait passer d'un pays à un autre sans préjugé, sa curiosité qui semble sans limite et lui permet de passer d'un reportage sur le détroit de Behring à des photos de mode.



Pêcherie, Noviport, presqu’île de Iamal, Russie, 1992

 Retour d'enterrement, Martinique, France, 1986

Pourquoi alors ai-je été déçue (un peu seulement ! ) par les photos présentées à la galerie Polka ?
Manque d'intérêt pour le sujet sans doute  - la représentation d'une jeunesse coréenne en perpétuelle représentation - et le rapprochement avec le film de Sophia Coppola sur Marie-Antoinette . Trop de rose pour mon goût, trop mignon, même si le propos de Françoise Huguier est sans doute de dénoncer ou en tout cas de souligner ce côté mignard et artificielle de la jeunesse coréenne qui se perd dans la représentation qu'elle veut donner d'elle-même.


http://fr.actuphoto.com/36309-exposition-virtual-seoul-de-francoise-huguier.html



08 septembre 2016

Festival America Vincennes


More books, more writers .... Je n'en aurai jamais fini avec la littérature américaine !  Et non, je ne m'en lasse pas !



05 septembre 2016

Divines



Difficile de parler d'un film comme Divines.

Faut-il se placer en spectateur cinéphile et constater que le film déborde d'énergie, mais d'une énergie qui n'est pas toujours maîtrisée, la caméra tourne et vire, le rythme est parfois trop lent, parfois trop saccadé, la bande son pas très fine, les dialogues pas toujours audibles ... bref un film un peu brouillon...
Faut-il le juger en sociologue patenté et remarquer qu'il ne dit rien de neuf sur la banlieue que l'on ne sache déjà, sur les conditions de logement précaires ou sordides, sur le renoncement des adultes, sur la violence et la drogue ... bref, un film un peu cliché...

Ou bien faut-il tout simplement se laisser prendre par le film, se laisser emporter par la fougue des deux jeunes actrices, Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena  et croire à leurs personnages de filles de banlieue démunies de tout, sauf de gouaille et de vitalité, et surtout d'envie de s'en sortir coûte que coûte. Pas d'éducation, pas de formation et pas d'autres perspectives que des petits boulots de merde; pas de famille pour les protéger, pas de talent particulier comme le sport, la musique ou le hip-hop pour les sortir de leur milieu;  alors que leur reste-t-il en dehors de la prostitution ou ... de la religion ? Rien de tout cela pour Dounia qui propose ses services au dealer du quartier -  tiens, justement une femme - et avec la drogue, viennent forcément les embrouilles
Dans ce film tout relève hélas de l'évidence et la démonstration est irréfutable. Alors peu importe si sa réalisatrice, Houda Benyamina pèche par excès de conviction, on croit sans réserve à l'amitié - à la vie, à la mort -  de ces deux jeunes filles,  Car il faut bien quelque chose pour tenir dans ces conditions.

01 septembre 2016

Château Lacoste

Ce n'est pas un musée à proprement parler, bien que des oeuvres d'art y soient exposées. Non, le château Lacoste, à quelques kilomètres d'Aix en Provence, est d'abord un vignoble qui offre de surcroît l'occasion de découvrir des oeuvres d'art contemporaines, conçues sur place en fonction de l'environnement.
La balade (2 bonnes heures, ou plus si l'on veut prendre le temps de souffler et d'apprécier la vue) permet de vérifier qu'il est plus facile d'aimer ce que l'on connaît déjà. 


                  Tunga : Psicopompos                                                                                                        Senna :  Aix

Ainsi les "cailloux" suspendus du Brésilien Tunga m'ont surprise alors que les " plaques métalliques" de Richard Senna m'ont paru presque familières. Parfaitement intégrées au relief et à la végétation.




Toutefois, le maître du lieu, c'est incontestablement Tadao Ando : trois éléments, le bois, le béton et la lumière suffisent à transformer le couloir d'accès à son pavillon, en véritable sculpture.


A l'intérieur, se détachant à peine de l'obscurité, 4 cubes de verre ou de (plexiglass ? ) pour 4 éléments mis en vitrine : Eau, CO2, Déchets .. Le quatrième cube est vide, mais sur ses parois est gravé le mot "futur " suivi d'un point d'interrogation.  Entre l'épuisement des ressources naturelles et les déchets que nous produisons, le futur a-t-il encore une chance ?
Le titre de l'oeuvre : Pavillon "Four Cubes to Contemplate our Environment". 



 Le bâtiment principal  qui abrite le centre d'art (et le restaurant !)  est aussi signé Tadao Ando : deux belles diagonales (verre et béton) sur un miroir d'eau que même la grande araignée de Louise Bourgeois n'arrive pas à gâcher.



Le Pavillon de musique conçu lui par Frank O. Gehry ressemble à un jeu de bûchettes abandonné par des gamins turbulents. Une tout autre conception de la beauté. Moins austère, plus ludique.... diront ses partisans. Sans doute. Bien que mes préférences aillent au minimalisme de Tadao Ando. 


J'aurais aimé passer plus de temps au Château Lacoste, j'aurais aimé surtout pouvoir déguster un ou deux vins, mais il était tard, il faisait chaud, et il restait quelques heures de route à faire. Une autre fois ?