24 avril 2024

Sidonie au Japon

 Pourquoi a-t-on envie d'aller voir Sidonie au Japon, le film d'Elise Girard ?

 Pour se donner l'illusion d'un voyage au Japon? Sans doute, et le film déroule en effet pas mal de clichés sur le Japon entre courbettes du début et cerisiers de la fin en passant par toutes les règles de savoir vivre énoncées du genre "Au Japon on ne fait pas... Au Japon on ne dit pas ... ". Soit !  On peut sans doute mettre cela sur le dos de l'ironie bienveillante, pas de la caricature, mais c'est un peu limite quand même. 

Pour l'interprétation inconditionnellement louée de l'actrice principale ? Pas de chance, je ne fais pas partie des admiratrices d'Isabelle Huppert que je finis pas trouver semblable à elle-même dans tous ses rôles, toujours un peu guindée, sourire en coin. Certes c'est dans son personnage de femme qui a subi trop de deuils et ne supporte pas d'être une survivante. Mais l'émotion ne jaillit pas.

Reste l'idée principale du film, le voyage, le dépaysement comme solution au sentiment de perte et au deuil. Pas d'une originalité folle.  

Au final, un film un peu plat regardé avec indifférence





23 avril 2024

Deesha Philyaw, La vie secrète des bigotes


 Féroce et drôle? Oui, c'est sans doute ce que je peux dire de ce recueil d'histoires courtes qui surprend et accroche dès le premier texte. Sans doute parce que Deesha Philyaw a su trouver un ton, une écriture, une langue bien à elle et qui sonne juste, même en traduction ! Ses histoires parlent de femmes, de femmes noires, de femmes qui connaissent leur catéchisme sur le bout des doigts et appliquent toutes les règles de l'église ... ou pas. Et c'est dans cette articulation entre leurs désirs très charnels et leur éducation que Deesha Philyaw situe la plupart de leurs histoires. C'est souvent cru, inattendu, mais toujours drôle.  Les bigotes  de ce recueil ne sont pas des grenouilles de bénitier, ce sont des femmes de chair, on y parle de sexe, mais aussi de tendresse, on y parle couleur de peau car "noir" ne signifie pas grand chose quand il existe tant de nuances entre pâle et foncé. On y parle éducation des enfants dans des familles d'où les hommes sont absents. On y parle de femmes ordinaires qui affrontent la vie comme elles peuvent et vont de l'avant.Toujours de l'avant. 

J'ajoute que pour des lectrices qui ne vivent pas dans le Sud des Etats-Unis, qui n'ont pas été élevées sous le couvercle de la religion, qui ne sont ni américaines, ni noires.... ce livre est exotique, au sens premier du terme : perçu comme étrange et lointain et stimule l'imagination. C'est bien cela, un livre qui stimule l'imagination. Et finit par nous interroger sur nous-mêmes qui ne sommes ni noires, ni américaines.

22 avril 2024

Olivier Rolin, En Russie


 Baïkal-Amour
, lu récemment date de 2017. En Russie date de 1987. Oui, non seulement je lis les livres  de Rolin  au hasard, je les lis aussi à l'envers de leurs chronologie. Ce qui n'est pas sans intérêt parce qu'à 30 ans d'écart on peut imaginer que la Russie a changé  : la Perestroïka, l'URSS moribonde; et puis la chute et la reprise autoritaire sous Poutine. Mais si les régimes politiques changent, les peuples ne changent pas. Ni les paysages pour peu que l'on sorte des villes et des grands axes touristiques. Et ce qui ne change surtout pas, c'est le regard  de l'écrivain, curieux, intéressé, lucide, empathique mais aussi critique. Un vrai regard de voyageur. 

Leningrad et Moscou sont des incontournables, mais pour l'écrivain ce sont surtout des points de départ vers d'autres destinations comme le pourtour de la mer noire : Odessa, Yalta, Sotchi, Batoum (où l'on n'irait hélas pas se balader aujourd'hui), et le Transsibérien jusquà Irkoutz et Khabarovsk. Faveur supplémentaire, lorsqu' Olivier Rolin monte dans le train, c'est toujours un livre à la main. Cendrars, Gide ou Custine, Pouchkine, Tchekov ....

