30 juillet 2020

La Commanderie de Peyrassol


A moins d'une heure d'Aix en Provence ou de Toulon, la Commanderie de Peyrassol est une vieille bâtisse entourée de vignes, dont la fondation par l'ordre des Templiers remonte au XIIIe siècle.


Aujourd'hui, c'est un immense domaine viticole qui offre à la curiosité du public, ses chaix, ses jardins et ses oeuvres d'art .
Des vins je ne dirai rien puisque je ne les pas goûtés, et je suis loin d'avoir vu toutes les oeuvres d'art tant le domaine est grand. Mais j'ai apprécié les jardins à la française, vase Médicis compris qui entourent la maison de maître. Ici des agapanthes blanches émergent des carrés de buis...


... là ce sont des gauras et des orangers qui servent d'écrin au lièvre de Barry Flanagan !


Chaque pas dans le domaine permet une nouvelle découverte, que ce soit un amoncellement de potiches  et de jarres à l'ombre d'un mur ...



... une installation de Lee Ufan qui fait dialoguer une panneau d'acier et deux pierres


ou les incontournables "sculptures" de Bernar Venet, parfaitement à leur place dans cet environnement ...




comme l'étrange silhouette inachevée de Jaume Plensa qui se confond avec les ramures de l'arbre auquel elle est suspendue, une silhouette toute composée de lettres.

Il y avait encore beaucoup de choses à découvrir à Peyrassol, mais sur la route du retour, le temps m'a manqué et il faisait surtout vraiment trop chaud !
https://www.sculpturenature.com/commanderie-peyrassol-sculptures-monumentales/



29 juillet 2020

Etaf Rum, Le Silence d'Isra


Etaf Rum est américaine (née à Brooklyn) de parents palestiniens. Comme elle, ses personnages, essentiellement féminins, sont pris entre deux cultures a priori antithétiques. Mais son roman multiplie les personnages et les générations pour montrer la complexité des situations et des mentalités et ainsi échapper au manichéïsme simplificateur. Ce qui exige de la part de ses lecteurs une certaine agilité pour suivre un récit qui bascule constamment d'un personnage à l'autre mais aussi d'une décennie à l'autre.



 Farida, la grand-mère, qui a connu la misère des camps de réfugiés avant de suivre son mari en Amérique paraît souvent odieuse tant elle s'acharne à perpétuer les traditions, et ce faisant à imposer à ces belles-filles et petites-filles un modèle de femme réduite au rôle de génitrice et de servante, un modèle qui lui a été inculqué dès l'enfance et dans lequel elle trouve la justification même de son existence. Les femmes de la génération suivante, celle d'Isra, n'ont d'autre issue que la soumission, dussent-elles en mourir, ou la fuite. Et la prégnance du modèle est telle que même la troisième génération, pourtant née et élevée en Amérique ne parvient qu'avec beaucoup de difficultés à prendre conscience de sa capacité à choisir une autre voie pour essayer d'être une femme libre ou simplement un être humain à part entière.

Le Silence d'Isra est un roman ambitieux et certainement nécessaire, qui souffre un peu trop de la volonté de convaincre. Certains passages sont abusivement sentencieux et ressemblent parfois à des manuels de "mieux-vivre". Mais les personnages sont suffisamment bien campés, suffisamment crédibles pour que l'empathie l'emporte sur les exigences littéraires d'autant que l'écrivaine montre également, que d'une certaine façon les hommes aussi sont les victimes de cette culture qui assigne à chacun des rôles en fonction de son genre et de sa position dans la famille.

22 juillet 2020

Tulbaghia violacea



Peut-être un peu moins spectaculaires que les agapanthe, mais les fleurs durent beaucoup plus longtemps !

