28 novembre 2018

Sophia-Antipolis

Il y a des films qu'on ne sait par quel bout prendre. Sophia-Antipolis est de ceux-là. Un documentaire? Un film de fiction ? Jusqu'au bout on se pose la question. Mais il est peut-être bon qu'un film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, obligeant ainsi le spectateur à s'interroger, à essayer de donner du sens à cette successions de séquences qui n'ont pas de lien évident si ce n'est un lieu unique, lui-même mal défini : Sophia-Antipolis, quartier résidentiel chic, quartier de bureaux vides la nuit; quartier où l'on s'enferme derrière des portails bien clos, quartiers où l'on rôde sans but, où des migrants ses sont installés, où des milices patrouillent.... Où les traces des tragédies que personne n'a vues, que personne n'a entendues sont rapidement effacées.


Chaque personnage du film est introduit de façon abrupte, sans relation aucune avec ceux qui occupaient l'écran précédemment. Ils se croisent, se côtoient brièvement, suivent leur propre trajectoire,  déambulent, disparaissent sans explication. Ils n'ont occupé l'espace qu'un bref moment et l'on n'en saura pas plus.  Pourtant le propos du réalisateur prend forme et s'impose peu à peu au spectateur d'abord déconcerté : Comment vit-on dans une ville où rien ne rassemble, où il n'existe pas de lieu pour se retrouver, où il n'existe pas de liens entre les individus. Il ne s'agit même plus ici de communautarisme, mais d'une société totalement fragmentée.  Où la violence d'abord latente, d'abord contenue, mène nécessairement à la mort. Celle vite oubliée d'un individu. Celle vraissemblablement, de la société elle-même.

Notre avenir ? Non ! Notre présent !
 Et c'est pour cela que le film de Virgil Vernier, est en fin de compte, très angoissant. Exigeant et terrifiant.

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