Dans l'avion de retour, Olivier Rolin s'interroge sur ce qu'il ressent, s'il est ému à l'idée de ne pas revenir. Il répond par la négative mais à peine a-t-il répondu non qu'il corrige "peut-être un tout petit peu tout de même, furtivement, à cause de la générosité de certains sourires, de certains yeux impavides, de la main tendue de la "provodnista" sur le quai d'Irkoutsk, à cause de la colère rentrée de certaines paroles, des signes d'adieu qu'un homme immobile envoie dans la nuit, du bord d'un trottoir, des derniers mots ironiques d'Evgueni à Sotchi. Et même du stylo à bille du passager de l'Ilyouchine. Et parce qu'il y a des steppes là-bas."

Les gens, oui. Et les paysages. Immenses et vides.                                                                                          Mais les gens d'abord. Ensuite seulement les paysages.

Olivier Rolin, Le Météorologue

 Troisième opus d'Olivier Rolin, lu dans la foulée. Toujours en Russie, mais il ne s'agit pas d'un récit de voyage, sauf à considérer qu'un convoi de prisonniers entre Moskou et le goulag des îles Solovki - qui passe pour être le prototype de tous ceux qui vont suivre - est un voyage. 

En tout cas, dans cet ouvrage parfaitement documenté, l'écrivain suit à la trace la vie d'Alexeï Feodossievitch Vangengheim, le météorologue du titre, déporté aux Solovki en 1934 et exécuté avec des centaiens d'autres prisonniers en 1937. Sans raison autre que la volonté de Staline.

 

Olivier Rolin n'est pas historien, mais fait ici un travail remarquable et son récit est d'autant plus convaincant qu'il retrace la vie d'un individu, un seul individu, dont on sait maintenant qu'il est représentatif de milliers d'autres individus qui ont disparu sous Staline. A l'attaque frontale contre le stalinisme, l'écrivain préfère le coin, très efficace dans l'abattage des arbres. 

Le Météorologue est un récit précis, objectif. Mais c'est aussi un livre poignant car jamais Feodossievitch n'a cessé de croire à l'erreur judiciaire et à sa possible libération, pas plus qu'il n'a cessé de croire au  communisme et à Staline !  Et puis, un livre qui commence par "Son domaine, c'était les nuages. Les longues plumes de glace des cirrus, les tours bourgeonnantes des cumulonimbus, les nippes déchiquetées des stratus, les stratocumulus qui rident le ciel comme les vaguelettes de la marée le sable des plages, les altostratus qui font des voilettes au soleil, toutes les grandes formes à la dérive ourlées de lumière, les géants cotonneux d'où tombent pluie et neige et foudre. Ce n'était pas une tête en l'air, pourtant - du moins je ne crois pas." comment ne pas le lire jusqu'au bout ? D'autant que dans les toutes dernières pages, même dans l'édition de poche, sont glissés les reproductions des dessins que le météorologue faisait parvenir à sa fille. 

 

Malgré tout, le livre refermé, un doute subsiste dans ma tête. Et si Alexeï Feodossievitch Vangengheim n'avait en réalité jamais existé et n'était qu'une brillante invention d'Olivier Rolin, puisque toutes les mentions du météorologue sur Internet, n'apparaissent qu'en référence au livre ? Me voici contaminée par le doute ... mais...  Cendrars, à qui on demandait s'il avait réellement pris le Transsibérien ne répondait-il pas : Qu'importe puisque je vous l'ai fait prendre !

16 avril 2024

Yasmina Liassine, L'Oiseau des Français

L'0iseau des Français, est un récit volontairement labyrinthique,  qui essaye de restituer le point de vue  de ceux qui ont vécu en Algérie, sans être Algériens proprement dit, ni colons. Ni Pieds-noirs ni Arabes pour faire court. Mais un peu les deux quand même puisqu'il s'agit de familles mixtes. Dans le cas de Yasmina Liassine qui se réfère à sa propre histoire, c'est une enfant née d'une mère française et d'un père algérien qui a grandi à Alger dans les années 60. Une enfant qui observe la vie autour d'elle, qui écoute les tantes, les voisines, sans vraiment comprendre de quoi il s'agit. Devenue adulte elle a pris du recul et s'interroge sur ce pays où elle a grandi, essaye de comprendre comment les populations se sont côtoyées sans se mélanger, se sont appréciées ou méprisées,  aimées parfois, détestées souvent. 