21 juillet 2020

La Nouvelle Babylone


Pour un été hors du commun, des films hors du commun. Comme celui-ci qui fait partie des grands classiques russes, et dont j'ignorais jusqu'à l'existence :  La Nouvelle Babylone de Grigori Lozintsev et Leonid Trauberg.
Le film date de 1929, il est donc muet, et n'évoque en rien la révolution russe mais bien Paris et la Commune de 1870. Le film s'inscrit, c'est évident, dans la propagande soviétique qui consiste à montrer les turpitudes de la bourgeoisie (ici plutôt leur frénésie de plaisirs) et la douloureuse vie de labeurs des  travailleurs. 


Mais ce qui est remarquable et particulièrement jouissif c'est de voir comment le réalisateur utilise toutes les ressources du cinéma alors naissant pour souligner les différences de classes et d'intérêts. Dès qu'il s'agit des riches bourgeois, qu'ils soient filmés dans le grand magasin, dans des lieux où l'on s'amuse, où l'on danse et l'on mange, l'image est saturée de personnages, de mets ou même de parapluies et ne cesse de bouger pour marquer la voracité et la frénésie, que souligne encore le recours aux gros plans. En revanche, lorsqu'il s'agit de montrer le peuple, l'image est beaucoup plus austère, les travailleurs sont montrés en plans américains plutôt qu'en gros plans, la lumière creuse les visages, souligne les silhouettes.

Le déroulement des événements n'est pas toujours très clair, mais cela importe peu parce que le spectateur se laisse happer par les effets formels qui montrent à quel point le cinéma à ses débuts était inventif.Dans sa version restaurée, la Nouvelle Babylone est un de ces films éblouissants qui marquent l'histoire du cinéma. .

20 juillet 2020

Au pays des cigales



Après la mue

19 juillet 2020

Joe Wilkins, Ces Montagnes à jamais


Au début on se dit non ! Trop compliqué ! Monter en parallèle deux lignes narratives c'est déjà beaucoup mais trois, c'est trop ! Et puis on s'habitue à passer de Merl à Wendell et de Wendell à Gillian parce que peu à peu on s'aperçoit bien que ces trois là ont une histoire commune. Et très vite on se prend d'affection pour le petit Rowdy, un enfant étrange et silencieux confié par les services sociaux à son oncle Wendell, parce que la relation entre cet enfant et l'adulte (dont le père a disparu alors qu'il était encore adolescent) est de celles qui se nouent au-delà des mots, comme deux animaux qui peu à peu s'apprivoisent.
Des animaux il en est beaucoup questions d'ailleurs puisque l'histoire se passe au pied des montagnes Bull, dans le Nord du Montana, un de ces territoires rudes que se disputent à la fois des hommes respectueux de la loi et d'autres qui n'entendent se soumettre à rien et surtout pas aux gouvernements quels qu'ils soient.


Les éléments du récit une fois mis en place, la suite du roman se lit à toute allure parce que le lecteur se retrouve happé à la fois par la description des paysages aussi sauvages que grandioses et la peinture d'une réalité sociale, politique et économique à mille lieux du rêve américain vendu dans les années 50 et 60. 
Ces Montagnes à jamais est le premier roman de Joe Wilkins et il faut bien reconnaître que les éditions Gallmeister ont vraiment un talent particulier pour repérer ces écrivains capables de transposer leurs lecteurs dans une Amérique aussi effrayante que séduisante mais tout à fait réelle.

18 juillet 2020

17 juillet 2020

La Belle de Saïgon



Voici une bien prometteuse rétrospective si j'en crois le premier (et pour le moment le seul) film vu !
Rien que des films en noir et blanc, tournés au début du cinéma parlant et avant 1934, c'est à dire avant que le Code Hays ne vienne imposer des règles strictes concernant la violence, le sexe et le langage vulgaire.

Jean Harlow dans les bras de Clark Gable pour commencer, mais la belle de Saïgon n'est peut-être pas celle que l'on croit car sur la plantation de caoutchouc du beau et dynamique Dennis Carson arrivent successivement Vantine, une fille de joie poursuivie par la police et Barbara Willis, la femme du nouvel ingénieur.

