31 mars 2021

La vieille ville

 La Ciotat, c'est d'abord un port. Oui, mais c'est aussi une ville, une de ces villes méditerranéennes aux rues étroites plus ou moins tortueuses, où les maisons ont toujours l'air de pencher d'un côté ou de l'autre et où, comme il se doit puisqu'on est dans le Sud le linge sèche aux fenêtres.

Les rues sont étroites, certes. Et les trottoirs quasi inexistants. Qu'importe puisque les rues sont piétonnières et parfois végétalisées pour le plus grand plaisir des passants.

 

Un vieux tabouret, un escabeau ou une chaise percée ...  deux planches pour faire un banc... ces micro-jardins faits de bric et de broc, amoureusement entretenus par les habitants, fournissent une excellente entrée en matière pour lancer la conversation : "c'est bien un sedum, là sous le banc ? ", "et sur le volet ?" "Ah, une hellebore ? " " et les oiseaux, ils viennent quand vous les appelez ? "


Le jeu très graphique des grues dans le ciel



 

30 mars 2021

Le chantier

La Ciotat, port de mer. Avec une longue histoire maritime et ouvrière puisque depuis le milieu du XXe siècle jusqu'en 1989 plus de 200 navires sont sortis du chantier naval.

Où que l'on soit à La Ciotat, le regard se cale sur l'immense portique Krupp et le ballet des grues, signe que depuis 2007, l'activité a repris sur le chantier de la Ciotat. Sur un mode différent puisqu'il ne s'agit plus de construire pétroliers ou porte-containers, mais d'entretenir les yachts de luxe.

Une ancienne grue monte la garde sur le quai. Des dizaines de pigeons vont et viennent autour de la cabine désormais immobile.

Au pied de la grue, un monument de métal rouillé, en hommage aux victimes de l'amiante.

Moment d'émotion sur le port de la Ciotat. 

Et pour tout savoir sur le portique et les grues :  le site de la classe de CM2 de l'école de Ceyreste !

http://cm1cm2.ceyreste.free.fr/chantier1.html

29 mars 2021

La mer ... et puis le port

 

 

Feu vert à babord quand on regarde la mer, à tribord quand il s'agit d'entrer au port. Le phare lui, ne bouge pas. C'est nous qui nous déplaçons.


 
Le port de la Ciotat, le vieux port en tout cas, est immense et abrite toutes sortes de bateaux, comme ce très beau voilier en attente de mât...


ou ces jolis pointus qui, en attendant de larguer les amarres ...


font rêver les passants...
 


 

28 mars 2021

Bleu Méditerrannée

Retrouver le bleu, retrouver la mer ...    Enfin !





27 mars 2021

Laïla Lalami, Les autres américains

Les autres américains est un roman aux multiples personnages, tous (ou presques) américains, et Laila Lalami a su donner à chacun sa voix propre, sa tonalité particulière, car s'ils partagent la même nationalité, ils sont néanmoins tous différents : par la couleur de leur peau, par le pays où ils ont grandi mais qu'ils ont dû quitter, par leur religion éventuellement, mais surtout par leur personnalité. 

Ainsi dans la famille Guerraoui, il y a le père, Driss, un militant marocain contraint de fuir son pays par peur des représailles qui, à force  de travail a réussi à acheter un petit restaurant. Lui s'est adapté, s'est "américanisé", mais sa femme s'attache à sa culture, aux traditions de son pays d'origine. Leurs deux filles, bien que nées en Californie n'ont pas grand chose en commun. L'une est dentiste, mariée avec un dentiste; l'autre est une musicienne qui peine à faire sa place. A côté des Guerraoui, il y a aussi Jeremy, l'adjoint du Shérif, et son ami Ferrio, vétéran comme lui de la guerre d'Irak, Efraïm, le clandestin mexicain, Coleman l'enquêtrice, Anderson, AJ ....autant de personnages auxquels Laila Lalami parvient à donner une voix puisqu'à chaque chapitre correspond un personnage qui parle à la première personne. Les points de vue se succèdent, se croisent et finissent par construire une grande fresque, un peu à la manière de Diego Rivera.