Au-delà du passé tragique et de la difficile voire impossible réconciliation des communautés, le livre de Yasmina Lliassine pousse le lecteur à s'interroger sur le rôle de l'éducation et de la culture qui devraient ouvrir les esprits, mais parfois aussi les enferme et les conduit à penser que si les autres ne font pas comme nous, ne se comportent pas comme nous, ne parlent pas la même langue, ne prient pas les mêmes dieux, ils ne sont pas comme nous. Rien de tel chez Yasmina Liassine qui dans le labyrinthe de ses souvenirs s'efforce de retenir ce que les uns et les autres ont en commun, puisqu'elle-même est un être composite.

15 avril 2024

Z de Costa Gavras

 Revoir un vieux film comme Z qui date de 1969, c'est toujours se demander s'il a vieilli, si l'enthousiasme qu'il avait suscité à l'époque était vraiment justifié. Parce qu'un film qui parle de politique est toujours vu en fonction d'un contexte. D'un double contexte en fait, celui d'hier et celui d'aujourd'hui. 

Celui d'hier ? L'assassinat d'un député grec, Grigoris Lambrakis en 1963, le coup d'état de 1967 et l'instauration de la dictature des colonels dans les années qui ont suivi; le roman de Vassilis Vassilikos dont se sont inspirés Costa-Gavras et Jorge Semprun. Alors, forcément, dans cette fin des années 60 où la jeunesse est en ébullition, le film avait marqué.

55 ans plus tard, dire que le film n'a pas pris un pli serait mentir,  mais il reste d'une redoutable efficacité. Un casting comme on en voit peu, Montand, Trintignant, Perrin, Perrier, Dux, Denner, Bofuzzi, Salvatore... peu de femmes il est vrai (on est encore au XXe siècle !)  mais Irène Pappas et Magali Noël quand même. Tous, les meilleurs de leur époque.

D'excellents acteurs donc, mais aussi un scénario bien agencé, et surtout une mise en scène et un montage extrêmement dynamiques, pas une minute d'ennui et impossible d'oublier le défilé final, quasi chorégraphié, des militaires devant le juge et dans les couloirs du palais de justice ! 

Aucun film il est vrai n'a changé la face du monde, ni entravé un coup d'Etat, ni empêché une dictature de s'installer. Mais Z sonne comme un avertissement sur la fragilité des démocraties, y compris dans un pays qui a inventé la démocratie. C'est pourquoi, bien qu'historiquement daté, il garde son intérêt. D'autant que le film s'adresse à tous les publics, pas seulement à ceux qui fréquentent les salles d'art et d'essai ou les ciné-clubs. Non à tous, vraiment. 






14 avril 2024

Gaelle Josse, A quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit

 

Un "bijou" ?  Trop mignard ! Une "pépite" ? Trop galvaudé !  Non, le mot qui convient c'est "diamant ", un pur diamant, une pierre dure mais qui brille de mille éclats. Le dernier livre de Gaelle Josse est un ensemble de courts récits - pas des nouvelles, juste des récits courts, que l'on savoure l'un après l'autre, sans se presser. Des instants volés à la nuit, debout devant la fenêtre. Des instants  de vide, des instants à soi. Rêveries. Chagrins. Espoirs. Souvenirs.  Chacun de ces textes est riche d'humanité, l'écriture ciselée. ... On y revient, petits cailloux, petits éclats de lumière dans la nuit. Pourquoi en dire plus ...

