08 février 2018

Thomas Flahaut : Ostwald


Oui, j'ai un peu de mal à sortir de ma zone de confort (la littérature américaine) pour aller vers la littérature française que je trouve presque toujours trop intimiste.

Mais le roman de Thomas Flahaut sort de l'ordinaire puisqu' il imagine ce qui se passerait, si, à la suite d'une légère secousse sismique, la population autour de la centrale de Fessenheim devait être évacuée.
Parmi les habitants de la zone, il y a Noël et son frère Félix, qui se retrouvent dans un camp dressé à la hâte et gardé par des militaires. Ils parviennent à s'enfuir et commence alors pour eux une longue et décevante errance, de Belfort à Strasbourg.

Le sujet, la vie ou plutôt la survie après un "incident" nucléaire, n'est pas nouveau. Mais il s'approche ici plus de la réalité que de la science fiction, d'une part avec des paysages précisément situés et décrits, d'autre part avec des personnages très ordinaires auxquels le lecteur peut facilement s'identifier. L'écriture sobre et sèche - une accumulation de phrases courtes -  est parfois un peu lassante, bien qu'elle vise à accentuer le réalisme du récit et son objectivité.

Toujours est-il que le roman ne prend tout son sens qu'à la fin, lorsque parvenu à la fin du récit,  on s'interroge sur le chapitre liminaire qui fait allusion à la fermeture d'Alstom.
"Une usine ferme. la ville qu'elle faisait vivre agonise. La ville meurt.
Et l'idée de la voir s'effondrer, cette ville, avec toutes ses pierres, ses voitures ets ses habitants, l'idée du vide qui viendrait après sa mort, du néant replié sur toutes ses rues et ses existences, alors me hante. "
Le récit post-nucléaire transpose sur le plan métaphorique la tragédie que représente pour une ville, la fermeture d'une usine. Dans les deux cas il s'agit de trouver comment survivre.

Thomas Flahaut, Ostwald, Editions de l'Olivier,  24 août 2017


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