14 septembre 2017

Auður Ava Ólafsdóttir, Le Rouge vif de la rhubarbe

Un livre curieux, un livre qui sort de l'ordinaire. Intriguant par son titre tout d'abord. Une histoire de rhubarbe ? vraiment ? Pas tout à fait, bien que Ágústína, le personnage principal ait été conçue dans un champ de rhubarbe.
Mais la rhubarbe n'est qu'un prétexte pour emmener le lecteur sur cette île noire et austère entre mer et montagne. Enfin montagne? si l'on veut car la colline ne fait en réalité que 844 mètres.  844 mètres ce n'est pas beaucoup, sauf pour Ágústína dont les jambes ne fonctionnent que lorsqu'elles sont aidées par des béquilles.
L'histoire d'une petite fille handicapée pourrait-être triste ou pire, inspirer la pitié. Mais pas du tout, car l'auteur a fait de son personnage un être dont l'imagination, la sensibilité et surtout la volonté supplée le manque de mobilité. Et puis il y a autour d'elle les paysages de l'île, l'interminable nuit d'hiver et la tout aussi interminable lumière de l'été, la grève et les oiseaux du large, les lettres de sa mère partie au loin poursuivre ses recherches, il y a surtout Nina, la bienveillante, experte en confitures mais pas seulement.  Auður Ava Ólafsdóttir n'a pas seulement crée un personnage intéressant, elle a crée autour d'elle tout un univers, un univers bien réel mais aussi mental, que l'on a plaisir à découvrir.
J'ai malgré tout trouvé le roman parfois un peu décousu, un reproche que, comme un clin d'oeil, le professeur fait aux rédactions Ágústína : "Sa pensée semble s'orienter dans plusieurs directions en même temps. Il lui manque une vue d'ensemble." à quoi Nina répond ; "Il y a une fibre poétique chez ma petite Ágústín." Ce doit être le cas aussi d'Auður Ava Ólafsdóttir.

Bizarrement, dès les premières pages, le tableau d'Andrew Wyeth, Le Monde de Christina s'est imposé à ma mémoire. Sans doute la même tension vers un but inaccessible.



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