31 juillet 2018

Arles 2018 : les nouveaux lieux d'exposition



 Un des plaisirs d'Arles, dès que l'on a le programme en main, c'est de découvrir quels seront les lieux d'exposition, ceux de toujours, ceux qui n'y sont pas cette année (mon préféré, le Capitole !), ceux qui y figurent pour la première fois (Monoprix !  Plutôt rigolo le parcours fléché à l'intérieur du magasin avant d'accéder aux salles d'exposition à l'étage !)




Et même si le lieu n'est pas nouveau, c'est l'accrochage qui diffère chaque année.



Pieuvre tentaculaire, la fondation Lumas a désormais investi la quasi totalité des ateliers SNCF ) l'exception de l'atelier des forges et il faut s'acquitter d'un supplément  :-(  pour accéder aux expositions proposées par la fondation.
Tant pis, car la réserve de lieux vides, abandonnés, en friche, mais "avec un fort potentiel" semble inépuisable à Arles. Et ce ne sont pas toujours des friches !

30 juillet 2018

Arles 2018 : par les rues et les ruelles



Revenir à Arles, encore et encore.
Et tomber, encore et encore, sous le charme de cette ville qui sait si bien conjuguer permanence et changement, passé et avenir pour mieux profiter du moment présent.

Au coin d'une rue,  deux ardoises invitent le passant à échanger des livres et ... arroser les plantes.


Les graffitis sur la porte d'un garage permettent de se repérer dans le labyrinthe des ruelles, qui portent souvent un double nom comme pour embrouiller le passant qui cherche son chemin. 


Mais ce qui importe le plus par ces temps de canicule,  c'est de cheminer dans Arles en empruntant les rues à l'ombre, comme la rue Diderot par exemple, qui, pour peu qu'on soit attentif, recèle quelques surprises....


...comme ce gros chat qui a laissé des traces de pattes dans le bitume...


ou cet ange faussement assoupi, qui se prélasse sur son nuage. Ange au féminin. Ange au regard mutin.

29 juillet 2018

Richard Wagamese, Jeu Blanc

Avant d'être canadien, Richard Wagamase est ojibwé. Sa culture d'origine est celle de ce groupe autochtone d'Amérique du Nord, qui comme les Navajos, les Cherokees et tant d'autres ont subi la violence de ceux qui prétendaient les "dé-ensauvager" et leur imposer leur propre culture. 

Jeu blanc est un roman, mais qui a valeur de document autant que de biographie puisque c'est sa propre histoire, certes transposée, que raconte l'auteur.


On retrouve bien sûr les thèmes récurrents de la littérature indienne, l'enfance au plus près de la nature, l'éloignement et l'expérience de ces pensionnats, tenus par des religieux où tout est fait pour briser les enfants, pour les couper de leurs racines. Ce qui permet à Saul, le jeune ojibwé, de s'en sortir c'est le hockey sur glace, un sport pour lequel il se révèle particulièrement doué. Mais quel que soit son talent, il reste, aux yeux des Blancs, un indien, un être inférieur. 
Il y a sans doute quelques pages un peu trop précises et franchement trop longues sur les subtilités du jeu du hockey, mais le destin de cet enfant ojibwé est suffisamment prenant pour que l'on suive avec intérêt ses efforts pour améliorer son jeu, sa résistance aux difficultés qui ne cessent de l'entraver,  et avec passion son courage, sa droiture, ses exigences, avec émotion enfin le récit de ses échecs. 

Le livre une fois terminé, reste à chercher ce qu'Internet peut nous apprendre sur l'auteur, dont la vie se révèle tout aussi passionnante que celle de son personnage. 
Reste encore à chercher d'autres livres de Richard Wagamese : Les étoiles s'éteignent à l'aube sans oublier ceux qui ne sont pas encore traduits. 

28 juillet 2018

J'ai plus de souvenir que si j'avais mille ans


Non, pas de 
[... gros meuble à tiroirs encombré de bilans, 
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances[... ]


mais des valises et des cartons remplis à ras bord de lettres et de cartes, de photos oubliées, de papiers jaunis. Un fatras poussiéreux  et encombrant qui aujourd'hui tiendrait sans doute ...


 ... sur une clé USB ! 




27 juillet 2018

Zama


Ah! Zama ! Le film n'est pas facile, j'en conviens. C'est un film qui suscite constamment l'intelligence pour essayer de comprendre ce que Lucretia Martel, la réalisatrice, entend démontrer à travers une succession de scènes curieuses, intrigantes, pas toujours explicites mais souvent d'une étrange beauté. Au spectateur de faire le lien entre les unes et les autres, de prendre la mesure du temps qui passe sans que rien ne change dans cette contrée lointaine où, bien que se succèdent les gouverneurs, Diego de Zama attend en vain sa mutation.

