12 octobre 2018

Les Frères Sisters


Ce sont des tueurs à gage. Des professionnels ! Impitoyables ! Les premières scènes ne laissent aucun doute, pas plus que les premières pages du roman de Patrick deWitt qui a inspiré Jacques Audiard. La violence et le meurtre occupent nécessairement une grande partie du film, bien que le réalisateur ait pris soin de placer de nuit les pire fusillades, ce qui épargne - en partie - la vue du sang au spectateur, mais ni le bruit ni l'éclair de la déflagration.


L'essentiel  pourtant n'est pas là. Plus qu'à la violence endémique en Amérique, le film s'intéresse à la relation entre les deux frères, l'aîné, aussi pataud que passif; le cadet plus déluré, plus autoritaire et surtout plus déchaîné. Au fur et à mesure que cheminent les deux tueurs partis sur les traces de leur future victime, la relation s'affine, se précise, s'explique, avec un superbe retournement lorsque Charlie et Elie retrouvent ceux qu'ils poursuivent, le détective chargé de pister la "cible" et l'étrange individu qu'ils sont supposés tuer.

Le western est un genre cinématographique qui a ses règles formelles, ses clichés mais dans ses meilleures versions n'a cessé de poser la question du bien et du mal. Ce que fait Jacques Audiard en  s'interrogeant tout d'abord sur la notion de fraternité au sens large puisque la relation que Charlie et Elie finissent par établir avec Morris et H.K.Warm est, d'une certaine façon, elle aussi fraternelle. Aux liens de sang peuvent, se substituer d'autres liens, qui n'en sont pas moins forts. N'est-ce pas un des thèmes récurrent du cinéma de Jacques Audiard ?
Comme l'est l'interrogation sur ce qui se transmet de père en fils et la prédétermination. Peut-on dire de ces deux frères qu'ils sont "nés pour tuer" sous prétexte que leur père était violent ? La violence est-elle génétique ? culturelle ? Visiblement Jacques Audiard a trouvé dans le roman de Patrick deWitt des préoccupations qui sont aussi les siennes. Et un mélange de styles entre bouffonnerie et tragédie qui fonctionne bien. Dans le livre comme dans le film.

Une fois de plus je constate que si j'aime autant le western  - enfin les bons westerns - c'est parce que sous prétexte de divertissement, il propose, sans les imposer, des pistes de réflexion. Au spectateur de choisir s'il entend les suivre. Ou pas.



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