05 avril 2024

Olivier Rolin, Baïkal-Amour


 

 Olivier Rolin .... j'avais lu il y a très longtemps Port-Soudan. Et j'avais beaucoup aimé. J'avais lu il n'y a pas si longtemps Extérieur monde que j'avais un peu oublié. Et puis Veracruz peut-être. J'avais lu d'autres livres comme Zones,  que je n'avais pas beaucoup aimé, mais c'était un livre de son frère et j'avais confondu Jean et Olivier. 

Et puis voilà, à l'occasion d'une rencontre dans une librairie pour le dernier livre d'Olivier, Jusqu'à ce que mort s'ensuive (que je n'ai pas encore lu ) je tombe sur ce Baïkal-Amour que je dévore gloutonnement tant il correspond à ce que j'aime dans les voyages : l'inconnu sans rien d'absolument spectaculaire, les rencontres avec des gens tout à fait ordinaires ou parfois un peu moins. Ne pas être pris par le temps, laisser passer le temps, se bercer du défilé des heures dans un train brinquebalant qui traverse jour après jour des contrées aussi magnifiques que désolées. Non pas le Transsibérien, mais le BAM, le train qui circuler sur la ligne Baïkal-Amour, entre Krasnoïarsk et Vanino où un ferry permet de passer sur l'île de Sakhaline. Oui, je sais il faudrait une carte, mais elle est dans le livre et l'on peut suivre le trajet découpé en plusieurs tronçons du bout du doigt. 

Pourquoi cet engouement pour cet assez petit livre ? Parce qu'Olivier Rolin voyage comme j'ai parfois voyagé, comme j'aimerais voyager. Parce qu'Olivier Rolin a fait plus de 20 voyages en Russie et s'est pris d'affection pour ce pays, y compris pour son côté déglingué, comme je me suis prise d'affection pour les Etats-Unis où je suis retournée plus de 20 fois. Parce qu'il porte un regard à la fois critique et amoureux sur un pays qu'il a appris à connaître, dont il est familier, mais pas suffisamment pour ne pas se laisser surprendre. Curieux toujours. jamais blasé. Je retrouve avec lui mon goût du vopyage. Mais Olivier Rolin n'est pas qu'un voyageur, il est, ce que je ne suis pas, un écrivain, avec une plume aussi légère que précise pour dresser un portrait, évoquer un paysage. Tout est juste dans son écriture. Avec juste ce qu'il faut d'érudition pour titiller le lecteur, sans l'ennuyer. 

 J'avais un peu perdu le goût de la lecture;  je l'ai retrouvé et crains qu'une autre pile (Rolin/Russie) ne s'ajoute bientôt à toutes celles qui s'accumulent depuis un certain temps sur ma commode.

04 avril 2024

C'e ancora domani

Il reste encore demain, la phrase clef de ce film que j'hésitais à aller voir parce que j'avais peur de me retrouver devant une daube commerciale tarte à la crème sur la condition féminine, avec un petit relent néo-réaliste, historique (l'après-guerre) et le noir et blanc pour le verni culturel et esthétique. Et c'est presque ce que j'ai trouvé. Presque ! Car malgré ce qui nous paraît aujourd'hui exagéré, caricatural et quasi invraisemblable, c'est bien de la domination masculine telle qu'elle était établie dans les années 40 (et au delà), en Italie (et pas seulement), qu'il s'agit, et si elle est montrée ici à gros traits c'est pour mieux en persuader les spectateurs d'aujourd'hui. Et ça marche ! Parce que Paola Cortellesi fait vivre un petit monde qui ne dépasse pas la taille du quartier où vit Delia, son macho de mari et leurs 3 enfants, sans oublier l'horrible beau-père dont la mort vient interférer avec les projets de Délia. Le film accumule les détails pour mieux faire comprendre la situation de Délia, brave petit cheval qui avance malgré les coups; la réalisatrice sait très habilement suggérer la violence physique tout en pratiquant l'art de l'esquive et ménager des effets de surprise tout au long du film. La séquence américaine m'a cependant paru un peu trop tirée par les cheveux, mais plutôt drôle quand même. Comment éviter à votre fille de tomber dans les pièges dans lesquels vous êtes vous-même tombée ! La méthode est pour le moins explosive. 