" Vienne la vie, sonne l'heure
Les jours s'en vont, je demeure"

Le film raconte ainsi l'histoire d'une longue attente aux confins du monde, dans une atmosphère qui fait penser au Désert des Tartares de Dino Buzzati, adapté au cinéma par Valerio Zurlini ou bien encore au Rivage des Syrtes de Julien Gracq. Il faut imaginer un homme dans la force de l'âge, en poste dans une région isolée de tout, loin de sa famille, loin du monde dit civilisé d'où il est issu, soumis qui plus est à l'arbitraire et la bêtise de ses supérieurs hiérarchiques.


Zama est donc avant tout un film d'atmosphère. Mais c'est aussi un film historique et partant, politique, car situé à la fin du XVIIIe siècle, lorsque l'Espagne tentait d' imposer ses lois et ses moeurs en Amérique latine. L'absurdité et le ridicule de cette tentative sont montrés de façon très visuelle ne serait-ce qu'avec ces perruques poudrées posées de travers, ces serviteurs à demi nus mais portant redingote de velours, ces habitations où pénètrent indifféremment les hommes et les animaux.

En vrai cinéaste, Lucretia Martel travaille beaucoup l'image, puisque c'est elle qui fait sens, mais le travail sur la bande-son est tout aussi remarquable, une bande-son faite de bruits, de chants d'oiseaux, de cris d'animaux perçus comme autant d'interruptions, comme pour montrer que la maîtrise de la nature, qui va de pair avec la colonisation, est loin d'être achevée.


Zama est un beau film, passionnant à bien des égards, mais un film exigeant, qui requiert, j'en conviens, une grande disponibilité intellectuelle de la part du spectateur. A moins qu'il ne laisse son imagination prendre le dessus et laisse son esprit s'évader vers ces terres lointaines et ces temps révolus ?  Mais révolus, le sont-ils vraiment ?

19 juillet 2018

Sylvothérapie ?




La sylvothérapie ? Très peu pour moi !

Surtout depuis que je suis tombée sur cet article !

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/sylvotherapie-caliner-un-arbre-peut-etre-dangereux_125652

17 juillet 2018

Mélanie Sadler, Comment les grands de ce monde se promènent en bateau

Un petit livre léger, drôle, brillant, une pochade estivale au titre improbable qui donne presque envie de réviser ce que l'on sait de l'histoire de la conquête de l'Amérique par les conquistadors espagnols.

Mélanie Sadler invente une histoire un peu loufoque entre deux universitaires, l'un argentin, l'autre stambouliote, partis à la recherche de vieux documents susceptibles de vérifier leur hypothèse sur  ce qui s'est vraiment passé entre Cortès et Cuauhtémoc, le dernier empereur aztèque.

On peut faire confiance à une agrégée d'espagnol, spécialiste de l'Argentine pour tirer avec brio les ficelles de son récit, piquant, bien enlevé, construit comme un polar.  Comment les grands de ce monde se promènent en bateau est au final un livre divertissant, intelligent mais sans prise de tête.


16 juillet 2018

Lao Shu à ma façon

A un mot près je fais mien ce poème de Lao Shu :

Ne fais pas mine d'être seul, 
Ne dis pas que tu es triste, 
Va donc voir la montagne  mer et les fleuves 
Qui ont toujours été ce qu'ils sont.






15 juillet 2018

Lao Shu




J'adore !
Un livre délicieux. 
Poétique sans être mièvre. Plein d'humour, de fantaisie et de bon sens. 


Lao Shu est un artiste singulier, qui chaque jour sur son blog, publie un dessin complété par un court texte sans que l'on sache lequel vient en premier. Le trait est parfois fin, subtil, parfois à peine esquissé. Des dessins à l'encre ou en couleurs. Beaucoup de vert. Des arbres, des fleurs.  Certains textes ressemblent à des haïkus. D'autres sont beaucoup plus prosaïques. Selon l'humeur du jour. 
Un régal !  


14 juillet 2018

Yoko Ogawa et James Salter


Pourquoi les associer ?
La première est japonaise, le second américain, ils n'ont a priori rien en commun si ce n'est l'excellence de leurs nouvelles, que, pure coïncidence je viens tout juste de lire dans la même semaine.
L'un et l'autre sont des orfèvres en la matière, chacune de leurs nouvelles étant parfaitement ciselée :  pas un mot de trop mais toujours le mot juste; le lecteur est happé dès les premières phrases, intrigué, surpris, charmé. Etonné des trouver les personnages si justes et pourtant différents de l'ordinaire. Emporté dans des univers parfois irréels et pourtant très réalistes.








