22 février 2023

La Famille Asada

Faire des photos, faire poser sa famille pour marquer un événement, une cérémonie.... rien de plus banal. mais dans la famille Asada, Masashi, le plus jeune des deux garçons, photographie... les rêves de sa famille. Son père aurait voulu être pompier ? En casque et uniforme toute la famille pose devant un camion rutilant. Le frère aîné rêve d'être pilote de Formule 1 ? Un cliché et voici la famille sur un circuit, automobile, autour d'un bolide rutilant. L'imagination de la famille Asada n'a pas de limite et, une fois publiées, les photos séduisent d'autres familles désireuses de se mettre en scène devant l'objectif de Masashi. 

Présenté d'abord comme une comédie légère, le film de Ryôta Nakano change de registre et prend de la profondeur après le 11 Mars 2011, lorsque Masashi part dans la région de Fukushima dans l'espoir de retrouver une famille qu'il avait photographiée. Sur place, des volontaires, auxquels se joint rapidement Masashi, ramassent les photos trouvées au milieu des gravats et de la boue, les lavent et les épinglent sur un mur pour que les survivants puissent identifier un parent, un enfant et ainsi garder la trace d'un passé aboli.

Le film passe de la drôlerie à la tristesse, de la légèreté à la gravité, sans renoncer pour autant à la tendresse et à ce lien qui unit non seulement les membres d'une même famille, d'une même communauté, mais surtout d'une même humanité. Tout cela à travers quelques photos sur papier. 

20 février 2023

L'immensità

Mauvais choix : privée de cinéma pendant ... un certain temps, je me précipite vers mon cinéma préféré, alléchée par une bande annonce prometteuse qui n'a, hélas, pas tenu ses promesses. A mes yeux tout du moins, car la meilleure scène est bien celle où Penélope Cruz en mère un peu fofolle entraîne ses trois mômes dans un ballet improvisé pour mettre le couvert. Pour le reste, le film hésite entre sujets à la mode (les interrogations sur le genre) et les clichés sur les désaccords d'un couple (père autoritaire et violent, mère au foyer, infantile et dépressive), sans compter que l'esthétique des années 70 n'arrange en rien le film. Bref beaucoup d'ennui et l'impression d'un éparpillement entre trop de sujets possibles. 



14 février 2023

Gabrielle Filteau-Chiba, Bivouac


 Et de trois ! Après Encabannée, après Sauvagines, voici Bivouac le troisième volet de la trilogie qui nous emmène au coeur de Kamarouska, cette région (encore) préservée du Québec, au Sud du Saint-Laurent et à la frontière des Etats-Unis. Une trilogie faite pour les écologistes autant que pour les féministes et surtout, surtout pour les amoureux du romanesque quand il est intelligent et de belle écriture. 

Car l'écriture de Gabrielle Filteau-Chiba est d'une saveur rare, maniant la langue populaire avec des mots de là-bas pour lequel un glossaire est fourni, mais dont on peut se passer puisque le déroulé de la phrase nous permet d'en deviner facilement le sens.  Tour à tour poétique lyrique, ou simplement triviale l'écriture de Gabrielle Filteau-Chiba appelle la lecture à voix haute, l'envie de rouler les mots dans sa bouche pour mieux en apprécier les sonorités. Et le rythme. 

Et tout le reste, tout ce qui fait le charme du roman est à l'avenant : les descriptions de paysages, les personnages et leurs singularité, les péripéties, les rebondissements, et pour finir la gamme des émotions,  Profondément romanesque, Bivouac est pourtant bien ancrée dans la réalité, celle des relations amoureuses complexes, comme celle de l'urgence à agir pour sauver, peut-être pas la planète, mais au moins une petite partie de la forêt du Kamarouska.

Gabrielle Filteau-Chiba semble être arrivée à la littérature par hasard. C'est en tout cas ce que modestement elle affirme. Il y a des hasards plus heureux que d'autres. Celui-ci est excellent ! 



07 février 2023

Un Petit frère

Une histoire de famille, très ordinaire ? Peut-être pas puisque Rose arrive en France en provenance d'Abidjan, avec deux enfants,  laissant "au pays" deux autres enfants, mais on ne saura jamais pourquoi. Parce que ce n'est sans doute pas là l'essentiel. Léonor Serraille a en effet choisi de s'intéresser à la relation entre la mère et les deux enfants qu'elle a gardés auprès d'elle,  choisi de les regarder évoluer sur le long terme : 25 ans ! Un pari audacieux qui contraint la réalisatrice a construire son film comme un triptyque, dont chaque volet est centré sur un personnage différent : la mère d'abord, puis Jean, l'ainée,  puis Ernest, le petit frère.

Ni misérabilisme, ni angélisme, mais les aléas de la vie, le désir de liberté et les coups de coeur de Rose qui l'entraînent de Paris à Rouen, les chances de "réussite" de Jean soudain gâchées et la glissade vers la délinquance, les interrogations d'Ernest, balloté entre sa mère et son frère. Chacun dans cette histoire, comme dans la vraie vie, fait des choix, commet des erreurs dont il ne mesure pas les conséquences parce que la vie n'est pas un jeu d'échec et que les êtres humains ne sont pas des pions, mais des individus sensibles dont les réactions sont rarement prévisibles. La mise en scène pointilliste et le rythme syncopé du film soulignent parfaitement les oscillations existentielles de ce trio familial. Et c'est sans doute l'adéquation entre le sujet traité et la forme choisie qui fait de ce deuxième film de Léonor Serraille, une réussite.



 

03 février 2023

Like a craddle endlessly rocking ...



 ...  la mer, toujours recommencée