De scène en scène, mes réticences vis à vis du film sont tombées; en effet  la réalisatrice joue sur l'empathie du spectateur qui limite, aimerait intervenir, souffler à Délia ce qu'elle devrait faire, l'encourager, voire la bousculer... mais le retournement final, que bien sûr je ne peux commenter de peur de vous "divulgâcher" le film est tout simplement jouissif  ! Totalement inattendu. 

Paola Cortellesi est la réalisatrice, la scénariste et l'actrice principale de ce film dont les entrées en Italie ont été supérieures à celles de Barbie ou d'Oppenheimer. Jolie réussite, non ?





03 avril 2024

Nathaniel Ian Miller, L'Odyssée de Sven

 

 

Nathaniel Ian Miller est éleveur de bétail dans le Vermont !  C'est en tout cas ce qu'annonce l'éditeur en 4e de couverture. Ce doit être, je suppose, un argument commercial car, avec L'Odyssée de Sven Nathaniel Ian Miller fait surtout la preuve qu'il a l'étoffe d'un romancier. D'un bon romancier !  Qui s'appuie sur des bribes d'histoire réelles pour construire autour du personnage de Sven une formidable odyssée, pleine d'embûches et d'obstacles.

A l'étroit et en difficulté dans sa première vie de suédois pauvre, défiguré par un accident dans une mine, Sven lâche tout pour rejoindre le Spitzberg, territoire glacial et peu accueillant, mais qui d'une certaine façon lui correspond et va lui permettre peu à peu de découvrir ce dont il est capable. Autour de lui des personnages pas toujours bienveillants, mais toujours pittoresques, d'autres, aussi cultivés que généreux, ce qui est plus inattendu.  El les jours se déroulent, puis les années dans des paysages certes grandioses mais où la question de la survie se pose constamment. 

Lire L'Odyssée de Sven c'est renouer avec les romans d'aventures de notre adolescence, les Jack London, Daniel Defoe, Jules Verne ... C'est aller vers l'inconnu. Un inconnu âpre et rugueux, définitivement hors du commun. Rien de tel qu'un bon livre comme celui-ci pour échapper à la morosité du quotidien et à relativiser nos difficultés.



02 avril 2024

Ojoloco 2024 : Totem

 

 C'était le film de clôture et effectivement je l'ai trouvé plus abouti que les films que j'ai pu voir pendant le festival. Mais il est vrai que je n'en ai pas vu beaucoup et que j'ai manqué Valentina o la Serenidad d'Angeles Cruz, qui a obtenu le prix du public et le prix du juré étudiant. 

Totem est une espèce de chronique familiale, chronique d'une journée puisque dans cette maison où se croisent et se recroisent toute une gamme de personnages, se prépare une fête pour l'un des leurs, gravement malade. Chacun vaque à ses occupations s'agite, prépare la fête, se prépare pour la fête et comme il y a beaucoup de monde dans la famille, on assiste à un tourbillon de gens, mais aussi d'émotions. Et c'est le côté le plus intéressant du film: il y a de la joie, des rires, mais aussi de la colère, de l'angoisse, et peut-être du désespoir. Des disputes aussi, et du chagrin. Bref la vie avec ses hauts et ses bas, et tout ce qui se dit ou se tait dans une famille .

Lila Avilès, la réalisatrice, procède par petites touches impressionnistes, sa caméra glisse d'un personnage à l'autre, d'un lieu à un autre, toujours au plus près des ces personnages. Tout se mêle et tout s'emmêle jusqu'à l'ellipse finale. Oui j'ai bien aimé Totem et comme il s'agissait d'une avant-première, il ne devrait pas tarder à arriver sur vos écrans !


30 mars 2024

Ojoloco 2024 : Mientras todos pasa

Un film doux et lent sur l'insaisissable période entre enfance et adolescence. Au choix : fascinant ou horripilant.  Je l'ai surtout trouvé languissant.  Mais il ne dure que 60mn et c'est un premier film. Le prochain film de Sofia Introcaso sera sans doute plus rythmé...