Chronique familiale, histoire d'amour ou intrigue policière (Driss est renversé par une voiture au début du roman, accident ou meurtre ?), le roman de Laila Lalami est tout cela à la fois; c'est surtout une plongée dans la réalité américaine de l'après 11 Septembre et un regard très juste sur une Amérique sans glamour, laborieuse dont les rêves ne cessent de se heurter à la réalité. Les problèmes endémiques, violence, racisme - économie - incontournables de tous les romans -  ne sont pas esquivés, mais ils sont traités au niveau des personnages, à travers leur expérience personnelle, intime parfois, que le lecteur peut ainsi comprendre à défaut de partager. C'est un livre où chaque personnage fait de son mieux sans pourtant parvenir tout à fait à ses fins, ce qui crée une tension permanente suffisante pour que le lecteur ne lâche jamais prise.

23 mars 2021

Hiroko Omayada, L'Usine

 


Voilà un roman bizarre, insolite qui détonne et qui étonne. Un roman qui fait appel à l'imagination ce qui , en soi, est déjà source de satisfaction, bien que la réalité ne soit parfois pas très différente de la fiction. 

Il y a d'abord l'usine, un vaste territoire traversé par une rivière, un territoire immense avec ses quartiers, ses bureaux, mais aussi ses magasins, ses restaurants, ses laveries, ses lignes de bus et même ses logements.  Sans oublier une faune pour le moins inhabituelle. Trois employés nouvellement embauchés découvrent à la fois l'espace et leurs nouvelles fonctions, sans grand rapport d'ailleurs avec leurs compétences : l'un relit et corrige des documents dont il ne comprend pas l'intérêt, l'autre est chargé d'étudier les mousses pour préparer la végétalisation des toits et la dernière passe 7h30 par jour à alimenter les déchiqueteuses. Ils sont jeunes, consciencieux, exécutent sans trop s'interroger les tâches qui leur ont été confiées.

Tous les éléments sont réunis pour créer une atmosphère inquiétante et il ne faudrait pas grand chose pour que le roman vire au polar. Mais ce n'est pas la voie suivie par Hiroko Oyamada qui penche plutôt du côté de l'absurde et du fantastique. A moins qu'il ne s'agisse d'une fable vaguement politique. Certains lecteurs ont pensé à Kafka, moi je pense plutôt au Chaplin des Temps modernes, voire au Fritz Lang de Metropolis. Car oui, ce que Hiroko Oyamada décrit c'est bien quelque chose comme un univers totalitaire,  parfaitement policé, où tout est décidé en dehors de l'individu, qui obéit aux consignes et se plie aux convenances sans sourciller parce qu'elles n'ont rien de brutal, ni de violent. L'usine au fond est l'exemple terrifiant d'une dictature doucereuse, d'autant plus dangereuse qu'elle inhibe toute velléité de résistance

22 mars 2021

Amy Jo Burns, Les Femmes n'ont pas d'histoire

Oui, parce que comme le disait si bien Françoise Xenakis dans Zut, on a encore oublié Mme Freud, il y a toujours une femme dans l'ombre d'un "génie" masculin, une ombre dont l'Histoire ne tient pas compte. 

Ce pourrait être le cas des personnages féminins d'Amy Jo Burns, si l'écrivaine n'avait justement décidé de raconter LEUR histoire et de les mettre sur le devant de la scène. Ivy et Ruby sont des femmes des Appalaches; elles ont la vie dure surtout depuis que les mines ont fermé et qu'il n'existe plus d'autre horizon que la religion ou l'alcool que l'on fabrique clandestinement. Les hommes choisissent leur vie, les femmes, elles, attendent d'être choisies. Mais les choses changent lorsque Wren, la fille de Ruby, se met à douter, et remet en question traditions locales et valeurs patriarcales. 

Les femmes n'ont pas d'histoire est un roman sombre et assez brutal, mais pas dénué d'espoir parce que Amy JO Burns s'attache à montrer que d'une génération à l'autre les choses peuvent changer et que les femmes, quoi qu'on en dise, ont bien une histoire.