Alors, comment se fait-il que le livre refermé, il ne me reste qu'un souvenir évanescent à force d'être vague.Toujours la même difficulté à garder en mémoire ces textes qui m'ont pourtant tenue sous leur charme le temps de ma lecture.  J'aimerais pouvoir en parler mieux, mais il y a dans la brièveté de ces nouvelles, qu'elles soient américaines ou japonaises, quelque chose de trop fugace. Avez-vous déjà essayé d'attraper un nuage ?


13 juillet 2018

Woman at war

Un vrai plaisir de cinéphile, ce film de Benedikt Erlingsson !  Il est vrai que les derniers films islandais que j'ai eu l'occasion de voir, Back soon, Béliers, L'histoire du Géant timide etc... m'avaient favorablement conditionnée. Et je n'ai pas été déçue.

En même temps qu'une gentille fable écologique doublée d'une guerre économique contre "les méchants chinois qui implantent leurs sales usines partout", Woman at war est un film assez loufoque pour me plaire,  une espèce de David contre Goliath qui ne peut que séduire tous les individus, tous les citoyens qui ne trouvent pas auprès de leur gouvernement  - pourtant démocratique - de réponses satisfaisantes à leurs préoccupations.

Voilà pour le fond. Mais si le film est réussi c'est pour bien d'autres raisons : les paysages islandais, toujours magnifiques,  l'actrice, Halldora Geirhardsdottir,  remarquable dans un rôle particulièrement physique, la bande son en version vraiment originale puisque l'orchestre ou la chorale apparaissent "en live" dans le décor ... Bref, Woman at war est un film drôle, inventif, puissant, qui, ce n'est pas sa moindre qualité, donne aux femmes le beau rôle. Un film réjouissant à ne pas manquer ! 


08 juillet 2018

Camarade Anna, Idaho et Wittgenstein à l'aéroport


Qu'est ce qui fait qu'un livre séduit, emporte, convainc ?
Qu'est ce qui fait qu'un livre au contraire, laisse froid, indiffère, pire énerve ?
C'est parfois bien difficile à dire et je me demande toujours si c'est la qualité du roman qui est en jeu, ou la qualité du lecteur, qui pour une raison ou une autre ne s'est pas montré assez disponible.

Ainsi le roman d'Irina Bogatyreva, Camarade Anna,  s'annonce plutôt intéressant, avec un personnage particulièrement original : Anna, une jeune fille russe qui vit dans la nostalgie du passé soviétique  jusqu'à reconstituer avec ses "camarades"' les réunions secrètes des cellules marxistes, lorsque la Grande Révolution n'en était encore qu'à ses balbutiements. Oui mais voilà, le roman ne tient pas ses promesses et l'intérêt s'effiloche au fil de la lecture parce que la confrontation des valeurs d'autrefois et des réalités d'aujourd'hui vire au procédé et que l'auteur ne semble plus savoir quoi faire de ses personnages.

Idaho d'Emily Ruskovich est tout aussi décevant parce l'auteur cette fois-ci en fait trop : elle multiplie les personnages, Wade qui perd la mémoire, Jenny, sa première femme qui a tué sa propre fille, June la deuxième fille du couple qui a disparu, Ann, la seconde épouse de Wade qui essaye de comprendre la tragédie,  Elizabeth la compagne de prison de Jenny ... chaque personnage, plutôt bien campé, suit sa propre trajectoire, mais, par crainte de faire trop simple, l'auteur brasse les époques et les lieux, et contraint le lecteur à des acrobaties temporelles sur une cinquantaine d'années. C'est brillant, oui, mais lassant et j'ai eu du mal à prendre les personnages pour autre chose que des cartes dans le jeu de passe passe de l'écrivain.


Malgré la curiosité suscitée par son titre, Wittgenstein à l'aéroport, le roman de Husch Josten ne m'a pas emballée non plus : la rencontre dans un aéroport d'un homme qui lit Wittgenstein et d'une journaliste qui s'interroge sur la place du hasard dans sa vie, alors qu'une alerte attentat vient d'être lancée, n'est qu'un prétexte pour disserter sur le caractère aléatoire des événements qui décident de la vie et de la mort des individus. Pour n'avoir pas voulu choisir entre essai et fiction, l'auteur perd sur les deux tableaux et ennuie son lecteur.

Que conclure de cette triple lecture ?  Peut-être que le défaut de ces romans est de n'avoir pas su m'emporter dans leur monde fictif; du coup je ne me suis intéressée qu'à leur fabrication.




