16 mai 2018

Paul Beatty, Tuff




Son vrai nom c'est Winston, mais tout le monde l'appelle Tuffy, Tuff ... Il est gros, il est noir, il vit à New York où il se promène entre Harlem et Brooklyn.  Et c'est le personnage principal du roman de Paul Beatty. Tout le monde le prend pour un rappeur, mais il a décidé de se lancer en politique.

 Tuff est pour le moins un roman décapant qui permet au lecteur de pénétrer dans un univers dont il n'est, a priori, pas familier. Cela commence par une fusillade pour une histoire de deal qui a mal tourné;  Tuff est le seul rescapé, avec son copain Fariq qui s'était caché dans la baignoire.  Le voilà décidé à changer de vie, aidé par un afro-américain converti au judaïsme qui s'improvise "coach", et une asiatique experte en communication. Quelques hispaniques de plus dans son entourage et on comprend vite que Spanish Harlem (ou East Harlem) n'est peut-être pas le quartier de New York le plus touristique, et certainement pas le plus riche, mais que c'est un territoire  où l'expression "melting-pot" prend tout son sens.
Le mélange ethnique, principe fondateur des Etats-Unis est dans ce livre un terrain d'exploration jubilatoire pour un auteur qui visiblement connaît bien sa ville, la spécificité de ses quartiers et de sa population, qu'il s'agisse de ses dealers, de ses losers ou de ses bobos dans les quartiers récemment gentrifiés. Son registre pour en parler est celui de la dérision, de la satire mais l'ironie n'empêche pas l'empathie. Et il faut rendre hommage à la traductrice Nathalie Bru, parce que, en véritable maître des mots, l'auteur fait constamment exploser la langue ordinaire pour mieux coller à celle de ses personnages.
On ressort de cette lecture comme dans une plongée dans un aquarium entre requins et poissons clowns !  Mais avec une envie bien ancrée : d'aller lire un autre livre de Paul Beatty. Moi contre les Etats-Unis peut -êre ....






 

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