P.S. Le roman malgré son intérêt risque d'être un peu difficile à lire pour les ophiophobiques (dont je suis), car le père de Wren est un de ces prêcheurs improvisés pour qui la manipulation des serpents fait partie du culte. Une pratique rare, destinée à tester la foi des croyants et interdites dans la plupart des Etats, mais toujours pratiquée dans le Sud des Etats-Unis et en particulier en Virginie Occidentale où se déroule le roman. J'ai quand même réussi à lire ce récit infesté de serpents, mais j'avoue avoir sauté quelques paragraphes...

20 mars 2021

Nomadland


 
 
Pourquoi cette femme quitte-t-elle le Montana pour se lancer sur les routes dans un vieux van, sans chauffage, sans toilette, où elle n'a même pas la place de s'allonger ? Pourquoi la retrouve-t-on des centaines de miles plus loin en train de travailler dans un entrepôt Amazon, ou dans une cafétéria ou ... 
 

Pour avoir lu il y  a deux ans le livre de Jessica Bruder je pouvais en deviner la raison, mais Chloé Zhao, la réalisatrice en centrant son récit autour d'un personnage principal a crée chez le spectateur une attente d'explication, une forme de suspense et surtout une empathie vis à vis de Fern et de ses compagnons de route, alors que le livre cherchait plutôt à dénoncer un système capitaliste qui profite du dénuement  et de la détresse de ceux qui, pour des raisons économiques, sont contraints d'errer d'un bout à l'autre de l'Amérique pour trouver de travail et ce, quel que soit leur âge. 

La critique de Chloé Zhao est moins virulente, et les portraits qu'elle fait de ces nouveaux nomades montre que les nécessités économiques sont en effet déterminantes, mais elle suggère aussi que, pour la plupart d'entre eux, d'autres motivations. entrent en ligne de compte :  un deuil, le refus des contraintes, un besoin de solitude ...  et plus généralement, un sentiment d'inadéquation avec la société telle qu'elle est qui fait que la route devient pour beaucoup un refuge, aussi difficiles que soient leurs conditions matérielles. Ils y trouvent, au hasard des déplacements et des rencontres, des solidarités qui leur permettent d'aller jusqu'au bout de leur chemin. 

Il fallait pour porter ce film tout le talent, exceptionnel, de Frances McDormand qui joue sans fard et sans souci de son image. Il fallait aussi toute la sensibilité de Chloé Zhao, réalisatrice de Rider en 2018 et de Les Chansons que mes frères m'ont apprises en 2015, qui semble vouloir suivre un chemin étroit entre documentaire et fiction. Qu'une partie du film soit tournée dans les Badlands (les mauvaises terres) a peut-être valeur symbolique mais ces quelques images ont suffi à éveiller ma nostalgie des paysages américains. Pour le moment,  si lointains !


19 mars 2021

marie D à la galerie Hang'art

 

 


 Je n'ai pas demandé à l'artiste si les oeuvres exposées étaient des peintures, des encres, des aquarelles, des estampes.... parce que marie D, de toute évidence, ne se limite pas à une technique, mais passe avec aisance de l'une à l'autre. Je me suis donc contentée d'apprécier ce que je voyais : des surfaces plates, des formes hésitantes dans lesquelles chacun peut reconnaître ce qu'il veut, des couleurs douces des bleus mais aussi du beige, du marron... 

J'ai cru identifier des matières, des textiles, mais en regardant de plus près apparaissent soudain des visages, à peine esquissés, comme des silhouettes fantomatiques qui sortiraient de derrière un écran, un voile...

Mais pour apercevoir ces figures il faut vraiment s'approcher, contempler longuement l'image, attendre qu'elles surgissent.  Ce qui sur cette page est bien sûr impossible ! Alors, à défaut d'aller voir sur place, voici un lien vers le site  de marie D. qui permet de retrouver les oeuvres actuellement exposées.  

Et bien d'autres...

 https://www.marie-d.com/galerie

 

18 mars 2021

17 mars 2021

Vanina Tarnaud à la galerie Ex Nihilo

 La rue Servan n'est peut-être pas le rue la plus passante de Grenoble, mais c'est là que se trouve la galerie Ex-Nihilo qui en ce moment expose le travail photographique de Vanina Tarnaud et nous invite à prendre le train avec elle.