29 mars 2024

Ojoloco 2024 : Betânia



Parque_Nacional_dos_Len%C3%A7%C3%B3is_Maranhenses_Paulo_Cattelan_(03).jpg#/media/

 Le film de Marcelo Botta est l'occasion de découvrir un paysage extraordinaire, celui du parc national  des Lençois Marahenses au Brésil : dunes de sable plus blanc que sucre, lagunes vertes ou bleues, et parfois couvertes de fleurs ? Le genre de paysage qui vous donne immédiatement envie de craquer votre empreinte carbone pour prendre un billet d'avion et voir en vrai. 

Betânia est aussi l'occasion de découvrir comment vivent ceux qui habitent près de ce parc national, entre traditions et modernité. Pas d'électricité, mais des téléphones portables ? Rituels ancestraux, mais super quads ? Pauvreté matérielle, mais richesse humaine ? Le thème du passage plus ou moins chaotique à la modernité, et de la nécessaire adaptation au changement est joliment incarné par le personnage de Betânia et sa famille et serait suffisant pour intéresser le spectateur sans l'ennuyer. Mais le réalisateur a la main lourde et en ajoutant leçons d'écologie et sarcasmes à l'encontre des touristes (caricaturaux certes mais horriblement mal joués), il finit par lasser malgré les multiples panoramiques sur le sublime paysage. A force de vouloir trop en faire.... 

Résultat, Betânia reste un film brouillon qui multiplie les plans inutiles, défaut encore accentué par le montage saccadé. Réalisateur de séries télévisées, Marcello Botta a apparemment beaucoup à dire, mais n'a peut-être pas encore trouvé son rythme pour un long métrage.


 


26 mars 2024

Jan Carson, Les Ravissements


 Pas évident de chroniquer ce roman de Jan Carson, parce que les premiers chapitres donnent l'impression que l'auteure peine à trouver sa voix, hésite entre un récit à la première personne  - mais la voix d'un enfant limite toujours un peu les possibilités - et un récit à la troisième personne. Il faut donc du temps pour entrer dans le livre et un peu de patience pour continuer parce que Jan Carson est du genre prolixe et accumule les détails qui restituent  en effet un univers mais ... Alors je suis passée à la vitesse rapide. 

Quelle que soit la vitesse de lecture, le roman reste néanmoins très intéressant parce qu'il s'agit de mettre en scène une enfant, Hanna, sa famille (fondamentaliste), les habitants d'une petite ville d'Irlande du Nord et de leur faire traverser un mal inattendu  - non ce n'est pas le Covid - qui  touche tous les enfants de la classe d'Hanna. Sauf elle ! A partir de ce moment, le roman tourne au thriller et l'on se dit que si la romancière a un peu tardé à accrocher son lecteur, c'est pour ne plus le lâcher. 

Je n'irai pas jusqu'à parler, comme le fait son éditeur, de réalisme magique simplement parce qu'Hanna "communique" avec les morts. Il se passe tant de choses dans l'esprit d'un enfant ! Je pense en revanche que la minutie avec laquelle Jan Carson décrit les comportements de ses personnages, leurs attitudes, leurs propos, relève d'une observation attentive et pour finir j'ai trouvé le roman d'une grande finesse et d'une grande justesse. 

25 mars 2024

Ojoloco 2024 : La Practica

Je crains de ne pas aimer beaucoup les films comiques. Si tant est que La Practica soit un film comique ? Parce que je n'ai pas entendu beaucoup de rires pendant la séance à laquelle j'ai assisté. Comique de situation, comique de répétition avec ce professeur de yoga, sans charisme aucun, qui ne cesse de se faire mal jusqu'à finir plâtré. S'agit-il de tourner en dérision les adaptes du yoga, d'en dénoncer la docilité, ou la rigueur pour ne pas dire la rigidité de leur comportements, même en dehors de leur pratique ? Cela me paraît un peu excessif. Quant à suggérer que les blessures physiques ne sont que le symptômes de blessures à l'âme non identifiées... oui, sans doute. Mais en attendant je me suis bien ennuyé. Et affubler une jeune fille de nattes blondes pour en faire une allemande, franchement ... ou alors le film est trop subtil pour moi !