30 mars 2024

Ojoloco 2024 : Mientras todos pasa

Un film doux et lent sur l'insaisissable période entre enfance et adolescence. Au choix : fascinant ou horripilant.  Je l'ai surtout trouvé languissant.  Mais il ne dure que 60mn et c'est un premier film. Le prochain film de Sofia Introcaso sera sans doute plus rythmé...


29 mars 2024

Ojoloco 2024 : Betânia



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 Le film de Marcelo Botta est l'occasion de découvrir un paysage extraordinaire, celui du parc national  des Lençois Marahenses au Brésil : dunes de sable plus blanc que sucre, lagunes vertes ou bleues, et parfois couvertes de fleurs ? Le genre de paysage qui vous donne immédiatement envie de craquer votre empreinte carbone pour prendre un billet d'avion et voir en vrai. 

Betânia est aussi l'occasion de découvrir comment vivent ceux qui habitent près de ce parc national, entre traditions et modernité. Pas d'électricité, mais des téléphones portables ? Rituels ancestraux, mais super quads ? Pauvreté matérielle, mais richesse humaine ? Le thème du passage plus ou moins chaotique à la modernité, et de la nécessaire adaptation au changement est joliment incarné par le personnage de Betânia et sa famille et serait suffisant pour intéresser le spectateur sans l'ennuyer. Mais le réalisateur a la main lourde et en ajoutant leçons d'écologie et sarcasmes à l'encontre des touristes (caricaturaux certes mais horriblement mal joués), il finit par lasser malgré les multiples panoramiques sur le sublime paysage. A force de vouloir trop en faire.... 

Résultat, Betânia reste un film brouillon qui multiplie les plans inutiles, défaut encore accentué par le montage saccadé. Réalisateur de séries télévisées, Marcello Botta a apparemment beaucoup à dire, mais n'a peut-être pas encore trouvé son rythme pour un long métrage.


 


26 mars 2024

Jan Carson, Les Ravissements


 Pas évident de chroniquer ce roman de Jan Carson, parce que les premiers chapitres donnent l'impression que l'auteure peine à trouver sa voix, hésite entre un récit à la première personne  - mais la voix d'un enfant limite toujours un peu les possibilités - et un récit à la troisième personne. Il faut donc du temps pour entrer dans le livre et un peu de patience pour continuer parce que Jan Carson est du genre prolixe et accumule les détails qui restituent  en effet un univers mais ... Alors je suis passée à la vitesse rapide. 

Quelle que soit la vitesse de lecture, le roman reste néanmoins très intéressant parce qu'il s'agit de mettre en scène une enfant, Hanna, sa famille (fondamentaliste), les habitants d'une petite ville d'Irlande du Nord et de leur faire traverser un mal inattendu  - non ce n'est pas le Covid - qui  touche tous les enfants de la classe d'Hanna. Sauf elle ! A partir de ce moment, le roman tourne au thriller et l'on se dit que si la romancière a un peu tardé à accrocher son lecteur, c'est pour ne plus le lâcher. 

Je n'irai pas jusqu'à parler, comme le fait son éditeur, de réalisme magique simplement parce qu'Hanna "communique" avec les morts. Il se passe tant de choses dans l'esprit d'un enfant ! Je pense en revanche que la minutie avec laquelle Jan Carson décrit les comportements de ses personnages, leurs attitudes, leurs propos, relève d'une observation attentive et pour finir j'ai trouvé le roman d'une grande finesse et d'une grande justesse. 

25 mars 2024

Ojoloco 2024 : La Practica

Je crains de ne pas aimer beaucoup les films comiques. Si tant est que La Practica soit un film comique ? Parce que je n'ai pas entendu beaucoup de rires pendant la séance à laquelle j'ai assisté. Comique de situation, comique de répétition avec ce professeur de yoga, sans charisme aucun, qui ne cesse de se faire mal jusqu'à finir plâtré. S'agit-il de tourner en dérision les adaptes du yoga, d'en dénoncer la docilité, ou la rigueur pour ne pas dire la rigidité de leur comportements, même en dehors de leur pratique ? Cela me paraît un peu excessif. Quant à suggérer que les blessures physiques ne sont que le symptômes de blessures à l'âme non identifiées... oui, sans doute. Mais en attendant je me suis bien ennuyé. Et affubler une jeune fille de nattes blondes pour en faire une allemande, franchement ... ou alors le film est trop subtil pour moi ! 


