01 août 2018

Arles 2018 : l'Amérique


Parmi les thèmes clairement identifiés aux Rencontres photographiques d'Arles, il y avait celui de l'Amérique avec un sous-titre  " America great again", qui se voulait un clin d'oeil, mais un clin d'oeil ambigu. Car à force de mettre en scène la pauvreté, la misère, le racisme, l'exclusion etc... la photographie - comme d'ailleurs la littérature -  suggère qu'il est grand temps de faire quelque chose pour tous les "laissés pour compte du rêve américain". Et je souscris totalement à ce propos.
Cependant la reprise du slogan électoral de celui qui ignore tout de tout et en particulier de la façon dont vivent un certain nombre de ses concitoyens, me laisse perplexe. Antiphrase certes, ironie sans doute, mais d'une certaine façon c'est aussi laisser entendre qu'il a raison alors qu'il est le moins à même de prendre les mesures adéquates pour remédier à la pauvreté, au racisme, au manque d'éducation.

Je remets donc en question la pertinence du slogan America Great Again, mais pas le choix des photographes à commencer par les "anciens" Robert Frank et Raymond Depardon : photos en noir et blanc, humanistes, dont certaines sont très connues, mais font toujours leur petit effet !

Robert Frank, Trolleybus, New Orleans, 1955

Avec Paul Graham et Laura Henno on change de siècle et on passe à la couleur.

Le regard de Paul Graham est celui de quelqu'un qui découvre les Etats-Unis, photographie des scènes ordinaires avec des gens ordinaires et s'étonne de l'écart entre riches et pauvres.



Laura Henno, dans une démarche plus audacieuse s'est installée le temps d'un reportage à Slab city, une ancienne base militaire au centre de la Californie, où campent, sans eau ni électricité, marginaux en tous genres, vieux hippies, jeunes couples réfractaires aux règles de la société ou simples "winter birds" venus poser leur caravane le temps d'un hiver.


Un film complète la sélection de photos, où l'on sent la même curiosité, et peut-être une certaine empathie;  Laura Henno ne se moque ni ne condamne, elle observe et laisse le spectateur libre de son jugement. Une découverte pour moi, la photographe autant que son sujet.
https://laurahenno.com/

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