04 février 2018

The Pentagon Papers


Le film de Steven Spielberg met en lumière des événements qui, avec le recul paraissent absolument déterminants à bien des égards. Et c'est tout l'art du réalisateur de montrer, dans un même film les différents enjeux de ces Pentagon Papers

Sur le plan politique, la publication du rapport commandé par Robert Mc Namara avant son départ du poste de Secrétaire à la Défense montrait l'implication des Etats-Unis au Vietnam, et l'engagement de troupes de plus en plus nombreuses alors même que l'impossibilité de gagner cette guerre relevait de l'évidence. La révélation des mensonges de l'Etat n'a fait que renforcer les doutes des opposants à la guerre sur sa nécessité.


Le film est ainsi l'occasion de révéler le rôle du premier lanceur d'alerte, Daniel Ellsberg, accusé par le gouvernement américain de conspiration et d'espionnage, mais dont le procès aboutit à un non lieu quand il a été découvert que les "agents" qui avaient cambriolé le cabinet de son psychiatre étaient les mêmes que ceux qui avaient joué les "plombiers" dans les couloirs du Watergate.  L'histoire de ce procès - qui n'est pas dans le film - ferait sans doute un bon scénario.

Mais le film de Spielberg dit surtout le rôle de la presse - tous journaux confondus - qui jouait alors son véritable rôle de contre-pouvoir voulu par les fondateurs de la démocratie. Et ce en dépit des pressions, en dépit des risques, juridiques ou financiers. En dépit également des rivalités entre le New York Times, premier bénéficiaire des fuites, et le Washington Post qui a pris la relève lorsque le NYT a été bloqué sur l'ordre de Nixon. Cet éloge de la liberté de la presse prend hélas aujourd'hui figure de plaidoyer, peut-être même d'éloge funèbre... en tout cas aux Etats-Unis.

Reste un autre thème abordé par le film : le rôle de  Kay Graham, la propriétaire et directrice du film, celle qui devra assumer la responsabilité juridique (et financière) si le journal est interdit. Or Mme Graham a plus vécu dans les salons mondains de Washington que dans les salles de rédaction. Ce n'est qu'à la mort de son mari qu'elle prend la relève et le film montre bien les doutes et les appréhensions  d'une femme qui se sait encore peu expérimentée dans ce monde de la presse  et de la politique qui est alors  presque exclusivement masculin, puisqu' à la fin des dîners mondain, les femmes se retirent pour "papoter" et laisser les hommes "discuter affaires et politiques". 

Oui ce monde a existé mais ...  nous en avons fait du chemin depuis ! 


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