31 août 2021

Bergman Island

Etrange film que ce Bergman Island qui entremêle trois lignes narratives et donc trois lectures possibles. 

Il y a d'abord cette île, choisie par Ingmar Bergman pour y tourner plusieurs de ses films et dont il fit sa résidence à la fin de sa vie. Depuis sa mort en 2007, l'île est devenue un sanctuaire Bergman, mais aussi une attraction touristique puisqu'on y organise des conférences, des séminaires, et même des Safari Bergman ! Non sans ironie, Mia Hansen-Love accompagne les fans de Bergman dans leur périple touristique, entre admiration inconditionnelle et irrévérence. C'est assez drôle, mais on reste entre initiés... 

Sur l'île débarquent, le temps d'une résidence artistique, un couple dont on découvre peu à peu que si lui est un cinéaste confirmé et admiré (qui se la joue un peu !), elle, est une jeune scénariste encore hésitante et pleine de doutes. A partir de là le film joue sur deux tableaux, celui d'une relation conjugale (vaguement faussée par une rivalité professionnelle) qui se confond avec les fantasmes qui nourrissent le scénario de la jeune femme. Le film entremêle continuellement les "affres de l'écriture" et les incertitudes des relations amoureuses, contraignant le spectateur à bien repérer les ruptures narratives pour ne pas se perdre entre fiction et réalité.


Bergamn Island est un film bien joué, joliment filmé, qui donne certainement envie d'aller arpenter les plages et les landes de Farö, mais qui semble ne viser qu'un public restreint. Une impression renforcée par le contexte actuel qui fait paraître un peu vaine l'histoire de ce couple d'intellectuels égocentrés, perdus dans leur propre histoire, loin de celle du monde. Une île quelque part en mer Baltique.

29 août 2021

Onoda

C'est une histoire déjà connue, celle de ce soldat japonais qui a passé 30 ans sur une île des Philippines. Formé ou plutôt fanatisé pour exécuter un plan de résistance absolu à l'ennemi, alors que le Japon est en train de perdre la guerre, le jeune Hiroo Onoda est envoyé, avec quelques recrues, pour défendre une île perdue couverte de jungle et peu habitée. 

Le film, qui dure quand même près de 3 heures, n'est qu'un raccourci de ces années interminables qui exigent techniques de survie, et mental d'acier. D'autant qu' Onoda se retrouve rapidement seul, lorsque ses quelques rares compagnons disparaissent les uns après les autres. 


Onoda est certes un film guerrier, mais les conditions dans lesquelles cet homme a réussi à survivre fascinent moins que ses certitudes, son obstination, son refus de reconnaître, en dépit des preuves apportées, que la guerre est finie depuis longtemps.

Arthur Harari, réalisateur français, dont le premier long métrage Le Diamant noir, avait montré les qualités de narrateur, semble assez doué pour tenir le spectateur en haleine. Le pitch d'Onoda pouvait faire craindre le pire - 30 ans dans la jungle - mais la façon dont Harari fait peu à peu comprendre au spectateur comment le soldat a intégré son ordre de mission jusqu'à nier les preuves pourtant fournies par la réalité, alors même que le donneur d'ordres a depuis longtemps tourné la page, est tout à fait fascinant. Et terrifiant !  Car si l'histoire date de la deuxième guerre mondiale, les mécanismes qui transforment un individu quelconque, un pochard un peu veule, en fanatique, sont plus que jamais d'actualité. Le plus étonnant est bien que l'on finit par éprouver pour cet abruti, une certaine empathie. N'est-il pas d'une certaine façon victime désignée d'un ordre imposé par un système qui le dépasse ?

https://routedeslivres.blogspot.com/search?q=diamant+noir

27 août 2021

Anna Hope, Nos espérances



Troisième roman d'Anna Hope, Nos espérances est un peu le roman d'une génération; celle des femmes qui on eu 20 ans dans les années 90, quand elles se sont rencontrées. Hanna, Cate et Lissa sont jeunes et pleines de vie, la tête remplie d'espoirs et de rêves.  Boulot, amour, maternité... rien de particulièrement original mais tout sonne vrai. Et bien que le roman soit totalement destructuré, et change de personnage, d'époque et de lieu à chaque chapitre ou presque - le tic littéraire de l'époque -  on finit par s'y retrouver. on imagine même facilement la série qui pourrait être tirée des galères et des déconvenues des unes et des autres car ce qui fait la force de ces jeunes femmes,  et l'intérêt principal du roman, c'est leur indéfectible amitié.