Chroniques de Téhéran

 

 

Chroniques de Téhéran est un film tout à fait inhabituel et tout à fait passionnant parce qu'avec un dispositif d'une grande simplicité et d'une grande efficacité il met en scène quelques moments de la vie quotidienne à Téhéran.  9 au total. Le dispositif est toujours le même, un plan fixe, un personnage face caméra, face à un interlocuteur dont on ne voit pas le visage mais dont on entend les propos, si bien que le spectateur se retrouve en quelque sorte à sa place et par conséquent, totalement impliqué. Le dialogue est toujours calme, mais devient rapidement incongru, loufoque, bizarre comme lorsqu'un jeune père vient déclarer la naissance de son fils qu'il entend appeler David, ou un autre homme qui vient pour une formalité administrative, se voit contraint de se déshabiller pour montrer ses tatouages... en l'occurrence le texte d'un poème.

Ali Asgari et Alireza Khatami, qui ont, à coup sûr lu Kafka et Ionesco, ont réussi un petit bijou de film, drôle, intelligent, qui permet de dénoncer les absurdités du régime des mollahs et ... d'échapper à la censure. Censure que l'on voit d'ailleurs à l'oeuvre dans la séquence où un réalisateur est contraint d'arracher par paquets les pages de son scénario pour obtenir le très espéré visa. d'autorisation. Rien de méchant dans ces Chroniques de Téhéran, mais beaucoup de finesse. Le film commence par un long plan fixe sur la ville, suffisamment long pour passer de la nuit à la lumière du jour (un indice) ?  et un s'achèbe sur dernier plan, comme une trouvaille : la caméra a changé de place et fixe désormais un vieillard figé, tordu, proche de l'effondrement. Derrière lui une grande baie vitrée d'où l'on aperçoit la ville.... dont les murs se mettent soudain à trembler. 

D'accord, j'ai un peu "spolié" le film, mais vous n' interpréterez
peut-être pas la fin de la même façon quand vous irez voir le film. Car vous irez le voir !

 


24 mars 2024

Ojoloco 2024 : Saravah

 En "pré-ouverture" du festival, juste avant El Professor, était projeté un vieux film de 1969 : Saravah de Pierre Barouh. Pas un film de fiction, pas un vrai documentaire non plus; plutôt un film comme un vieil album de famille, où le musicien retrouve de vieux copains pour parler de la musique qu'ils aiment, la musique populaire brésilienne, samba en tête évidemment. 

Bien que le film ait été restauré, l'image est parfois un peu floue, les cadrages pas toujours habiles, mais cela importe moins que l'ambiance, celle d'une passion partagée. Entre musiciens, mais entre inconnus aussi bien :  à une terrasse de café, les musiciens jouent, les chanteurs chantent, des airs si connus que les spectateurs mêlent leur voix à celle de Maria Bethania qui chante comme elle respire, rit à gorge déployée, toute à la joie de la musique. Musique populaire, plaisir partagé. Saravah .... un voyage musical et comme une envie de Brésil.



Ojoloco 2024 : El Profesor

 Ojoloco !  voilà bien 10 ans que je suis ce festival de cinéma ibérique et latino américain. Sans me lasser. Et toujours frustrée de ne pas pouvoir voir TOUS les films. 

Pas question donc de manquer le film d'ouverture, souvent consensuel pour n'effrayer personne. Hélas le film choisi cette année, El Professor, réalisé par Maria Alché et Benjamin Naishtat ne m'a pas convaincue. Cette histoire de rivalité entre deux universitaires, l'un timide, maladroit, introverti, l'autre sûr de lui, vantard, arrogant m'a paru convenue. D'autant qu'en 2022, le festival avait déjà proposé un film  - brillant et extravagant - sur le même thème, mais dans le milieu du théâtre : Compétition officielle. Alors, forcément ... 

Oh, bien sûr, on peut y voir un fait de société, à savoir que ce sont toujours les "grandes gueules" qui l'emportent et que pour construire une carrière universitaire - ou n'importe quelle autre carrière - il vaut mieux être brillant que terne et effacé. Mais pour en faire la démonstration, j'aurais aimé un film plus pétillant, plus léger. Ce n'est pas le cas de El Professor, dont le comique est souvent bien lourd. 