En effet les photos présentées ont été prises depuis la fenêtre du train entre Grenoble et Paris. Le genre de photo qu'on souvent envie de faire quand on lève le nez du journal ou du livre qui nous fait passer le temps.  Vanina Tarnaud  ne s'est pas contenté de rêver, elle l'a fait, et après avoir sélectionné ses photos, elle les a retravaillé et a trouvé une façon particulièrement originale de les présenter.  

Petits formats carrés présentés dans des boîtes-cadres noires, ou formats un peu plus grands tirés sur plexiglas dont la pellicule arrière a été remplacé par des feuilles d'or qui ajoutent de la lumière à ces images souvent prises à l'aube, dans la faible lumière du matin.  Il y a aussi quelques plus grands formats que la photographe a composés en jouant sur les reflets et les superpositions. 

Effets de brume, floutés des paysages qui défilent à grande vitesse, silhouettes des arbres dénudés qui se détachent sur un ciel plus clair,des couleurs qui glissent du gris au marron, silhouettes des arbres dénudés sur un ciel plus clair, des teintes mordorées, lumineuses .... il y a dans les photos de Vanina Tarnaud quelques chose qui transcende la réalité, pourtant aisément reconnaissable, et lui confère une qualité quasi onirique. 

Ce n'est certainement pas la mauvaise photo prise avec mon téléphone qui rendra la beauté des ces photos. Mais elle suscitera peut-être l'envie d'aller les voir. En vrai ! Puisque Ex-Nihilo, comme toutes les autres galeries est ouverte. Presque tous les après-midi !






 

14 mars 2021

Johann Rivat au Vog

 Ce sont ses tableaux qui sont exposés au Vog à Fontaine jusqu'au 24 Avril. Des tableaux figuratifs inspirés par l'idée que les mythes sont latents et ressurgissent pour répondre, éventuellement, à nos besoins. Cela se traduit pour Johann Rivat par de grands tableaux extrêmement colorés, couleurs de feu comme celui du carton d'invitation.

http://levog-fontaine.eu/vogfontaine/expositions

 Mais j'ai été plus fascinée par des tableaux aux couleurs plus douces, des tableaux relativement dépouillés, presque vides avec au centre un poteau publicitaire comme on en voit au bord des routes. 

 
 Il est toujours difficile de comprendre ce qui nous attire, nous indiffère ou nous repousse dans un tableau. L'harmonie des couleurs qui me font apprécier le rose et préférer le bleu  ?  Les formes, géométriques, simples ? Le sens des mots ? Le sens que le peintre a voulu donner à son tableau et sur lequel je m'interroge ?


Plus simplement je crois que ce qui me fascine dans ces tableaux, c'est l'espace dont nous manquons tous en ce moment.  Le vide... un vide non pas stérile mais plein de promesses, comme le soulignent les deux bandes jaunes en bas du tableau. La possibilité de suivre la route et de changer d'horizon.

13 mars 2021

Pensée


 
Prévert n'aimait pas les pensées. Pourtant, à cette fleur "la plus triste la plus morne de toutes les fleurs de la terre" il a consacré un poème : Fleurs et couronnes. Un bien beau poème, surtout quand il est dit par Serge Reggiani. Avec un tout petit peu trop de grandiloquence à mon goût, mais quand même, cela vaut la peine de l'écouter !

  https://youtu.be/qOkF9_pGXgw

 

Rio Grande

 Plus d'une trentaine de westerns depuis cette pandémie, et je n'ai ni épuisé le filon, ni ne m'en suis encore lassée !  De quoi se faire une petite idée de l'histoire du western et de l'histoire de l'Amérique. Il sera temps bientôt de faire le point , de mettre un peu d'ordre dans cette filmographie, mais pour le moment j'avance encore de façon chaotique, en fonction de mes trouvailles à la bibliothèque (heureusement bien fournie!) 