26 août 2021

L'échiquier du vent

Deux films iraniens coup sur coup ? Pur hasard de programmation. Car entre La loi de Téhéran et l'Echiquier du vent, il y a près de 50 ans d'écart entre les deux réalisations, et presque un siècle si l'on s'en tient aux histoires racontées. Il s'agit pourtant du même peuple, du même pays.

Sorti en 1976, le film n'a jamais été montré en France. Retrouvé par hasard, il a été restauré et le voici présenté pour la première fois à un public occidental. C'est donc un film curieux, un peu déroutant, mais qui ne laisse pas indifférent. 

 Au coeur du film, une immense demeure que plusieurs personnes cherchent à s'approprier, quitte à falsifier ou à brûler des documents, quitte aussi à tuer. La maison constitue un décor somptueux,  luxueux même, avec des boiseries et des tapis épais qui étouffent les sons, des tableaux et de lourdes draperies qui empêchent la lumière de pénétrer.  L'atmosphère y est pesante d'autant plus que l'héritière, cheveux courts et lunettes (traduisez : une femme moderne) est handicapée et ne se déplace que dans un lourd fauteuil en bois, manipulé le plus souvent par sa servante. Dans ce huis-clos étouffant se succèdent meurtres et trahisons, chacun des héritiers potentiels ne pensant qu'à éliminer les autres. 


Les seules scènes d'extérieures montrent des femmes en train de laver du linge autour d'un bassin, qui commentent l'action à la façon du choeur dans une tragédie antique. Une façon de ponctuer l'intrigue et de souligner la présence parmi les femmes de la jeune servante dont on découvre à la fin que son rôle dans l'élimination de l'aristocratie n'est pas anodin.

 Derrière l'esthétique vaguement gothique, il y a en effet un film qui m'a paru très politique puisqu'il montre une aristocratie totalement décadente et oisive, attachée à ses privilèges qui finit par s'autodétruire. Mais la fin de l'histoire reste apparemment à écrire, car le complot auquel a participé la jeune servante a échoué; ne restent au seuil de la maison qu'un jeune garçon et une vieille femme. Et sur ce dernier plan la caméra s'élève dans un traveling qui survole peu à peu la ville entière, dans laquelle la maison était insérée, un plan qui laisse entendre que la maison, c'est aussi un pays dont on ne sait ce qu'il va devenir puisque la caste dirigeante/possédante est désormais éliminée.

Le film de Mohammad Reza Aslani reste aussi intriguant qu'il l'était au début. Un film trop complexe pour n'accepter qu'une seule interprétation. Un film prophétique peut-être ? En tout cas un film à voir.

25 août 2021

La loi de Téhéran

 Quel polar ! Franchement noir ! Mais totalement réussi, parce que tout va très vite, le rythme est frénétique et il faut s'accrocher ! A commencer par la poursuite initiale et la descente sur la "ville de béton" qui sert de refuge aux drogués. Car oui, il s'agit de drogue, de trafiquants, d'accros au crack, de policiers et de justice. Et l'histoire se passe en Iran où l'on ne plaisante ni avec les conditions pénitenciaires,  ni avec la peine de mort. 