Avec le recul, tout dans le film paraît caricatural, mais la représentation de la vie coloniale correspond bien aux préjugés et aux clichés de l'époque. S'en scandaliser au nom du politiquement correct n'aurait pas de sens tant les situations et les comportements paraissent aujourd'hui ridicules. En revanche, ce qui est tout à fait jouissif, c'est la liberté de ton, l'inventivité du film de  ... Victor Fleming ! Oui le réalisateur d'Autant en emporte le vent. Rien de moins !  L'impression que la caméra elle-même s'amuse, comme s'amusent les décorateurs qui reconstituent en studio la jungle et la pluie tropicale, ou les dialoguistes qui jouent avec les tonalités forcément antithétiques de la prostituée revenue de tout et de la bourgeoise dont la sensualité bridée attise les désirs du beau planteur à la mise en pli toujours impeccable

Je ne sais pas si j'aurai la possibilité de voir les 9 autres films de la rétrospective, mais devant La Belle de Saïgon, franchement, je me suis régalée.

16 juillet 2020

L'ombre de Staline


Voici un film qui devrait prêter à discussion. Par son sujet tout d'abord puisqu'il s'agit d'évoquer la grande famine qui entre 1931 et 1933 a décimé plusieurs millions de Soviétiques, en particulier en Ukraine. Certains découvriront avec horreur ce pan de l'histoire soviétique, d'autres se réjouiront de le voir dénoncer, d'autres, évidemment le contesteront ou tenteront de minimiser les faits pourtant avérés. La réalisatrice, Agnieszka Holland a centré son film sur un personnage réel, le journaliste gallois , Gareth Jones, qui s'interroge sur la réussite économique affichée, met tout en oeuvre pour obtenir un entretien avec Staline, et de fil en aiguille se retrouve en Ukraine où il découvre comment vit  - et meurt -  la population.


Le sujet est lui-même très prenant et suffit à justifier le film. Restent les choix esthétique de la réalisatrice qui dans une interview affirme "Nous tenions à ce que le film soit simple et réel ; nous avons employé des procédés stylistiques pratiquement invisibles, à l’exception des moments où nous voulions mettre en avant les mouvements, l’énergie, l’appétit de Jones pour la vérité : nous avons alors puisé notre inspiration dans l’avant-gardisme soviétique." Ce n'est certainement pas comme cela que j'ai perçu le film puisque j'ai trouvé au contraire les effets stylistiques particulièrement appuyés avec des recherches de cadrages, de gros plans, de lumières et de reflets, qui, sans nuire aucunement à la narration, corrompent un peu le regard. Mais il est vrai que par son côté spectaculaire, et la qualité de son image, L'ombre de Staline  a plus de chances de toucher un grand public qu'un documentaire sérieux, austère et finalement ennuyeux. N'est-ce pas là l'essentiel ?
 

15 juillet 2020

Trois étés



Trois étés dans la famille d'une famille brésilienne. Trois étés, le temps nécessaire pour nous montrer la chute d'une riche, très riche, très oisive et très insouciante famille pour qui l'argent ne compte pas parce qu'il est pléthorique. et sans doute frauduleux.  Mais pour la nombreuse domesticité au service de la famille, les comptes sont un peu différents. Les soucis et le labeur aussi. Surtout pour Mada l'indispensable "majordome" !
La question des classes sociales semble être l'un des thémes de prédilection du cinéma brésilien, en tout cas celui qui est diffusé en France. Générosité, altruisime du côté des pauvres; pingrerie, égoïsme du côté des riches, le film de Sandra Kogut n'échappe pas tout à fait à la caricature, mais la fougue et le charisme de Regina Casé, l'actrice qui tient le rôle de Mada (et que l'on avait déjà vu dans Une seconde mère),  permet d'oublier ce que le film peut avoir d'un peu trop facile.


12 juillet 2020

Cancion sin nombre


Elle habite une cabane branlante, loin sur la montagne. Elle vend des patates à un coin de rue. Elle est enceinte. C'est son premier enfant. Alors oui, quand elle entend une publicité à la radio qui propose aux femmes de venir accoucher gratuitement dans la clinique San quelquechose..., elle se dit que tout ira bien.