Le dernier vu ? Un film de John Ford avec John Wayne qui date de 1950 : Rio Grande ! Encore un film qui fait l'éloge de la cavalerie : courage, orgueil, camaraderie .... Rien de nouveau ! John Ford reprend à satiété ses thèmes préférés en mettant en scène la vie d'un fort en plein territoire Apache.  Mais l'histoire fût-elle avec un grand H, est toujours vue par le réalisateur, au niveau de l'individu. En l'occurrence le lieutenant colonel York qui voit arriver,  parmi les nouvelles recrues, son fils Jeff qu'il n'a pas vu depuis 15 ans, bientôt suivi de son ex-femme, la mère du jeune homme. Le fils bien entendu se comportera en héros,  malgré les brimades dont il est l'objet.


Aussi attendu que soit le scénario, le film reste néanmoins intéressant et enchaîne quelques scènes inattendues : la  démonstration des capacités équestre des jeunes recrues pour commencer,  une accumulation de sérénades et de chansons de marche qui pourraient presque faire passer le film pour une comédie musicale, les épisodes comiques dus la plupart du temps au talent de Mc Laglen, qui tient le rôle du sergent ivrogne et sentimental, avec en arrière-plan des allusions à la guerre civile qui a pendant 4 ans opposé sudistes et nordistes et causé la séparation du couple. Et même si le film traîne un peu, et se joue des exigences du réalisme, on sent que John Ford s'est fait plaisir en tournant ce film.  Et que le  sourire et le discret battement de pied de Mme York lorsque la fanfare entame Dixie, à la fin du film, signe la réconciliation. Du couple ! Pour les camps ennemis c'est plus difficile !


12 mars 2021

Retour aux galeries


Oui les galeries sont ouvertes. Et il serait dommage de s'en priver sous prétexte que le Covid n'a pas fini de rôder.  Parce qu'il y a si peu de visiteurs, que les distances dites sanitaires sont très faciles à respecter. Retour aux galeries donc, en attendant que les musées à leur tour ouvrent leurs portes. Et même si les propositions grenobloises ne sont pas très nombreuses, sortir de chez soi et pousser la porte d'une galerie est déjà un vrai bonheur.

Pour fêter ses 30 ans d'existence, l'Espace Vallès à Saint Martin d'Hères,  a proposé à 30 artistes de présenter une ou plusieurs oeuvres  (3 le plus souvent et parfois 2) d'un même format : 50 x 50. 

Le résultat ? Une exposition qui met en valeur la diversité des talents sollicités, avec des oeuvres abstraites ou figuratives, austères ou ludiques, aux couleurs vives ou très assourdies.... Et pour le visiteur, la possibilité de se confronter à des oeuvres très différentes qu'il peut à son gré adorer ou détester en toute subjectivité. 

Parmi ceux qui ont retenu mon attention : Alice Assouline, Claire Dantzer, Dammir Radovic, Isabelle Faccini, Fabrice Nesta .... Des artistes que j'aimerais suivre...

11 mars 2021

Arbre/Arbres

       Selon l'humeur et le temps .... 

Une façon comme une autre de passer le temps.



 

10 mars 2021

Au jardin des vallons ...


 
 
Au Jardin des vallons, les arbres sont en fleurs... 

Le printemps est là,  mais le cinéma reste fermé.  

Je m'ennuie. 

Personne pour me raconter des histoires, personne pour m'emmener loin, à l'autre bout du monde.

 Personne pour me faire rêver, rire ou pleurer. 

La nature est belle, elle se renouvelle, mais c'est toujours la même. 

Le cinéma lui est toujours différent !

Quand donc finira la semaine ? 

Quand donc rouvriront les cinémas ?



 

09 mars 2021

Colson Whitehead, Nickel boys


"Il avait dit J'en ai assez de la maison de redressement /Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les dents / Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment "

Bien sûr, quand on lit Nickel Boys on pense à Prévert et à son poème La Chasse à l'enfant, ou peut -être à L'Evadé de Boris Vian :

"Il a dévalé la colline / Ses pieds faisaient rouler des pierres/ Là -haut la sirène chantait sans joie ... " 

 
Poésie et littérature n'édulcorent en rien la réalité; elles la révèlent dans toute sa noirceur et bien que les personnages du roman de Colson Whitehead soient fictifs, les conditions dans lesquelles il les fait vivre, sont calquées sur les faits tels qu'ils ont été relatés dans la presse, lorsque, sur le site de l'école Dozier, en Floride, ont été découvertes des tombes non identifiées. 