 

  

La loi de Téhéran est un film d'hommes, qui en dépit du nombre de prisonniers réquisitionnés et de la masse d'individus incarcérés pour consommation et trafic de drogue, mise tout sur l'affrontement entre Samad, le flic et Nasser Khakzad, le dealer principal. Les deux hommes sont rompus à toutes les roublardises : les méthodes de Samad sont parfois expéditives et il est encore sous l'effet d'un contrôle judiciaire pour une affaire précédente, il est déterminé jusqu'à l'obstination et ne se laisse embarrasser par aucun obstacle bien qu'il ait lui aussi ses faiblesses, des attaches auxquelles le réalisateur se contente de faire allusion pour ne pas faire de son personnage un super-héros. De l'autre côté, le dealer est prêt à toutes les turpitudes, un homme sans foi ni loi persuadé de sa supériorité, dont il convient pourtant de trouver le point faible pour le faire tomber. 

Le schéma est sans doute banal, mais tout l'art de  Saaed Roustayi tient à sa façon de ne dévoiler que très progressivement, les multiples facettes de ses personnages  laissant le spectateur s'interroger en permanence sur ce qu'il doit en penser : le flic est parfois plus odieux que le dealer et le dealer presque sympathique !

24 août 2021

Toni Morrison, Délivrances


 Les romans de Toni Morrisson ne sont pas les plus faciles à chroniquer. Sans doute parce que la réputation de la dame induit une lecture forcément respectueuse. Mais en l'occurrence, le pluriel du titre français,  ournit une clef intéressante : polysémique, le mot désigne aussi bien l'accouchement du premier chapitre, que la libération de Lula Ann ou de Booker des préjugés et des freins qui entravent leur existence, comme il suggère encore la difficulté et la nécessité pour les Noirs de briser les liens de leur servitude, hier comme aujourd'hui. 

De là à parler de polyphonie il n'y a qu'un pas parce que ce sont bien plusieurs voix que Toni Morrisson s'attache à faire entendre, plusieurs tons aussi par qu'elle glisse constamment d'un registre à un autre, d'une écriture plate, réaliste à une autre plus suggestive, plus poétique, voire magique. Car oui la littérature permet de dire la vérité des êtres autrement que par l'analyse psychologique. Et Toni Morrisson ne s'interdit rien, aucune image, aucun symbole, aucune invention, toujours à la frontière de la réalité la plus crue au fantasme le plus suggestif. 

23 août 2021

Rouge

Son père est le délégué syndical de l'usine où Nour, jeune infirmière, vient d'être engagée comme infirmière. Il se bat depuis 30 ans pour que les emplois soient maintenus coûte que coûte et que les ouvriers gardent leur emploi. Nour, elle, est avant tout soucieuse de la santé du personnel et découvre peu à peu des irrégularitéssuspectes  :  contrôles pas effectués, accidents pas déclarés.... Alertée par une journaliste elle s'inquiète de l'existence de rejets, dont la direction tait la teneur toxique. 

Le schéma rappelle bien sûr un certains nombres de films sur des lanceurs d'alerte et comme Erin Brockovich, seule contre tous, le film de Farid Bentoumi. s'appuie sur des faits réels.  Mais en choisissant de centrer le conflit à l'intérieur d'une famille, le réalisateur échappe au manichéïsme écologiste qui voudrait que le bien et le mal soient des entités totalement séparées alors que les situations sont toujours beaucoup plus complexes. 

 

Nour sait que sa recherche de vérité met en péril la situation de son père, sait que ses déclarations risquent de briser sa famille, l'avenir de sa soeur et de son futur beau-frère; elle connaît les enjeux de son travail, le danger auquel sont exposés les gens auprès desquels elle a grandi, elle sait aussi que c'est leurs salaires et l'économie de toute une vallée qui est sur le point de vaciller. De militant le conflit devient affectif. Et c'est parce que Farid Bentoumi a su faire de cette histoire basée sur des faits avérés, un conflit interne, que son film est réussi. 

22 août 2021

John Irving, A moi seul bien des personnages


Laisser tomber un livre qui ne vous accroche pas, est toujours difficile. 

Pourtant ... 

Il suffit de penser au temps que l'on passe à essayer de le lire, à revenir sans cesse en arrière parce qu'on n'a rien compris ou déjà oublié, parce qu'on a tourné les pages en pensant à autre chose ... 