07 juillet 2018

Les couleurs ... du plastique



Rien de plus banal que des cuvettes en plastique. Mais quand la lumière s'en mêle, c'est tout autre chose ...




jusqu'à frôler l'abstraction. 

05 juillet 2018

Evelyn Pisier, Caroline Laurent, Et soudain la liberté


Quel beau titre. Et quel livre passionnant !

Quelles vies aussi que celles des ces femmes, sous leurs noms d'emprunt : Mona et Lucie.

Mona c'est la mère, celle qui a épousé un haut fonctionnaire et l'a suivi en Indochine, sans se poser trop de questions ni sur lui (raciste, pétainiste), ni sur le colonialisme, mais découvre  soudain qu'il y a tant d'autres possibilités, tant d'autres vies à vivre.  Et que sa soif de liberté n'est compatible ni avec un époux, ni avec le colonialisme et surtout pas avec le patriarcat, de règle jusque dans les années 60 et au-delà.

Lucie n'est d'abord qu'une enfant ballotée par les événements, familiaux et politiques, qui cherche sa propre voie et la trouve du côté du militantisme et de Cuba, avant d'entamer une brillante carrière universitaire sans pour autant relâcher la garde du côté du féminisme.

Mona et Lucie : deux femmes exceptionnelles, deux femmes fortes, tenaces, convaincues, que leurs prénoms fictifs masquent à peine puisqu'il s'agit d'Evelyne Pisier et de sa mère, dont Caroline Laurent a habilement retracé et entremêlé les trajectoires en y ajoutant parfois sa propre expérience, car les vies de Paula et Evelyne sont emblématiques de cette deuxième moitié du XXe siècle qui a vu les femmes prendre leur destin en main.


Plusieurs fois primé, le livre devrait sortir en poche d'ici la mi-août. Si vous ne l'avez pas déjà lu, c'est le moment d'en profiter.

03 juillet 2018

Retour à Bollene

Encore un film instructif, dont l'intention première est de témoigner et de faire réfléchir. Didactique bien sûr, mais, dans le genre, assez réussi.
Nassim était un gamin intelligent. Il a fait des études, obtenu un diplôme, mais pas de travail. En France !  Parce que du travail, il en a trouvé ailleurs, en Arabie Saoudite; il s'est expatrié et semble bien parti pour réussir sa vie. A l'occasion d'une fête familiale, il revient au pays, à Bollène, une municipalité tenue par la Ligue du Sud. Il revient dans sa famille, accrochée à sa culture comme l'huitre à son rocher.


Il y a bien des façons d'aborder ce film, la première consistant à ne considérer que l'aspect politique, c'est à dire la façon dont sont traités les musulmans en France dans une municipalité d'extrême droite qui supprime les cours d'alphabétisation et ne se soucie pas plus d'améliorer l'habitat que de multiplier les emplois. 
Mais au delà de ce premier discours, il y a aussi une réflexion sur l'émancipation en général, ce qui fait qu'un individu lambda s'interroge sur les liens qui l'asservissent, sur les valeurs qu'on lui a inculquées, sur les préjugés qui l'empêchent d'avancer pour trouver sa propre voie. Il est indéniable que l'expatriation est un facteur favorable de l'émancipation. S'éloigner de ses origines, géographiques et culturelles, permet de prendre du recul et de faire des choix, ceux d'un individu libre et autonome. Cela vaut pour Nassim, mais pas seulememt : tous ceux qui à un moment ou un autre, se sont écartés de leur classe sociale, de leur religion, de leur culture, de la voie déjà tracée,  peuvent se reconnaître dans le cheminement de Nassim. Un cheminement souvent douloureux, mais nécessaire.



01 juillet 2018

En guerre


Stéphane Brizé et Vincent Lindon : ce n'est pas la première fois que le réalisateur et l'acteur travaillent ensemble et ça donne forcément un bon film politique au sens large, un film qui dénonce les dysfonctionnements de la société. En l'occurrence une grève longue et dure pour éviter la fermeture d'une entreprise. Guerre économique donc entre ceux qui n'ont que leurs mains pour travailler et leurs eux pour pleurer quand leur travail est menacé.

La démonstration est imparable.


Mais c'est là justement le point faible du film : tellement démonstratif qu'il devrait faire partie des prérequis pour entrer dans une école de commerce, dans une école de journalisme, à science-po, à l'ENA, bref pour tous ceux qui visent à plus ou moins longs termes une carrière politique.

Du coup, je me suis un peu ennuyée.  Comme devant un écran télé, quand je regarde les infos.