Ce que raconte l'écrivain, c'est l'histoire d'un jeune garçon noir dans les années 60, une histoire qui peu ou prou ressemble à celle de beaucoup si ce n'est pas tous les Noirs. Elwood Curtis est un gamin intelligent, travailleur, sérieux, honnête, élevé par sa grand-mère. Le passé de sa famille n'est pas brillant, mais lui a une chance de s'en sortir puisqu'il est admis à l'université. Une "erreur judiciaire" - euphémisme pour signifier que les Noirs sont condamnés sans même être jugés ou même écoutés - et le voilà envoyé dans une "école" supposée le remettre dans le droit chemin. En clair, un centre de redressement où, ségrégation oblige, les Noirs sont traités encore plus mal que les Blancs. Les années 60, ce sont les années de lutte pour les droits civiques, les années de résistance, mais ce qui se passe à la Nickel school est pire que dans un roman de Dickens. 

La première partie du roman, précis, détaillée est prenante et broie le coeur; la deuxième file plus vite puisqu'elle se déploie sur une quarantaine d'années après la période de détention, jusqu'à la révélation finale.  

De Colson Whitehead j'avais déjà lu Underground railroad,  qui évoquait l'itinéraire des escalves fugitifs vers le Nord grâce à l'entraide de militants engagés et j'avais déjà apprécié sa façon d'aborder par le biais de la fiction la situation des Noirs aux E-U. considérant qu'un bon roman est plus convaincant et s'adresse à un plus grand nombre de gens qu'un essai historique ou un article dans la presse.  J'attends sans doute trop de la littérature, mais je me dis qu'elle est peut-être capable de modifier un tant soit peu le monde. Changer les lois est certes indispensable, mais pas suffisant ! Ce sont les mentalités qui doivent être changées. Ce à quoi s'appliquent les bons romanciers.


07 mars 2021

Sandro Veronesi, Le Colibri

 


 

 Voici un roman très intelligent. Trop peut-être !

Une construction très cérébrale - mais parfaitement maîtrisée! - qui parie sur les capacités intellectuelles du lecteur :  pas de ligne narrative continue, mais chronologie et topologie totalement éclatées qui exigent  attention et mémoire ! Ce qui a priori n'est pas pour me déplaire. A cette contrainte s'ajoute la multiplicité des modes d'écriture qui varient selon le support utilisé, et permettent de diversifier les tons, du plus intime au plus impersonnel.

On pense, un peu à l'Oulipo, comme chaque fois qu'un roman obéit à des règles, progresse par contraintes et défis. Mais la formation d'architecte de Veronesi suffit peut-être à expliquer cette volonté d'accorder autant d'importance à la structure de l'oeuvre, parce que c'est là que le bât blesse : en effet, bien que la virtuosité de l'écrivain soit indéniable, il faut attendre que meure sa mère, puis son père et enfin sa fille (sa soeur c'est fait depuis longtemps), pour que l'émotion naisse. Excès de pudeur, refus du sentimentalisme ? 

Il y a sans doute bien des explications; toujours est-il que j'ai lu Le Colibri avec intérêt, et même admiration, mais sans émotion. Ce qui est peut-être l'objectif même de l'auteur, puisque son personnage tel un colibri, "met [son] énergie à rester immobile". Immobile ? ou impassible comme si les événements qui jalonnent sa vie n'avait pas d'impact sur lui; il est et demeure semblable à ce qu'il a toujours été. Une philosophie de vie qui n'est sans doute pas à la portée de tous.

06 mars 2021

Daniel Kehlmann, Tu aurais dû t'en aller

 

 

Un très court roman, si court que l'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Cela commence par une banale histoire de couple (avec enfant) qui ne cesse de se disputer. Ils ont loué une maison isolée dans la montagne pour que lui puisse écrire : il est scénariste, un peu en panne d'inspiration pour le moment. 

L'auteur a la bonne idée de transcrire ce qui se passe dans sa tête, où il peine parfois à démêler la fiction de la réalité. Surtout que les rares sorties hors du chalet font monter en lui angoisses et hallucinations. 