Il suffit de penser à tout ce qu'on aurait pu, pourrait faire pendant ce temps ...

Il suffit de se dire que ce n'était pas le bon moment pour ce livre, pour cet auteur, et qu'il y en a des milliers d'autres qui nous attendent ... 

Il suffit de penser au livre qu'on goberait à toute allure parce que celui-ci il est vraiment passionnant.... 

et hop ! livre fermé sans remord. On a le droit d'aimer ou de ne pas aimer, on a le droit surtout de ne pas se forcer à terminer un livre (sauf bien sûr en cas d'obligation scolaire ou professionnelle !). 

Et c'est comme cela que A moi seul bien des personnages est allé rejoindre la pile des livres "à disposer".  Oui, je sais, un John Irving quand même ... Et bien tant pis pour lui. Ses obsessions sexuelles et théâtrales, surtout théâtrales m'ont prodigieusement ennuyées jusqu'à la page 121 quand même. parce qu'après j'ai renoncé ! Définitivement. 

J'ai sur ma PAL, un autre John Irving à lire. On verra...


21 août 2021

Brice Matthieussent, Amérique fantôme

A défaut de voyager aux Etats-Unis,  un récit de voyage, qui plus est, doublé d'une tournée littéraire entre Dallas, Houston, Austin, Pittsburgh, Boston et NY - tous lieux où j'ai déjà traîné mes pieds - est un ersatz acceptable, surtout quand il s'agit d'un traducteur comme Brice Matthieussent (et d'une couverture empruntée à Edward Hopper !)

 Je n'ai pas encore lu Vengeance du traducteur qui a permis à l'éditeur américain d'organiser la tournée de l'auteur français aux Etats-Unis, mais je n'y manquerai pas dès que j'aurais mis la main dessus. Le récit de la tournée est en fait assez drôle parce que l'auteur, qui a traduit tant d'écrivains américains, connaît forcément bien ce pays, mais se laisse néanmoins surprendre par l'organisation de ses journées qui le laisse souvent livré à lui-même dans des hôtels certes luxueux, mais pas forcément situés en plein centre ville. Le voici donc libre de son temps, s'efforçant, en bon européen de se rendre d'un lieu à un autre à pied dans une ville comme Dallas ! Observateur ironique Brice Matthieussent met effectivement le doigt sur ce qui souvent perturbe les voyageurs européens : comment interpréter la cordialité, voire la familiarité de ceux qui l'on invité, mais ne s'engagent pas au-delà des strictes prestations prévues au programme, et le laissent, sauf exception, seul, dès la séance terminée... Et visiblement, Matthieussent se sent plus à l'aise à New York qu'il connaît déjà et où il a des amis,  qu'au fin fond du Texas où le dépaysement est plus grand.

Amérique fantôme est agréable à lire etc'est avec plaisir que j'ai retrouvé dans le récit de Brice Matthieussent, quelques-uns de mes souvenirs américains.

20 août 2021

Tom Medina

Les salles d'exposition ont fermé leurs portes. La pastilla de l'Entrevue, le restaurant d'Actes Sud était aussi délicieuse que d'habitude. Terminer la soirée au cinéma paraît une bonne idée d'autant que Tom Medina, le film de Toni Gatlif est programmé. Cela tombe bien, le film se passe en Camargue, chez un éleveur de taureaux, qui accueille sur son ranch des gens paumés, comme Tom Medina. Ce n'est pas tout à fait l'histoire d'un rédemption, mais le Tom Medina, dont personne ne sait vraiment qui il est ni d'où il vient, a tout d'un cheval un peu fou qui a besoin d'être dressé. D'ailleurs, le film repose essentiellement sur la confrontation entre deux personnages, incarnés l'un par Tony Murgia, fougueux, charmeur, l'autre par Slimane Dazi, bougon à souhait mais le coeur sur la main. Les filles sont plutôt là pour remplir le vide. 

Un film de vacances, plein de bonnes intentions et finalement plaisant à voir. 


 

19 août 2021

Arles 2021 : images d'ailleurs

La photo africaine était à l'honneur à Arles cette année. 