23 mars 2024

Bye Bye Tibériade

Bye Bye Tibériade est un objet filmique non identifié. Impossible à ranger dans un genre. Pas un film de fiction. Pas un film documentaire. Quelque chose qui ressemble à une autobiographie ou en tout cas une histoire familiale, celle d'une petite fille devenue adulte qui feuillette un album-photo pour raconter les trois générations qui l'ont précédée : sa mère, qui a quitté la Palestine de son plein gré pour devenir actrice, sa grand-mère et son arrière grand-mère chassées de leur pays en 1948, lors du grand déplacement qui a souvent éparpillé les familles. Une grande tante se retrouve ainsi en Syrie et les deux soeurs ne se sont pas vues depuis 3o ans ! 

Lina Soualem, la réalisatrice, est née en France. Sa mère l'emmenait en vacances dans sa famille en Palestine mais que sait-on quand on est enfant de l'histoire des adultes ? Devenue adulte à son tour Lina a entrepris de reconstituer, avec l'aide de sa mère, l'histoire familiale. Et cela donne un film tendre, un film drôle, plein de nostalgie, plein d'humour. Sa mère, l'actrice Hiam Abbass est de presque tout les plans, et rejoue parfois certaines scènes  du passé pour mieux faire vivre les souvenirs. Un joli film, vraiment. 

 




22 mars 2024

Dimitri Rouchon-Borie, Le Chien des étoiles

Je n'avais pas voulu lire son précédent roman, trop dur, trop noir, trop violent pour moi. J'ai commencé Le Chien des étoiles avec réticence et les premiers chapitres ne m'ont pas incitée à poursuivre : trop de vies massacrées, des vies d'enfant qui plus est. Mais peu à peu le ton change, la réalité reste brutale, mais les êtres que l'on suit, Gio, Papillon et Dolorès ne le sont pas. Gio est grand et fort, c'est un géant fragile, un géant au grand coeur, qui prend sous sa protection les deux autres, des enfants perdus à qui la vie n'a fait aucun cadeau. Le fil est tiré, les chapitres se suivent et je n'ai plus lâché le livre. Car il y a, malgré la noirceur, de la tendresse entre ces trois êtres, de la solidarité bien sûr,  de la bienveillance aussi, tout ce à quoi le lecteur légitimement aspire. 

Sans compter que l'auteur, Dimitri Rouchon-Borie a une façon bien à lui de donner vie à ses personnages, de pénétrer dans leur tête, de restituer leur langage intérieur qui permet au lecteur d'éprouver pour eux de l'empathie et pas seulement de l'intérêt. Et je n'ai pas regretté ma lecture.



15 mars 2024

Inch Allah un fils

L'histoire se passe en Jordanie, mais pourrait aussi bien se passer en Iran, en Arabie Saoudite ou dans n'importe quel pays où la femme n'est pas reconnue comme l'égale de l'homme. 

Le mari de Nawal meurt soudainement. Il a des dettes envers son frère, qui dès le lendemain des funérailles, tout en proclamant son affection pour sa belle-soeur et sa nièce, exige d'être payé immédiatement et s'empresse de lancer les démarches successorale pour récupérer sa part d' héritage car, selon les lois de ce pays, les biens de celui qui n'a pas de fils appartiennent pour moitié à sa famille (donc son frère), pour moitié seulement à sa femme, même si c'est elle, qui par son salaire et sa dot a contribué à l'achat de l'appartement. Mais Nawal est une femme forte et elle se bat pour ne pas se retrouver sans logement et perdre la garde de sa fille. Tel est en résumé le sujet principal de ce film, mais le réalisateur, Amjad El Rasheed, en profite pour aborder bien d'autres sujets sur la condition féminine. 

Nawal n'est pas une militante féministe, son combat est solitaire, mais c'est une femme debout, qui ne plie pas, parce qu'elle sait ce qu'elle vaut ! Nawal est musulmane, elle porte le voile; elle ne met pas en cause la religion, mais bien la façon dont les hommes l'utilisent pour s'approprier tous les pouvoirs. Mais ce qui m'a le plus frappée dans ce film, c'est la façon dont les femmes elles-mêmes - hormis Nawal bien sûr - loin de remettre en cause les règles qui les oppriment, les acceptent sans rechigner et contribuent même à leur perpétuation. 

Le film d'Amjad El Rasheed est une remarquable dénonciation du patriarcat en place dans un pays musulman. Pourtant, avant de s'en offusquer il est peut-être bon de s'interroger sur les droits des femmes en France dans les années 50 : ni contraception, ni avortement, ni indépendance financière, ni liberté de travailler sans autorisation maritale .... certes depuis, nous avons progressé, mais il reste encore du chemin à faire non ?

