12 août 2018

The Guilty

The Guilty est un film avec un dispositif étonnant : un seul personnage, ordinaire, pas spécialement sympathique, filmé presque exclusivement en gros plans et plans rapprochés. Il a des écouteurs sur la tête et un micro. C'est un flic chargé de répondre aux appels de détresse du 112.
Et pourtant ?
Passé le premier 1/4h où l'on se demande quand le cameraman va changer de cadrage, on est totalement happé par l'histoire (une femme kidnappée, une famille fracassée). Tout est dans les échanges verbaux entre des personnages qui ne se voient pas, ne se rencontrent pas, et l'on s'aperçoit alors qu'il est très facile, d'imaginer, de visualiser même le déroulement d'une scène que seul le dialogue fait vivre. Etonnant vraiment. D'ailleurs, une semaine plus tard, j'ai encore l'impression d'avoir vu, vraiment vu, la camionnette blanche, l'autoroute, les voitures de flic, l'appartement, la petite fille.... tout !


Le film est certainement un excellent thriller, mais c'est aussi un film sur le pouvoir de la parole et de l'imagination. On est forcément amené à se demander ce qui fait qu'une parole est crédible ou ne l'est pas et au final  à s'interroger sur la réception et l'interprétation de cette parole, réception qui varie en fonction de l'interlocuteur, de son propre vécu, de son idéologie : polysémie du Verbe ! Et c'est sans doute pourquoi le monde va si mal !  Oui Madame !

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