Les photos présentées sous la dénomination "Etat d'esprit africain Villes hybrides", plus proches de la photo documentaire que de la photo d'art, permettaient à la fois de se projeter dans un voyage imaginaire, loin de notre pays un peu trop étriqué en ce moment, et de prendre conscience du développement urbain dans certains pays africains, développement dont nous avons du mal à mesurer les effets tant il est rapide et souvent anarchique.

 

On peut admettre que l'anarchie urbanistique soit parfois préférable à un urbanisme strictement règlementé et contrôlé, mais quand il atteint la fulgurance de capitales comme Lagos ou Kinshasa, on s'interroge forcément sur les capacités de la population à s'adapter à ce rythme effréné. 


18 août 2021

Arles 2021 : Jean-Michel André

Il n'y a pas grand mérite à avancer en terrain connu, à suivre des traces déjà empruntées. Alors j'ai cherché ailleurs, parmi les photographes que je ne connaissais pas, ceux dont je retiendrai le nom. 

Le travail de Jean-Michel André, parti sur les traces des réfugiés, à Calais, en Italie, en Espagne, en Tunisie m'a paru particulièrement intéressant. Ce qu'il donne à voir ce sont des visages et des paysages, des hommes, des femmes, dans des espaces mal définis. Entre deux mondes, vides le plus souvent.

 

 

Le photographe donne à voir. Au spectateur de réagir, de deviner,  d'imaginer, de comprendre, d'être ému, d'admirer ou de rester indifférent.

17 août 2021

Arles 2021 : en terrain connu

 Que retenir des expositions de cet été ? J'ai vaguement l'impression d'être restée sur ma faim, avec la vague impression que pour beaucoup de jeunes photographes, l'intellect remplace trop souvent le regard. Ou plutôt le devance : d'abord vient l'idée, à laquelle l'image permettra de prendre forme.  A cet art conceptuel je préfère le regard qui se pose, capte l'image et s'interroge. Voilà pourquoi j'ai aimé, sans grand originalité - sans grand efforts non plus -

Sabine Weiss, dont le regard malicieux mérite largement sa place au Panthéon de la photo humaniste ...


...  Charlotte Perriand qui a mis sa pratique du photomontage au service d'un idéal social et qui nous donne à voir l' état du monde dans les années 30...

... Mais aussi Jean-Luc Bertini qui me donne toujours l'impression de regarder l'Amérique comme je la regarde...

... et Joel Meyerowitz parce que ses photos ressemblent souvent à celles que j'aimerais faire si j'avais son talent et parce qu'il se contrefout de la règle des trois-tiers !

Il n'y a cependant pas grand mérite à avancer en terrain connu, à suivre des traces déjà empruntées. Alors j'ai cherché ailleurs ....

16 août 2021

Arles 2021 : du côté des visiteurs

C'est toujours un peu pareil : on revient à Arles, la tête pleine des expositions de l'an passé - d'il y a deux ans en l'occurrence - et on espère toujours des nouveautés, des découvertes extraordinaires. Alors forcément, on commence à se déclarer un peu déçu devant des photos un peu trop conceptuelles qui ne suscitent ni émotion profonde, ni réflexion nouvelle. 

Du coup, on s'intéresse plus aux visiteurs croisés au hasard d'une salle,  qu'aux oeuvres sur les murs.




Mais n'est-ce pas là aussi ce qui fait le charme des rencontres photographiques d'Arles ? Son décor et ses acteurs.  Les moments de pause; les moments vides. Le temps que l'on passe à ouvrir les yeux et juste regarder autour de soi.

Arles 2021 : de jour et de nuit

Les rues d'Arles m'avaient manqué l'an passé. Alors, trop contente de pouvoir les arpenter à nouveau cette année.

Lumineuses en milieu de journée. De nuit, presque aussi inquiétantes que dans un film noir, si ce n'était ce lambeau de ciel bleu au dessus des toits.



 

15 août 2021

Carrés d'art à Nîmes


Depuis la terrasse du restaurant qui surplombe la Maison carrée.






