01 décembre 2018

Lionel Salaün, La Terre des Wilson


Lionel Salaün en est à son troisième roman; troisième réussite ! Celui-ci, comme le premier, se passe aux Etats-Unis, et l'on reconnaît dès la première phrase la capacité de l'auteur à transporter son lecteur, dans un autre temps : les années 30, un autre lieu : l'Oklahoma. Est ainsi mis en branle tout un imaginaire photographique, cinématographique et littéraire déjà suggéré par la jaquette de couverture : Dorothea lange, Walker Evans, John Ford et bien sûr John Steinbeck pour ne citer que les plus grands auxquels l'écrivain a choisi de se confronter.


Car il s'agit pour lui , comme pour ses prédécesseur, de dire comment l'on vit - et parfois simplement survit dans une société dont l'économie s'est effondrée. Vaincus par la sécheresse et les vents de sable, beaucoup de paysans ont quitté leur terre pour aller chercher fortune ailleurs. Mais ce n'est pas le cas de Samuel Wilson, qui continue à s'accrocher, dur à la peine, dur avec les siens. Ce qui explique que sa femme et son fils l'aient quitté. Quinze ans plus tard Dick, le fils, est de retour, au volant d'une superbe auto, signe de sa réussite financière dont on apprendra bientôt qu'elle n'a peut-être pas été acquise très honnêtement. La prohibition est passée par là ... 
La Terre des Wilson est d'abord un roman social, bien ancré dans un lieu, une époque, mais c'est aussi un roman sur des individus, sur les liens familiaux, sur les déchirures intimes que l'argent ne comble jamais, sur la fidélité à des rêves d'enfant que la vie n'a pas permis de réaliser.

Il y a donc bien des façons d'entrer dans le roman de Lionel Salaün, que l'on s'intéresse à ses personnages, parfaitement bien campés ou au contexte historique dans lequel il les fait vivre, parfaitement bien reconstitué. C'était déjà le cas dans ses deux précédents romans, Le Retour de Jim Lamar et Bel Air. Ce qui semble faire de Lionel Salaün un écrivain un peu à part dans le paysage éditorial français, trop souvent marqué par le formalisme et le nombrilisme. Parler des autres plutôt que de soi, voilà ce que personnellement j'attends d'un écrivain. Et cela passe par la fiction, plutôt que par l'auto-fiction. Voilà pourquoi j'ai plaisir à lire les romans de cet écrivain et attends déjà le suivant avec impatience. 

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