20 août 2007

Un bon roman espagnol

Je viens de lire un bon roman : Les Soldats de Salamine de Javier Cercas, publié chez Actes Sud en 2002.
Il est toujours difficile de dire ce qu'est un "bon" roman.
Un roman intelligent ? Celui-ci l'est assurément qui bascule constamment entre réalité et fiction et permet au lecteur de comprendre comment, à partir d'une réalité toujours mal définie, s'en construit une autre, feinte bien sûr, mais pas fausse pour autant.
Javier Cercas est un jeune universitaire, diablement habile, qui mêle au roman la genèse du roman, de "son"roman puisque le narrateur, journaliste/écrivain s'appelle Javier Cercas et le roman qu'il projette d'écrire s'intitule Les Soldats de Salamine.
Mais Javier Cercas n'est pas un de ces littérateurs français qui se soûlent et nous soûlent d'autofiction ! Javier Cercas est espagnol et l'histoire qu'il raconte est une histoire de guerre, d'hommes plutôt et de la façon dont ils se comportent en temps de guerre, mais aussi en temps de paix, longtemps après que la guerre est finie. L'univers romanesque a besoin de héros; mais il n'est pas certain que la vie produise des héros. Ou alors, ils ne ressemblent pas du tout à l'idée qu'on s'en fait. Tel est la conclusion vers laquelle semble s'acheminer le romancier.

Il y a dans le roman de Javier Cercas, suffisament de flou, de doutes, d'hésitations pour que le lecteur à son tour s'interroge et c'est à cette possibilité qu'on reconnaît le "bon" roman : la possibilité de remettre en question des certitudes trop hâtivement acquises. Mais j'ajouterai que le roman ne fonctionne bien que si l'auteur donne à ses personnages suffisamment de chair et de vie pour que le lecteur puisse éprouver à leur égard plus que de la curiosité intellectuelle.
Et c'est le cas des soldats de Salamine, "ce peloton de soldats qui au dernier moment a toujours sauvé la civilisation."
Ce qui me permet d'affirmer que le roman de Javier Cercas est assurément un bon roman.

Pour en savoir un peu plus sur la bataille de Salamine, qui donne son titre au roman : http://hellada.free.fr/salamine.html


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