 

Philip Caputo, La Lune du chasseur

Deux références seulement lorsqu'on cherche un livre de Philip Caputo en français, et encore l'un des deux, Clandestin, le livre qui lui a valu le Pulitzer est épuisé, en édition broché comme en édition de poche. Heureusement il reste les bibliothèques et les bouquinistes.  Peut-être... 

Je regrette particulièrement que The longest road n'ait toujours pas été traduit en français parce que ce voyage sur les routes secondaires américaines, depuis le Sud de la Floride jusqu'au Nord de l'Alaska est une formidable traversée des Etats-Unis, et l'occasion d'observer de près une Amérique parfois difficile à comprendre. En entreprenant ce voyage, Philip Caputo n'a qu'une question en tête : "what holds us together", qu'est-ce qui nous rassemble, qu'est ce qui fait de nous un peuple, qu'avons nous en commun ?  L'écrivain n'est pas un donneur de leçons, juste un observateur attentif qui sait faire parler les gens et écouter ce qu'ils ont à dire. Un bon journaliste, et une écriture affinée.


La lune du chasseur, son dernier livre, est sorti en Mai, dans une belle traduction de Fabrice Pointeau. Ce n'est pas un roman à proprement parler, ni un recueil de nouvelles, mais quelque chose entre les deux et tout à fait réussi. L'écrivain reprend le principe de l'unité de lieu, mais pas celui de l'unité d'action, bien que certains personnages se retrouvent d'un récit à l'autre. 

Toutes les histoires (7 au total) sont situées dans la péninsule supérieure du Michigan, une région de forêts et de lacs encore peu habitée. On y vient pour pêcher et surtout pour chasser. On y loge dans des bungalows isolés, on campe en pleine nature.... 

On y vient pour se confronter aux éléments, pour y retrouver des sensations oubliées, et accessoirement tenter de démêler les fils embrouillés du passé et les noeuds du présent. 

Il y est question de nature et la plume de Philip Caputo excelle à rendre les formes, les mouvements, les variations climatiques, les sensations. Les personnages sont essentiellement des hommes, dont on devine sous la carapace macho la fragilité. Et c'est le deuxième point fort de cet ouvrage, l'écrivain excelle à faire comprendre ce qui entrave ces personnages, empêtrés dans leurs désirs, leurs peurs inexprimées et leurs contradictions.

La lune du chasseur désoriente au début, mais on s'immerge peu à peu dans les pages, comme les personnages s'immergent dans la nature. Une immersion régénérante et une lecture finalement vivifiante.



14 août 2021

Petit détour par l'Auvergne

Par monts et par vaux, par villes et villages...


 Le ciel était gris et l'atmosphère humide ...


mais l'accueil chaleureux ...

et les paysages suffisamment diversifiés ...

pour réjouir l'oeil du voyageur. 




 

13 août 2021

Jérôme Loubry, Les Chiens de Detroit

 N'est-il pas étrange que deux écrivains différents, écrivent, à deux années de distance un roman sur Detroit où il est question de disparitions d'enfants ? 

J'avais bien aimé le roman de Thomas Reverdy, Il était une ville, qui pouvait, d'une certaine façon, faire penser au Joueur de flûte d'Hamelin. J'ai bien aimé aussi le roman de Jérôme Loubry, Les Chiens de Detroit qui reprend la légende du Géant de brume. Les deux romans sont construits comme des romans policiers : disparitions, tours et détours de l'enquête, flics paumés mais néanmoins performants, croisement des histoires etc... Mais je crois que j'ai surtout aimé l'implantation de l'intrigue dans cette ville en déréliction qui reste néanmoins fascinante. Une ville star, une ville icône du rêve américain qui mettait la fortune et la gloire à la portée de tous, qui a servi de refuges à tant de Noirs dont le Sud ne voulait pas, qui a un temps (presque) servi de modèle social et qui, crise après crise s'est littéralement effondrée jusqu'à la banqueroute.