12 mars 2024

La suite des jours

Jour gris, jours bleu à Marseillan



 

05 mars 2024

Walk up

Ce ne sont pas les personnages principaux.  Ou alors une version antérieure ... Mais l'image ne rend pas trop mal l'esprit du film : beaucoup de blanc un peu de noir, un lieu clos par des murs (bien qu'on soit en extérieur ), un plan resserré, mais deux personnages à distance que seul le geste de la main droite rapproche, un geste maladroit; de toute évidence les acteurs ne sont pas des fumeurs !

Les films de Hong Sang Soo sont décidément bien étranges;  celui-ci en particulier, à la fois très visuel mais plutôt statique, lieux exigus, caméra rapprochée toujours centrée sur les personnages, ce qui convient bien à de longs plans avec champ/contre-champ, qui donnent la priorité au dialogue sur le mouvement, presque du théâtre. On pense à Godard, à Resnais à  Truffaut, ou Antonioni; on se dit que la Nouvelle vague  et l'incommunicabilité c'est du passé déjà lointain, mais que Hong Sang Soo c'est malgré tout le cinéma d'aujourd'hui. Autofiction sans doute puisque le personnage principal est un réalisateur célèbre, perdu dans son passé, entre ses maîtresses, sa fille,  l'alcool.... Ellipses temporelles et spatiales : on reste dans le même immeuble, mais la chronologie se brise chaque fois qu'on change d'étage ? 

Au final je ne sais pas si j'ai "aimé" le film,  ni si je l'ai compris, mais je l'ai trouvé assez intriguant pour ne pas m'ennuyer. C'est déjà beaucoup.
 

04 mars 2024

John Woods, Lady Chevy

Et voilà un roman où l'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Avec un personnage hors du commun : une jeune fille forte et intelligente que ses camarades de classe ont surnommé Chevy "parce qu'elle a le derrière comme une Chevrolet". Amy fait avec, comme elle fait avec une famille pas vraiment idéale, mais qui essaye de s'en sortir. Pour cela le père a signé un contrat avec une société minière qui lui a acheté les droits sur le sous-sol de son terrain pour exploiter les gaz de schistes. Et nous y voilà !  Dans l'Amérique pauvre, l'Amérique des déclassés, l'Amérique sans éducation, sauf cette jeune fille qui ne rêve que d'être admise dans une grande université pour devenir vétérinaire. Et elle est prête à tout pour y arriver. A tout !

Lady Chevy a tous les atouts du roman noir, une intrigue solide dans un contexte social bien documenté et comme assez vite, on se prend de sympathie pour la jeune fille, on tremble pour elle et on aimerait pouvoir lui éviter les pièges dans lesquels elle se fourre. Une espèce de "fatum" qui pèse sur elle jusqu'au dénouement. 

On peut éventuellement reprocher à John Woods d'en faire un peu trop, de multiplier les thèmes (écologie, racisme, harcèlement, drogue, homosexualité), travers véniel d'un premier roman, compensé par son habileté à créer un personnage de jeune-fille forte et volontaire, mais parfois ... dérangeante parce qu'elle contraint le lecteur à s'interroger sur ses choix, sur ce qui est admissible ou ne l'est pas pour parvenir à ses fins, et, en fin de compte sur la frontière entre le bien et le mal. Ce n'est pas rien pour un premier roman. J'attends déjà le suivant ...


02 mars 2024

Dune

 Pas vu le premier épisode. Mais lu le livre. Il y a longtemps. Vu le 2. Beaucoup baillé ...

Trop de scènes guerrières. Trop d'images spectaculaires. Pour une intrigue résumée à "il devra choisir entre l'amour de sa vie et le destin de l'univers" comme si les héros choisissaient jamais l'amour ! De là à dire que Dune est un film politique, qui dénonce les totalitarismes, les dictatures (héridaires ou non), le terrorisme, le panurgisme, la crédulité, la soumission sectaire, la violence bref, tous les maux du monde....je veux bien. Mais je pense que personne n'est dupe, surtout pas le réalisateur, Denis Villeneuve, qui reconnaît donner la priorité à l'image et aux effets visuels. Soit ! Mais  2h46, c'est quand même long pour des images, aussi grandioses soient-elles.