Et voilà comment le banal récit conjugal vaguement intimiste glisse peu à peu vers le fantastique. Daniel Kehlman n'en est pas à son premier livre, il est habile et mène le lecteur par le bout du nez. Et si j'en crois les critiques, il n'y a apparemment pas grand chose d'autobiographique dans son oeuvre, mais beaucoup d'invention, d'imagination. D'où sans doute cette impression de légèreté.  Pas de frivolité, juste de légèreté.

05 mars 2021

L'impossible M. bébé

Je continue d'enregistrer mes billets sous la rubrique "cinéma" mais il y a longtemps  - trop longtemps - maintenant que les cinémas sont fermés et que j'en suis réduite aux DVD, aux VOD, replay et autre sigles barbares ; j'en profite pour voir ou revoir les vieux classiques comme cet Impossible M. bébé dont la réputation est bien assise depuis longtemps. L'avantage du décalage temporel est qu'il permet de s'interroger sur ce qui a fait le succès du film. 

Pour l'Impossible M. bébé la réponse est facile : il s'agit d'une comédie légère, souvent farcesque, avec deux acteurs dans des rôles bien définis  - Cary Grant en savant sérieux mais légèrement à côté de la plaque et Katheryn Hepburn en jeune femme fofolle mais tellement séduisante -   qui enchaînent les catastrophes et les quiproquos jusqu'au happy-end final. Pour piquer un peu le scénario, on ajoute un chien et un guépard ou plutôt deux guépards, l'un apprivoisé et aussi doux qu'un chat, l'autre sauvage et volontiers féroce.  Une petite satire de la société bourgeoise, et un dialogue qui fuse à toute allure ne laissent au spectateur aucun répit. 

Un film sans temps mort et sans prise de tête, qui n'a d'autre objectif que de divertir. Que demander de plus, en 1938 comme en 2021 ? 


02 mars 2021

Barbara Kingsolver, Des vies à découvert

D'habitude j'aime bien les romans de Barbara Kingsolver. Mais là, indigestion ! Impossible d'aller jusqu'au bout sauf à me condamner aux lectures forcées.

Je ne comprend pas -  sauf à tenir compte de l'effet mode qui devient de plus en plus insupportable -  pourquoi au lieu d'écrire deux romans, l'un historique l'autre contemporain, l'auteur a absolument tenu à n'en écrire qu'un seul ( 480 pages ! ) en alternant les chapitres. Au cinéma on parle de montage parallèle, mais encore faut-il qu'il y ait une vraie raison. En l'occurrence le lien entre les deux récits n'est autre qu'une vieille maison qui tombe en ruine. 

Faut-il y voir un symbole de la fragilité, voire de la décadence de l'Amérique ?  Sans doute parce que les deux histoires autant que j'ai pu en juger puisque je me suis arrêtée à mi chemin, sont lourdes de problématiques, sociales, morales, économiques, écologiques, existentielles ... Comme si l'auteur avait voulu faire une somme des erreurs de l'Amérique depuis 1871 (5 ans après la guerre de sécession) jusqu'en 2016 (arrivée de qui vous savez au pouvoir) ! 

Bien sûr il y a des femmes rebelles, bien sûr il y a des femmes résilientes, mais trop c'est trop. Je veux bien qu'un roman me fasse réfléchir, mais je préfère être celle qui lève le voile du romanesque pour y trouver matière à réflexion. En lisant Des vies à découvert, j'ai eu l'impression d'être une oie que l'on gavait !



01 mars 2021

Cinq cartes à abattre

Le film d' Henry Hathaway date de 1968. Pour un western c'est déjà un peu tard. Alors, pour rafraîchir le genre,  le scénario va chercher du côté du film policier,  avec une sombre histoire de lynchage (un homme qui vient de tricher à la table de poker) et de vengeance (par un prêcheur particulièrement habile à la gâchette). Une histoire d'hommes où les femmes ne font que de la figuration et encore ! Figuration bien caricaturale de toute façon : la matrone, la vierge et la putain ? 

Alors pourquoi regarder ce film ? Parce que Dean Martin et Robert Mitchum quand même !  On a vu pire comme acteurs. Et puis je n'avais sans doute rien de mieux à faire ce jour-là. Ou rien de mieux à mettre dans mon lecteur de DVD !