11 août 2021

Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne : Hassan Shariff

Pas très disponible pour les deux artistes qui centrent leur travail sur la violence, passée ou actuelle, j'ai préféré m'intéresser à Hassan Sharif, ne serait-ce que parce qu'il n'est pas fréquent de voir les oeuvres d'un artiste emirati. 

L'exposition présentée au MAMCO de Saint-Etienne est rétrospective, ce qui permet de se faire une assez bonne idée de l'ensemble du travail de l'artiste et de son évolution.  L'oeuvre est plutôt conceptuelle, mais les amas d'objets de peu de valeur et de peu d'intérêt en eux-mêmes, accumulés pour dénoncer la consommation à marche forcée d'objets inutiles, m'ont amusée.


Objets sans valeur en efet,  en dehors de leur accumulation

Papiers, ficelles ...

Mais,  il peut arriver que, vues sous un certain angle, ces accumulations blanchâtres d'objets dérisoires fassent parfois penser à d'autres entassements, plus macabres. Ce ne sont pourtant que papiers noués...



07 août 2021

A l'abordage

L'Ile au trésor de Guillaume Brac était un documentaire. A l'abordage, son nouveau film, est une fiction. Mais il y a entre les deux un point commun : ce regard, à la fois empathique et ironique posé sur les jeunes, entre l'adolescence et l'âge adulte qui cherchent leur place dans la société et découvrent les codes amoureux. Il filme leurs élans, leurs audaces, mais aussi leurs doutes, leurs hésitations.

Il y a dans les aventures/mésaventures de Félix, Chérif et Edouard quelque chose qui tient du  marivaudage, et permet au film de se maintenir toujours  à la limite de la joie et de la tristesse, de l'enthousiasme et de la mélancolie. Les Caprices de l'amour dans un camping de Die ! Jolie réussite !


05 août 2021

Lilas des Indes

Lilas des Indes J'en ai planté un dans mon jardin, il y a deux ans déjà, mais avant qu'il ne fleurisse comme celui-ci, pourtant photographié à la va-vite, au coin d'une rue ... il faudra sans doute encore quelques années ! 



03 août 2021

Les Voleurs de chevaux

Dès les premières images, on est conquis. Parce que ces paysages qui s'étirent à l'infini, sont d'une beauté stupéfiante : la douceur des couleurs et cette limite parfois imperceptible entre entre le ciel et la terre, entre la terre et l'eau... et puis l'espace... ce qui nous manque le plus depuis trop longtemps et qui nous donne immédiatement envie de partir pour le Kazaksthan, la Mongolie ou n'importe quel autre pays d'Asie centrale. 

Yerlan Nurmukhambetov, le réalisateur réussit, à travers une intrigue très simple à faire de son film à la fois un western et un film intimiste.

Bien sûr il y a la vie quotidienne de ces éleveurs de chevaux observée avec la finesse non pas d'un ethnologue mais de celui qui sait, parce que la vie de ces gens-là, il l'a partagée. Mais sans l'histoire des chevaux volés, de la mort de leur propriétaire et de ce mystérieux cavalier venu de nulle part qui part à la poursuite des vilains, le film tiendrait plus du documentaire que du film de fiction. Un western donc. 

 

Pourtant,  au coeur du film, il y a surtout un gamin, Olzhas, son regard sur le monde qui l'entoure, sur le monde des adultes qu'il observe souvent à travers une vitre, derrière un rideau, un monde qu'il ne comprend pas toujours; il y a aussi ses rêves, d'une mère qui sourirait, d'un père qui l'aiderait à découvrir ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Rien dans le film de Yerlan Nurmukhambetov n'est vraiment explicite, tout est sous-entendu et c'est au spectateur de deviner, de sentir surtout, pour comprendre ce qui se joue entre l'enfant et les autres.

 

Certains diront que Les voleurs de chevaux est un film parfaitement formaté pour les festivals européens et qu'il ne reflète sans doute pas la production cinématographique du pays. Sans doute. Mais c'est un film surprenant, touchant, magnifique et c'est tout ce qui importe.