Mais le spectateur averti sait bien qu'il n'en sera rien. On ne peut donc parler de suspens dans ce film qui entend dénoncer les trafic de nourrissons dans le Pérou des années 80. Même si la réalisatrice, , prend soin de faire mener l'enquête par un journaliste consciencieux, déterminé à  retrouver l'enfant.
Car d'une façon plus générale, c'est bien la situation économique et politique du Pérou que Melina Leon entend mettre en évidence. Une situation qui laisse les plus pauvres sans autre solution que rejoindre à l'occasion les rebelles du Sentier lumineux.
Austère puisqu'en noir et blanc, exigeant pour qui n'est pas tout à fait familier avec l'histoire récente du Pérou, Cancion sin nombre est un beau premier film.

11 juillet 2020

Tanya Tagaq, Croc fendu


Croc fendu est le premier roman, et pour le moment le seul, de Tanya Tagaq, une artiste aux multiples talents.
C'est un livre envoûtant pour qui se laisse emporter par le lyrisme parfois halluciné de la narration, par les incantations mystiques, par le mélange de prose et de poésie auquel s'ajoutent de temps en temps des dessins très stylisés.

Croc fendu est incontestablement un roman étonnant qui s'efforce de traduire le passage de l'enfance à l'adolescence d'une jeune fille inuit dont l'univers est fait de neige et de glace, mais aussi de violence, de sexe et de drogue et qui n'échappe à l'abrutissement que par l'exaltation des aurores boréales.

Croc fendu est un roman initiatique, un roman de formation où, par delà la spécificité de la culture inuit, on retrouve ce qu'il y a de plus universel chez l'être humain : le désir d'être soi et de s'appartenir.

Croc fendu est un roman qui ne ressemble à aucun autre roman. Un ovni au pays de la littérature.

08 juillet 2020

Les Parfums


Comment se fabriquent les parfums, ceux des couturiers, ceux des grands noms de la parfumerie, mais aussi les parfums ordinaires, parfums d'ambiance pour grands magasins ou parfum-couvertures pour essayer de masquer des odeurs moins agréables... on apprend effectivement beaucoup de choses sur les parfums dans le film de Gregory Magne.


Pour le reste la "comédie" est assez convenue puisqu'il s'agit d'une rencontre entre deux individus qui ont bien peu en commun : d'un côté une femme, riche, autoritaire et à priori peu sympathique, dont la carrière dépend de ses capacités olfactives puisqu'elle est - ou était - l'un des "nez" les plus réputés dans le monde des parfums. De l'autre un homme en plein divorce, en mal d'un boulot qui lui permettrait de récupérer la garde de sa fille : chauffeur donc au service de la première. Accrochages, complicités, échanges cordiaux ou un peu moins, la trame est facile à dérouler et le film agréable à regarder.

07 juillet 2020

Blue Velvet


J'adore le cinéma en été quand il nous permet de visionner sur grand écran des films que l'on avait manqués, comme ce Blue Velvet, le film "le plus accessible" de David Lynch. 
Comme souvent je crois dans les films de ce cinéaste, le scénario importe moins que l'atmosphère. Parfaitement délétère en l'occurrence, avec un personnage de psychopathe sadique et manipulateur difficilement supportable. La plupart des personnages du film sont de toute façon "border line", ses complices en particulier, mais même sa victime, Dorothy, la chanteuse de cabaret incarnée par Isabelle Rosselini, dont Frank, le psycopathe a fait son esclave sexuelle.


David Lynch a l'art de jouer sur les nerfs des spectateurs, de créer une tension qui repose ici sur le contraste entre le milieu noir, morbide dans lequel évoluent les personnages, et la naïveté de l'étudiant curieux et la jeune fille très "rose bonbon" qui mènent l'enquête.


Est-ce que j'ai aimé ce film ? Pas vraiment, mais je suis contente de l'avoir vu comme une pièce qui manquait à ma culture cinématographique. C'est bien à cela que servent les reprises estivales non ?